1- Tu ne prieras pas
Après mûre réflexion et une longue expérience des hauts et des bas, il semble bien que le point cardinal de l’échec spirituel soit celui-ci : c’est la première clé pour bien réussir à échouer !
Ne pas prier ou alors … ou alors … ne prier que quand on a envie : tous ceux qui pensent servir sur cette base émotionnelle sont déjà dans le couloir de la mort spirituelle. S’ils ne changent pas leur manière de vivre, ils finiront par s’éteindre comme une bougie.
«Exerce-toi à la piété» (1 Timothée 4/7): car beaucoup de croyants glissent dans l’apparence de la piété, en reniant donc ce qui en fait la force, c’est à dire une réalité de prière solidement ancrée. «En tout lieu, je veux que les hommes élèvent des mains saintes (1 Timothée 2/7) … priez sans cesse (1 Thessaloniciens 5/17) »… Se contenter de penser à Dieu, se dire qu’on priera, oui, mais plus tard — et finalement ne pas prier — est le signe que nous nous appuyons sur nous-même et sur la sphère émotionnelle pour vivre notre vie de disciples. Nous n’avons pas encore compris notre réel niveau de dépendance de Christ[1] (qui est bien plus élévé que nous le pensons).
«Priez en tout temps»[2]. Prenez conscience de votre stature spirituelle de sacrificateur[3] et les choses changeront. «C’est vous qui avez été choisis pour vous tenir devant Dieu et pour apporter les parfums» (2 Chr. 29/11). Ne pas prier est une forme de suicide spirituel à moyen terme. On doit chercher le réveil : le sien, celui de sa famille, de son église, de son pays.
- La Bible tu délaisseras
C’est le meilleur moyen pour rester captif des ténèbres de l’ignorance spirituelle : « Mon peuple périt faute de connaissance [vivante]». Périr, ça veut dire mourir. On peut être mort et fréquenter une église et chanter des cantiques : « Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort» (Apoc. 3/1). On entend souvent dire “il faut lire la Bible … bla, bla” et on pense que c’est juste un des attributs d’une bonne vie religieuse, mais c’est bien autre chose : ne pas entretenir avec la Bible une relation suivie est une autre forme de suicide spirituel. La Bible contient la connaissance de la volonté de Dieu. Sans elle, l’homme est livré à ses idées religieuses, à ses penchants charnels. L’esprit de l’homme est une lampe[4], et l’huile de la lampe, c’est la révélation de Dieu[5]. Vous êtes la lumière du monde[6] si votre lampe est allumée[7]. Sans cette lumière, même ton cœur sera enténébré[8]. «Soyez remplis de l’Esprit»[9].
- La nourriture solide tu négligeras
« Ma nourriture (ma viande), disait Jésus, c’est de faire la volonté de Dieu » (Jean 4/32). Quelle est cette nourriture solide ? C’est une connaissance vivante, une expérimentation personnelle, une mise en pratique de la volonté de Dieu pour nous, et pas seulement une compréhension intellectuelle, ou une accumulation de savoirs. «La foi, sans les œuvres est morte, [sans la mise en œuvre des principes de la foi]» (Jacques 2/18) : nos prières sont alors de mornes litanies et notre témoignage demeure figé dans la timidité. On se nourrit de cette nourriture solide en obéissant et en agissant. L’inaction, l’attentisme, c’est le meilleur moyen de rester faible et de demeurer dans la stérilité religieuse : « La nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal» (Hébreux 5/14).
4. Tu te tiendras loin de la croix
«Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde!» (Galates 6/14). La croix nous sépare du monde et de l’esprit du monde. Sans la croix, le monde déborde dans le camp des saints, à commencer par notre propre tente.
Le catalogue des plaisirs religieux s’élargit chaque année, et les activités les plus populaires de l’église sont souvent musicales, théatrales, ludiques. L’église devient une amicale, ce qui correspond aux besoins sociaux du moment, parce qu’on veut que les gens soient bien dans l’église. Mais tout ça est assez éloigné du dessein originel, de faire des disciples. Dans bien des endroits, les temps de messages représentent moitié moins que les temps de louange, tandis que les réunions de prière peinent à mobiliser les chrétiens. C’est un signe de la recherche du plaisir dans le religieux (2 Timothée 3/4). Jésus a effectivement chanté, et il s’est réjoui dans des fêtes, mais il a passé également beaucoup de temps seul sur les montagnes, dans une pratique de la présence de Dieu qui le retranchait du reste. Il aurait sans doute pu consacrer chaque instant de son ministère à guérir des gens, à être dans l’action continuelle pleine de fruit, mais il a aussi cherché à “perdre du temps” dans l’apparente improductivité de la communion solitaire avec Dieu. Si nous voulons trouver l’endroit où on revit, il nous faut trouver l’endroit où on meurt; concrètement, il s’agit de vivre une séparation intérieure qui changera notre positionnement extérieur vis-à-vis des choses qui font la guerre à l’âme (1 Pierre 2/11) et qui tyrannisent nos contemporains.
On peut penser être prêt à accepter la croix, sans la prendre jamais. On attend que Dieu la charge sur nos épaules, mais Il ne le fera pas. C’est à nous de prendre la croix, et d’accepter son ministère dans notre vie : ce qu’elle retranche et ce qu’elle produit. L’aspiration à un christianisme sans croix a toujours existé, mais cet état de fait se développe à la fin des temps, comme l’attestent nombre de prophéties[10].
- La croix, mais pas chaque jour[11]
«Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive» (Luc 9/23).
La croix quotidienne a été pour Jésus le moyen de traiter la partie terrestre de sa vie, pour donner la première place à Dieu Son Père. Et nous sommes appelés à marcher comme il a marché : «Celui qui dit qu’il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché lui-même» (1 Jean 2/6). La croix, c’est le lieu de croisement de la volonté de Dieu et de ma volonté propre. Prendre sa croix, c’est entrer dans une soumission librement consentie à Sa volonté sur ma vie. C’est une expérience avec des hauts et des bas, des échecs et des victoires, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la victoire pour Dieu.
La croix quotidienne c’est le seul moyen de ne pas porter la marque du monde[12], c’est la clé qui permettra à la vie véritable de s’exprimer en nous sans discontinuité : « Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous » (2 Corinthiens 4/11, 12). La sanctification sans la croix, c’est le perfectionnisme.
L’évangile moderne a progressivement écarté la croix et ses principes, pour devenir l’évangile du mieux-être qui ne peut sauver personne, mais qui peut procurer, comme son nom l’indique, un léger mieux temporaire à des consommateurs en mal d’expériences. L’évangile ancien sanctionne le péché et toute vaine manière de vivre : il condamne le pécheur, le déclare perdu, pour lui présenter le salut, le pardon et la réconciliation par Jésus-Christ. Car on ne peut sauver que ce qui est perdu. Partout où l’évangile est prêché sans la perdition, mais seulement pour l’amélioration d’une vie meilleure, Jésus-Christ ne sert à rien, il n’est d’aucune utilité. Il n’avait pas besoin d’être crucifié.
- Tu ne t’attacheras pas au corps de Christ
Celui qui se tient à l’écart ne cherche souvent inconsciemment que ce qui lui plaît (Proverbes 18/1). Bien sûr il existe toujours des personnes qui sont des exceptions, mais globalement, nous pouvons dire que c’est une erreur de ne pas être attaché au Corps, car nous sommes membres les uns des autres (Romains 12/5 et 1 Corinthiens 12/25). Et le lien qui uni les membres au Corps, c’est la Vie de Christ (pas la religion). Celui qui a la Vie aimera ses frères (1 Jean 4/12 et 4/20[13]). C’est par l’amour que nous avons les uns pour les autres que nous sommes reconnus, non pas seulement par les miracles[14]. Les miracles peuvent être conçus sans l’Esprit de Christ, comme Jacques et Jean qui voulaient commander au feu du ciel de consumer les samaritains (Luc 9/55).
Le raisonnement qui consiste à chercher l’église parfaite (et donc, ne la trouvant pas, qui consiste à se mettre à part) se veut + spirituel mais il est en fait strictement religieux. Considérer que les relations fraternelles devraient être faciles revient à penser que l’amour n’est pas un choix, mais se détermine par le plaisir. C’est évidemment faux. Car Dieu Lui-Même a choisi de nous aimer en dépit du fait que nous avons choisi la désobéissance et rejeté sa royauté. La notion de l’amour qui est fondée sur le plaisir est un signe d’immaturité profonde. Nous devons nous aimer et pour cela, nous devons décider de nous aimer malgré ce que nous sommes, c’est-à-dire congénitalement imparfait et inévitablement décevants. Mais si nous aimons seulement ce qui est aimable, que faisons-nous de mieux que le monde (Luc 6/32[15])? En réalité, ce serait là un amour naturel, une forme d’humanisme aux valeurs supérieures.
7- Ton adversaire tu sous-estimeras
La plus grande ruse du diable, est, dit-on, de faire douter de son existence. On pourrait ajouter “de faire douter de sa présence, de son attention, de son intention, de son action et de son pouvoir” ou encore tout simplement : de masquer son action. La Bible dit que «notre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer» (1 Pierre 5.8). Il est l’ange des ténèbres qui campe autour de ceux qui ne craignent pas l’Éternel[16]. Nous ne devons pas voir le diable partout, et lui attribuer tous les méfaits, mais nous ne devons pas le voir nulle part non plus, «car nous n’ignorons pas ses desseins»[17], qui sont de nuire aux enfants de Dieu, afin de gêner leur marche, de détruire leur énergie spirituelle, d’obstruer leurs puits, d’empêcher leur obéissance parce qu’ils sont en mouvement (à l’appel de Christ) pour reprendre ce qui a été volé et usurpé. Ils en ont désormais le droit[18], s’ils ne craignent pas pour leur confort, leur sécurité, ou leur existence.
Dans l’ombre de leur ignorance et dans l’angle mort de leur foi, l’ennemi agira : il a reçu le pouvoir de faire la guerre aux saints de tous les âges, et de les vaincre (Apocalypse 13/7), s’ils ne lui résistent pas d’une foi ferme[19]. Le sous-estimer, c’est comme fermer les yeux tandis qu’il agit[20].
- Ton talent tu enterreras
Enterrer son talent, c’est choisir délibérement de ne pas servir Dieu alors qu’on pourrait le faire. C’est refuser d’apporter ses cinq pains et ses deux poissons pour que Jésus puisse nourrir la foule — parce que nous pensons que les ressources sont ridicules face aux besoins, ce qui est le signe que nous comptons sur nous-mêmes pour réussir et pas sur Dieu.
Enterrer son talent, c’est choisir de travailler à la construction de sa propre maison tandis que la maison de Dieu est dévastée et a besoin d’être restaurée (Aggée 1/4).
Enterrer son talent, c’est ne pas faire ce qu’il faut pour que notre foi se développe «la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend de la Parole de Dieu» (Romains 10/17).
Enterrer son talent, c’est laisser s’éteindre la flamme de l’Esprit (1 Thes. 5/19), «c’est pourquoi je t’exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains». (2 Timothée 1/6).
- La délivrance tu ne rechercheras pas
Accepter les chaînes, se résigner de son état, c’est entretenir une mentalité d’esclave. S’accomoder des liens, de la privation de la liberté, c’est vivre délibérément dans l’ignorance de l’œuvre de libération de l’Esprit, par le sang de Christ. Tolérer le péché, justifier les attitudes et habitudes qui en découlent consiste à s’installer dans un déni, c’est-à-dire dans une forme de mensonge. Or c’est pour la liberté que Christ nous a appelés[21] : Il a donné Sa vie pour que nous soyons affranchis, Il est venu pour délivrer les captifs et renvoyer libres les opprimés (Luc 4/18). Ne pas désirer que Son règne vienne dans notre vie, ne pas le chercher, ne pas combattre pour la délivrance, est inconcevable : «Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus» (Matthieu 6/33).
Toute chaîne, toute addiction, toute idolâtrie[22] DEVRAIT être combattue et vaincue par le sang de l’Agneau[23]. Le sacrifice de Christ a rendu possible la victoire, à condition que nous acceptions l’engagement du combat, et que nous sortions de l’attentisme, ou d’une vision tronquée de la vie chrétienne. Dieu attend des vainqueurs, et pour être vainqueur, il faut accepter l’affrontement. Sans lutte, aucune victoire possible.
Liste non exaustive : merci aux lecteurs et contributeurs de compléter !
Notes et références
[1] Jean 15/5 : «Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire».
[2] Luc 21/36 : «Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l’homme » et Ephésiens 6/18 : « Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints ».
[3] 1 Pierre 2/5 : «et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ».
[4] Proverbes 20/27 : «L’esprit de l’homme est une lampe de l’Eternel; il sonde toutes les profondeurs du coeur.»
[5] Matthieu 25/1 à 13
[6] Matthieu 5/14
[7] Luc 12/35 : «Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées.»
[8] Matthieu 6/23 : «mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres!»
[9] Ephésiens 5/18
[10] Matthieu 24 et 2 Timothée 3/1 : «Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Eloigne-toi de ces hommes-là».
[11] Luc 9/23 : «Puis il dit à tous: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive».
[12] Galates 6/14 : «Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde!»
[13] 1 jean 4/12 et 20 : «Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas? …si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous.»
[14] Jean 13/35 : «A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.»
[15] Luc 6/32 : «Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment.»
[16] Parodie du Psaume 34/7
[17] 2 Corinthiens 2/11
[18] Jean 1/12 : «Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être* enfants de Dieu, [savoir] à ceux qui croient en son nom»
[19] 1 Pierre 5/9 : «Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde».
[20] Jacques 4/7 : «Soumettez-vous donc à Dieu. Résistez au diable, et il s’enfuira de vous»
[21] Galates 5/1 : «C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude.»
[22] Esaïe 30/22 : «Et vous souillerez le plaqué d’argent de tes images taillées et le revêtement d’or de tes images de fonte ; tu les jetteras loin comme un linge impur : Dehors ! lui diras-tu.»
[23] Apocalypse 12/11 : «Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort»
4 comments On 2017 : comment bien rater son année ou : les 9 commandements de l’échec spirituel
Merci Jérôme pour cet article édifiant.
Je médite actuellement sur le dixième (anti)commandement…^^
Salutations fraternelles.
J’ai une réserve sur une affirmation au point 4: « l’église devient une amicale ».
Mon expérience sur 36 ans m’a montré que l’église est tout sauf une amicale. On devrait même commencer par là au lieu de faire des plans pour évangéliser (sans prendre le temps de connaitre les personnes), agrandir le bâtiment, s’écharper sur la louange,…
Je cherche des amis chrétiens, désespérément !
Merci Marc …
Il y a des attentes vis-à-vis de l’église, qui sont de différentes natures. Aujourd’hui, celle de l’amicale est très forte, parce que nous vivons dans une société fragmentée, qui repose (pour faire court) sur une individualisation exacerbée. Voir les définitions du post-modernisme.
On y sur-communique, mais il y demeure une solitude énorme parce que la qualité relationnelle est pauvre, superficielle. On a des centaines “d’amis”, mais ils sont prêts à nous lapider pour une faute d’orthographe, ou une parole malheureuse. Le besoin est donc là, et on serait en droit d’attendre de l’église d’y trouver une vraie authenticité relationnelle. Je pense qu’en période de persécution, l’église devient vraiment un corps.
Dans l’intervalle, le seul moyen de trouver un niveau relationnel vrai, c’est d’aller jusqu’à l’amitié, comme tu le dis. Il faut que les gens acceptent de dépasser le cadre de la fréquentation autour d’un intérêt commun : «c’est le temps que tu as passé avec ta rose, qui fait ta rose si importante» dit le renard au Petit Prince. L’amitié est le fruit d’une alchimie dont le désintéressement est un ingrédient majeur, et dont le temps est un ingrédient essentiel. Or c’est justement à cet endroit (le temps) que nous sommes tous très éprouvés, pour ne pas dire persécutés.
Dans ma conception de l’église, je ne place pas la valeur de l’amicale en premier (ce qui ne signifie pas qu’elle est sans importance). Pour moi l’église c’est d’abord le lieu de la séparation de la lumière et des ténèbres. L’un n’empêche pas l’autre ? Parfois, si. L’église c’est un endroit où on trouve Dieu, où on écoute Dieu, où on vient parler à Dieu, où on vient relationner avec Dieu. Un endroit où, inlassablement, on trouve et on retrouve la vérité, la drachme perdue. Chacun étant un instrument potentiel de la vérité. Bien sûr que les relations sont importantes, et Dieu nous en donne. Pas beaucoup, c’est vrai, mais le peu que Dieu nous donne a une valeur plus grande que ce que nous pensons.
Mais je crains qu’on doive accepter que l’église soit, sur le plan humain, un instrument de déception (aussi). Et il faut bien reconnaître que c’est le seul domaine où l’église sait performer.
Mais voilà, c’est vraiment je crois une sorte de ministère caché de l’église : c’est un endroit de déception. Parce qu’il est malheureusement nécessaire que les autres nous déçoivent, que la religion nous déçoive, que les serviteurs de Dieu nous déçoivent, que le système nous déçoive, que le Dieu de notre théologie personnelle nous déçoive, et il faut surtout que nous parvenions à la déception de nous même … ça fait partie de l’école des disciples, et c’est une chose que Dieu permet afin que nous en venions à vouloir ne dépendre que de Lui. Qu’il finisse par apparaître comme le seul recours, le seul espoir, le seul appui.
Je pense que tout ça participe au processus de la conversion !
« Vous n’ avez pas ce que vous désirez parce que vous ne demandez pas »Jacques4:2
« Demandez,et vous recevrez;cherchez et vous trouverez;frappez,et l’ on vous ouvrira »Matthieu7:7