L’onction et l’esprit de l’antichrist, par Bill Johnson

Extraits du livre de Bill Johnson «Quand le ciel envahit la terre», Chapitre 7, assortis de commentaires du Sarment.

 

Christ n’est pas le nom de famille de Jésus. Le mot Christ signifie «Oint» ou «Messie». C’est un titre qui parle d’une expérience. Il ne suffisait pas, en effet, que Jésus descende du ciel sur la terre avec un titre. Il fallait aussi qu’il reçoive l’onction, lors d’une expérience, pour qu’il accomplisse ce que le Père désirait.

Le verbe “oindre” signifie “enduire”. Le Saint-Esprit est l’huile de Dieu dont Jésus a été enduit lors de son baptême d’eau[1]. Le nom Jésus-Christ veut dire que Jésus est celui qui a été enduit du Saint-Esprit.

Jésus a vécu sur terre avec les limitations imposées à l’homme. Il a mis sa divinité de côté et cherché à accomplir la tâche qui lui avait été confiée par son Père. Cette tâche consistait à vivre une vie d’homme sans pécher, et mourir ensuite à la place de l’humanité pécheresse. Cela revêtait une importance essentielle dans le plan divin de rédemption de l’humanité. Le sacrifice qui devait expier le péché devait être celui d’un Agneau (animal faible) et il devait être sans tache (sans péché).

Commentaire du Sarment : Bill Johnson affirme que Jésus est devenu Messie à partir du moment où il a été oint (de la puissance du Saint-Esprit), lors de son baptême : « il fallait qu’il reçoive l’onction, lors d’une expérience, pour qu’il accomplisse ce que le Père désirait ». Plus loin dans ce chapitre, l’auteur dit : « Cette tâche consistait à vivre une vie d’homme sans pécher, et mourir ensuite à la place de l’humanité pécheresse ». Jésus a vécu une vie parfaite dès avant l’onction reçue à son baptême. L’épître aux Hébreux nous dit qu’« il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché» (Hébreux 4/15). Durant toute la période qui a précédé son onction, Jésus était oint, et ce depuis sa conception. Dans plusieurs passages de ce livre, Bill Johnson se livre à une analyse du ministère de Jésus qui est réductrice, et parfois simpliste.

D’une certaine manière, nous ne devrions pas nous contenter du mot «onction» pour définir la clé du ministère de Jésus (comme le fait Bill Johnson d’une manière appuyée, parce qu’il a besoin de justifier son propre fonctionnement et celui du christianisme hyper-charismatique qu’il représente) mais nous devrions tout simplement dire, comme Jésus l’a fait, que le Père était en lui. C’est également de cette manière que les apôtres présentaient les choses, et non par «l’onction» : «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-Même» (2 Cor. 5/19).

Il existe cependant un autre esprit qui s’efforce depuis toujours de tendre des embuscades à l’Église. C’est cette puissance dont l’apôtre Jean parle, quand il dit : «Voici qu’il y a maintenant plusieurs antichrists»[2]. La nature de l’esprit de l’antichrist est contenue dans son nom même : anti signifie “contre” et Christ : “celui qui est oint”.

L’onction que Jésus a reçue représente l’équipement nécessaire, qui lui a été donné par le Père pour lui permettre de vivre une vie qui aille au-delà des limites de l’homme. Il devait, en effet, non seulement racheter l’homme mais également révéler le Père. En agissant ainsi, il devait dévoiler le royaume du Père appelé « ciel ». Cela signifiait entre autres qu’il devait accomplir des actes surnaturels. L’onction, c’est ce qui liait Jésus, l’homme, à Dieu, le rendant capable de détruire les œuvres du diable. Ces moyens miraculeux ont permis de mettre en marche une chose dont les hommes pourraient hériter une fois rachetés. Le ciel — le royaume surnaturel — devait devenir le pain quotidien des hommes.

Son existence « au présent », Jésus l’a définie quand il a dit : « le royaume des cieux est proche ». Ce qui signifie que le ciel n’est pas seulement notre destination finale, mais également une réalité présente, à portée de la main.

Les caractéristiques de l’onction

Pour accomplir sa mission, Jésus avait besoin du Saint Esprit. Cette mission, avec tous ses objectifs, consistait à accomplir l’œuvre du Père[3]. Si le fils de Dieu dépendait à ce point de l’onction, son comportement devrait rendre encore plus évident notre besoin de la présence du Saint Esprit pour accomplir la tâche que Dieu nous a confiée. Nous discuterons cette question plus en détails dans un prochain chapitre. Dès à présent, il est important que nous comprenions que nous devons être revêtus du Saint Esprit pour exercer un ministère surnaturel.

Commentaire du Sarment : le point cardinal de la critique qui peut être faite à la théologie de Bill Johnson, c’est qu’il fait du Saint-Esprit (ou de l’onction) un moyen : « Jésus avait besoin du Saint-Esprit … nous devons être revêtus du Saint-Esprit pour exercer un ministère surnaturel ». N’est-ce pas plutôt l’homme qui est le moyen ? Il y a danger à considérer que le Saint -Esprit est un moyen, car alors c’est l’homme qui est au centre, et qui instrumentalise. Le Saint-Esprit n’est pas une force, c’est le Seigneur lui-même : il est appelé tantôt «l’Esprit de Dieu» (1 Cor. 3/16, 6/19) ou «l’Esprit de Christ» (Rom. 8/9, Gal. 4/6, Phil. 1/19)..

 

Dans l’Ancien Testament, c’est l’onction qui rendait le prêtre apte au ministère sacerdotal[4]. L’exemple de Jésus nous montre qu’il en est de même dans le Nouveau Testament : l’onction produit des résultats surnaturels.

Cettte onction est ce qui a rendu Jésus capable de ne faire que ce qu’il voyait son Père à faire, et de ne dire que ce qu’il entendait son Père dire. C’était le Saint Esprit qui révélait le Père à Jésus.

Il semblerait qu’avec toute la signification attachée au nom « Jésus », toute personne qui essayerait de miner son œuvre de rédemption pourrait être appelée « anti Jésus », et non « anti Christ« .

Les religions reconnaissent elle-même l’homme Jésus. Elle le considèrent au moins comme un maître ou un prophète, et peut-être comme « un » fils de Dieu. Cette  horrible erreur nous permet de comprendre pourquoi le mot « anti Christ » a été donnée à l’esprit d’opposition. Les esprits de l’enfer sont en guerre contre l’onction, car, sans elle, l’humanité ne représente pas la moindre menace à leur domination.

L’intérêt porté par Jésus à l’humanité a été loué et son humilité révérée, mais c’est son onction qui a libéré le surnaturel. C’est l’invasion surnaturelle de Dieu qu’on rejetée en réalité les chefs religieux. Cette onction est en réalité la personne du Saint Esprit qui descend sur quelqu’un pour l’équiper à fin qu’il accomplisse des tâches surnaturelles. Le Saint Esprit est tellement révéré, au sein de la Trinité, que Jésus a dit : «Quiconque parlera contre le fils de l’homme, il lui sera pardonné, mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui lui sera pas pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir[5]».

Commentaire du Sarment : En assimilant l’esprit antichrist à une opposition au déploiement du surnaturel, Bill Johnson cherche ici à réduire la critique chrétienne américaine (mais pas seulement) à son endroit, qui l’accuse de pratiques spirites dans sa recherche effrénée de surnaturel. Il utilise le concept de l’esprit anti-christ afin de faire peser une menace sur ses opposants. Cette manœuvre échappera sans doute au lecteur francophone non-averti des rapports de forces qui opposent les partisans et les adversaire du mouvement de «la Nouvelle Réforme Apostolique» (NRA en anglais), ainsi qu’à ceux qui n’ont pas sondé la théologie de ce mouvement.

L’ utilisation (l’instrumentalisation) du concept de l’esprit antichrist est ici abusive, pour plusieurs raisons.

Premièrement parce que Bill Johnson réduit l’action de l’esprit antichrist à une opposition au surnaturel, alors qu’il s’agit en réalité d’une contestation de la divinité de Jésus, et de sa légitimité de Seigneur de tout, ce qui dépasse largement le cadre de l’opposition aux signes et miracles.

Deuxièmement parce que la référence au blasphème contre le Saint-Esprit, (citation de Matthieu 12/32), est exprimée par Jésus en réponse à une prise de position des pharisiens, qui attribuent les œuvres de Dieu au diable, en pleine connaissance de cause, et par calcul : «Celui-ci ne chasse les démons que par Belzebul» (Mat. 12/24). L’avertissement de Jésus s’adresse donc à tout une corporation, qui exerce une grande influence sur le peuple, car ceux qui la composent sont des commentateurs de la Thora, maîtres en exégèse vivant suivant des règles de pureté imposées aux prêtres. Cet aspect est très important dans le blasphème contre le Saint-Esprit, qui revêt son statut exceptionnel de péché impardonnable à cause de la dimension de l’enseignement. Il ne s’agit pas simplement d’une erreur de jugement (qui peut être tout simplement le fruit de l’ignorance), ce qui peut arriver à n’importe qui.

Le ministère de puissance

C’est parce que Jésus exerçait son ministère dans la puissance du Saint Esprit que les gens quittaient tout pour le suivre. Ils étaient comme attirés par le surnaturel qui s’exprimait en paroles est en actes. Les paroles de Jésus touchaient le cœur des hommes, tandis que ses œuvres révélaient le cœur du Père. L’onction du Saint Esprit changeait pour toujours la vie des humbles. Mais c’est également parce que Jésus exerçait son ministère dans la puissance du Saint Esprit que les orgueilleux se sentaient offensés et qu’il finit sur la croix. Le même soleil qu’il fait fondre la glace fait durcir l’argile. De même, une même action de Dieu peut produire des réactions complètement différentes. Tout dépend de l’état des cœurs des gens. Dieu est notre Père, et nous héritons de lui un certain code génétique. Chaque enfant de Dieu a en lui une ADN spirituelle qui lui donne un désir du surnaturel. Il s’agit de notre sens prédéterminé de notre destinée. Cette passion qui est née en Dieu se dissipe quand l’enseignement que nous avons reçu et notre manière de raisonner la font disparaître, ou bien quand elle n’est pas entretenue, ou encore enterrée sous la déception[6].

L’esprit de l’antichrist est à l’œuvre aujourd’hui. Il cherche à influencer les croyants pour qu’ils rejettent tout ce qu’il y a un rapport quelconque avec l’onction du Saint Esprit. Ce rejet peut prendre diverses formes religieuses mais à la base, cela se réduit à ceci : nous rejetons ce que nous ne pouvons pas contrôler.

Commentaire du Sarment : Il est exact qu’il existe toujours des personnes (comme les pharisiens du temps de Jésus) qui sont gênées par la dimension surnaturelle qui s’exprime, en dépit du fait qu’elle fasse du Bien à tous. Ici encore, Bill Johnson entend catégoriser les opposants de son mouvement — dont la politique est de ne rien contrôler, et de laisser toutes sortes de manifestations surnaturelles s’exprimer. L’association du vocable « antichrist » à ceux qui sont opposés aux manifestations hyper-charismatiques est clairement une démarche de diabolisation des opposants à ce que Bill Johnson appelle «l’onction» et qui est le socle de son ministère et de son œuvre.

Cet esprit s’efforce de réduire l’Évangile à un message purement intellectuel, plutôt qu’à une rencontre surnaturelle avec Dieu. Il tolère que l’on parle de puissance, à condition que ce soit au passé. À l’occasion, il tolère que la puissance puisse concerner les gens qui se trouvent au loin. Mais il ne s’attend jamais à ce que l’onction puissante de Dieu soit disponible ici et maintenant.

L’esprit de contrôle œuvre à l’encontre de l’élément que Dieu préfère en l’homme : la foi. La confiance est mal placée quand elle s’ancre dans la capacité de l’homme à raisonner.

C’est l’esprit de l’antichrist qui a donné naissance aux esprits religieux. L’esprit religieux est une présence démoniaque qui nous pousse à nous laisser diriger par notre propre intellect plutôt que par l’Esprit de Dieu. Être conduit par l’Esprit, c’est une rencontre permanente avec Dieu. La religion idolâtre les concepts et évite l’expérience personnelle. Elle cherche à nous faire adorer des réalisations passées aux dépens de l’activité présente de Dieu dans notre vie. Cet esprit se nourrit souvent des résidus des réveils du passé. Sa tactique préférée consiste à sculpter dans la pierre une idéologie tirée des mouvements spirituels passés. Elle valorise par exemple les larmes et méprise les rires. Cela fait penser à l’idolâtrie, n’est-ce pas ?

Tout ce qui prend la place de la dépendance du Saint-Esprit et de son action puissante peut être relié à l’esprit d’opposition.

Commentaire du Sarment : «La religion … des espris religieux … valorise les larmes et méprise les rires» : quelle honte d’écrire de telles phrases ! Un enseignant de la Parole de Dieu comme Bill Johnson ne devrait pas ignorer que les Écritures, dans l’apologie de la Sagesse (dont il fait une présentation très personnelle dans son livre «Rêver avec Dieu»), préconisent de préférer la maison du deuil plutôt que la maison du rire (Ecc. 7/2, 3 et 4). Même si on peut convenir que le christianisme, dans son histoire, a parfois surdéveloppé une approche culpabilisante et misérabiliste, voire morbide, ce n’est pas une raison pour adopter l’excès inverse, et demander aux chrétiens modernes de choisir le rire ! La référence à l’onction de Toronto, appelée aussi l’onction du rire dans l’Esprit, est claire. Pour Bill Johnson, il s’agit là de la voie du seul vrai Réveil que Dieu veut répandre partout sur la terre. Il est donc normal qu’à ses yeux, toute autre forme du christianisme soit obsolète.

 

Au-delà de la raison

Quand on suit l’onction (le Saint-Esprit), on ressemble à Israël qui suivait la nuée de la présence de Dieu dans le désert. Les Israélites n’avaient aucun contrôle sur cette nuée. Elle les conduisait, et ils la suivaient. Partout où elle allait, elle était accompagnée d’activités surnaturelles. S’ils s’éloignaient d’elle, les miracles qui les soutenaient disparaissaient.

Pouvez-vous imaginer ce qui serait arrivé si nos théologiens qui sont mûs par la crainte avaient été avec eux ? Ils auraient élaboré de nouvelles doctrines pour expliquer pourquoi le ministère surnaturel qui les avait fait sortir d’Égypte n’était plus nécessaire pour permettre leur entrée dans la Terre Promise. Après tout, ils disposaient maintenant des tables de pierre. Cependant, tout comme aujourd’hui, la vraie question qui doit être notre priorité, c’est celle de sa présence avec nous. Quand cela demeure intact, le surnaturel abonde, mais sans lui, nous sommes contraints d’inventer de nouvelles doctrines pour expliquer pourquoi nous nous trouvons bien comme nous sommes.

Pour rester dans le vocabulaire du Nouveau Testament, disons que le fait que nous sommes des gens qui mettent l’accent sur sa présence sous-entend que nous sommes disposés à vivre au-delà de la raison. Non par impulsion ou par folie, car elles constituent de bien pâles imitations de la vraie foi. Non. Le royaume qui se trouve au-delà de la raison, c’est celui de l’obéissance à Dieu. L’obéissance est l’expression de la foi, et la foi est notre billet d’entrée dans le règne de Dieu.

Commentaire du Sarment : Ici, l’obéissance à la vérité (dont la Bible représente depuis des siècles le cadre de compréhension, car il contient la théorie et les exemples de pratique) est changée en obéissance à l’onction, c’est-à-dire l’ouverture à toutes les manifestations, sans retenue. Cette attitude est évidemment dangereuse parce qu’elle force l’intelligence à démissionner, alors que la Bible préconise que le croyant doit grandir en discernement spirituel, en intelligence, et que le Saint-Esprit qui habite en lui est (aussi) une force de bon sens (2 Timothée 1/7).

D’une manière assez étrange, cet accent mis sur sa présence nous fait devenir comme le vent, qui dépeint lui aussi la nature du Saint-Esprit. Sa nature est puissance et justice, mais ses voies sont incontrôlables. Il est imprévisible.

En tant que leaders spirituels, nous sommes comme frappés à notre point faible. Dans la plupart des églises, très peu de ce qui est fait dépend du Saint-Esprit. S’il ne devait pas se montrer, la plupart d’entre elles n’en sentiraient pas l’absence. On attribue à Billy Graham cette déclaration : «Quatre-vingt quinze pour cent des activités des églises continueraient si le Saint-Esprit s’en allait. Dans l’Église du Nouveau Testament, quatre-vingt quinze pour cent des activités auraient cessé de suite si le Saint-Esprit s’en était allé». Je crois qu’il a raison. Nous planifions nos réunions et nous parlons de zèle. Nous faisons un planning annuel, et nous parlons de vision. Je n’oublierai jamais le dimanche où le Seigneur m’a informé que ce n’était pas mon culte, et que je n’allais pas faire ce que je voulais. (Le planning est biblique. Mais notre zèle et notre vision ne doivent jamais aller jusqu’à usurper l’autorité du Saint-Esprit. La seigneurie de Jésus se voit dans notre disposition à suivre la direction du Saint-Esprit. Il veut que son Église revienne à lui!) Mais comment pouvons-nous le suivre si nous ne reconnaissons pas sa présence ?

Plus sa présence se manifeste, plus les rencontres avec Dieu sont uniques. Bien que les expériences que nous faisons, quand nous le rencontrons, sont importantes, c’est après Dieu que nous aspirons.

 

Il savait qu’il nous mettait mal à l’aise

La plupart d’entre nous trouvent difficile de suivre la direction du Saint-Esprit parce qu’ils n’ont qu’une expérience limitée de lui. La plupart ne le connaissent que comme celui qui convainc de péché ou qui réconforte quand on est troublé.

Commentaire du Sarment : Si tout le monde chrétien vivait déjà pleinement ces deux vérités, ce serait déjà bien !

La vérité, c’est que nous ne sommes pas vraiment habitués à reconnaître la présence du Saint-Esprit. Nous sommes surtout habitués à une petite liste de manifestations acceptables, qui ont lieu parfois, quand il se manifeste, comme des larmes, ou une sensation de paix que nous avons quand nous entendons notre chant préféré. Mais peu nombreux sont ceux qui le reconnaissent en personne. Le pire, c’est que la plupart le rejettent sans le savoir, soit parce qu’il se montre d’une manière à laquelle nous ne sommes pas habitués, soit parce qu’il n’est pas venu comme par le passé. (pensez à l’arrogance avec laquelle on rejette automatiquement tout ce que l’on ne comprend pas ou ce que nous n’avons jamais reconnu comme faisant partie de l’Écriture. Ce qui implique que si Christ ne l’a pas fait ou ne nous l’a pas montré en premiers, il ne le ferait sans doute pas pour quelqu’un d’autre).

Commentaire du Sarment : «une petite liste de manifestations acceptables» induit qu’il existe des manifestations qui ne sont pas acceptables, mais que nous allons devoir accepter malgré tout, si nous voulons «l’onction» dont Bill Johnson fait l’apologie. «Pensez à l’arrogance avec laquelle on rejette … ce que nous n’avons jamais reconnu comme faisant partie des Écritures» : la mécanique du raisonnement associe l’obéissance aux Écritures avec de l’arrogance, ce qui pourrait nous amener à considérer que l’auteur est un faux docteur et un faux prophète. Et c’est bien ainsi qu’il est qualifié par ceux qui, dans le monde anglophone, ont sondé son message.

Même si rares sont ceux qui l’admettront, l’attitude de l’Église pendant ces dernières années pourrait se résumer ainsi : «Si je ne suis pas à l’aise avec une chose, cela ne peut pas venir de Dieu». Cette attitude a donné naissance à de nombreux chiens de garde auto-proclamés qui empoisonnent l’Église avec leurs propres craintes. La faim de Dieu produit la crainte de la tromperie. En quoi puis-je mettre davantage ma confiance : ma capacité à être trompé, ou sa capacité à me garder ? Et pourquoi croyez-vous qu’il nous a donné le Consolateur ? Parce qu’il savait très bien qu’en tout premier lieu, ses voies nous mettraient mal à l’aise.

Commentaire du Sarment : « Cette attitude a donné naissance à de nombreux chiens de garde auto-proclamés qui empoisonnent l’Église avec leurs propres craintes» : lmême s’il est exact que certaines personnes ne semblent pouvoir exister qu’au travers d’une critique systématique, la violence des termes choisis est révélatrice de l’intensité de l’opposition que le mouvement de Bill Johnson subit un peu partout. Cette violence s’ajoute au jugement “antichrist” sur ceux qui critiquent et s’opposent.

«Pourquoi croyez-vous qu’il nous a donné le Consolateur ? Parce qu’il savait très bien qu’en tout premier lieu, ses voies nous mettraient mal à l’aise» : cette justification de l’état de malaise qu’on peut ressentir face au déploiement de l’onction de Toronto ou de Bethel, plus proche de manifestations spirites, est assez faible, pour ne pas dire pitoyable. L’expérimentation de la Grâce surnaturelle de Dieu produit en nous la vie, la paix et la joie. Rien de tout ce que Dieu nous dit, nous montre ou nous donne, ne suscite en nous de malaise. Jamais.

 

Comment vous imaginez-vous l’équilibre ?

La crainte d’être trompés à ouvert la porte à un tragique mouvement, parmi les croyants. Ce mouvement affirme que, parce que nous avons la Bible, nous vivons dans un déséquilibre émotionnel et nous risquons d’être trompés, si nous recherchons une expérience avec Dieu que nous ne pouvons pas vraiment “sentir”. De telles craintes font que les chrétiens se polarisent. La crainte sépare et éloigne. Voici le tableau que peignent de nombreux chrétiens : dans un coin, on aperçoit les chrétiens qui ont l’air équilibré. Ils considèrent la Bible comme la Parole de Dieu. Dans l’autre coin, on aperçoit des gens émotionnellement déséquilibrés qui recherchent des expériences ésotériques et spirituelles avec Dieu. Est-ce une image vraiment biblique ? Jésus a fait une déclaration plutôt effrayante à propos de ceux qui opposent l’étude de la Bible et l’expérience : «Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi»[7].

Commentaire du Sarment : « La crainte d’être trompés à ouvert la porte à un tragique mouvement, parmi les croyants ». L’auteur confond peut-être la crainte du surnaturel incompréhensible, voire absurde, avec la prudence, recommandée par Jésus. Je ne connais personne qui nourrisse des craintes face à une guérison miraculeuse, ou une résurrection. En revanche, certaines manifestations attribuées à “l’onction” peuvent nous laisser perplexes, à juste titre !

L’avertissement de la prudence face au surnaturel (et même à l’égard du “divin”) vient de Dieu, par exemple en ce qui concerne le charisme de la prophétie (Mat. 7/15, 24/24). Les chrétiens de tous les âges sont avertis clairement qu’il se produira de faux signes et de faux prodiges. Donc, un enseignant qui chercherait à faire tomber toutes les barrières scripturaires qui constituent les anticorps de ces virus, serait un docteur criminel. Par définition, le surnaturel fait partie de la vie spirituelle d’un croyant, cela ne fait pas de doute. Mais pas n’importe quel surnaturel : il s’agit là d’une distinction qui vient du conseil de Dieu lui-même : «Éprouvez les esprits» (1 Jean 4/1). Or Bill Johnson s’emploie à proscrire cette attitude.

Si notre étude de la Bible ne nous conduit pas dans une relation plus profonde avec Dieu (c’est-à-dire une véritable rencontre), elle ne contribue alors qu’à accroître notre tendance à l’orgueil spirituel.

Commentaire du Sarment : Amen

Si nous augmentons notre connaissance de la Bible, c’est pour nous sentir bien dans notre position avec Dieu, et pour mieux nous équiper dans nos débats avec ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. Tout groupe de gens qui cherche à défendre une doctrine est porté à le faire sans faire d’expérience avec Dieu. Examinez un instant les implications possibles de cette pensée : Ceux qui apparaissent de prime abord comme étant sous contrôle, peuvent fort bien être dépourvus de tout contrôle, en tous cas de tout contrôle divin. Et tous ceux que l’on accuse de faire partie du «clubs du bénis-moi» à forte connotation émotionnelle peuvent donner un vrai témoignage de l’attouchement divin qui a changé leur vie pour toujours. Ils donnent alors une image plus biblique de l’équilibre.

Jésus n’a pas dit : «mes brebis connaîtront mon livre». C’est sa voix que nous devons connaître. Pourquoi cette distinction ? Parce que tout le monde peut connaître la Bible en tant que livre : le diable en personne connaît les saintes Écritures. Mais seul ceux dont la vie dépend de la personne du Saint Esprit sont en mesure de reconnaître régulièrement sa voix. Cela ne veut pas dire que la Bible n’a que peu ou pas d’importance. C’est plutôt l’opposé qui est vrai. La Bible est la parole de Dieu, et sa voix sera toujours confirmée par l’Écriture. Cette voix apporte son impact à ce qui est écrit. Nous devons étudier soigneusement les Écritures, en nous rappelant que c’est dans la mesure où nous le connaissons que les plus grandes vérités de l’Écriture seront comprises!

Commentaire du Sarment : «Jésus n’a pas dit : «mes brebis connaîtront mon livre». C’est sa voix que nous devons connaître» : cette déclaration provocante de Bill Johnson, bien que tempérée par la suite du paragraphe, marque les esprits, et subordonne les Écritures au surnaturel, ce qui entraînera malheureusement un déséquilibre plus grand, que l’inverse. Une multitude de générations de croyants et de saints ont appris à connaître la voix du Seigneur dans sa Parole, et nous pourrions même dire : uniquement par ce moyen, en expérimentant une relation quotidienne vivante, sans nécessairement cette dimension de «l’onction». C’est un fait. Et ces saints ne sont pas moindres que les autres. Cette “distinction” faite ici par l’auteur est en réalité un clair enseignement de la supériorité de l’expérience mystique sur les Écritures. Nous devons plaider pour un équilibre des deux, et nous dénonçons le déséquilibre qui naîtra fatalement de la mise en opposition.

Au cours de l’effusion contemporaine du Saint Esprit, Dieu s’occupe de ce besoin particulier. Si nous sommes saturés de sa présence, c’est pour que nous puissions apprendre à connaître sa voix. Il nous ouvre sa parole, et nous devenons plus dépendants de lui. Les croyants tournent de nouveau leur attention vers le plus grand don qui ait jamais été reçu : Dieu en personne. Si l’on parle de l’onction comme d’une chose ou d’une réalité, il serait juste de parler d’elle comme du Saint Esprit.

Ayant reçu de nouveau le pouvoir sur son peuple, le Saint Esprit œuvre au rétablissement d’un paramètre plus biblique pour la vie chrétienne.

Ce changement effrayant a lieu pour le bien de tous. Nous pouvons et devons connaître le Dieu de la Bible par l’expérience.

Commentaire du Sarment : Amen

L’apôtre Paul parle, à ce propos, de « connaître l’amour du Christ qui surpasse (toute) connaissance, en sorte que nous soyons rempli de toute la plénitude de Dieu »[8]. Savez-vous ce qui surpasse la connaissance c’est sa promesse. Examinez le résultat : « que nous soyons rempli de toute la plénitude de Dieu ». Quelle récompense ! Jésus l’exprime ainsi : « celui qui m’aime sera aimé de mon Père, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. »[9]

 

Le but de l’esprit de l’antichrist

L’esprit de l’antichrist a un but pour l’Église : étreindre Jésus en dehors de l’onction. Sans l’onction, il devient un personnage religieux et sans risque qui, à coup sûr, ne nous défiera ni ne nous offensera. Paul a parlé ainsi de cette possible tromperie : «ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la puissance. Éloigne-toi de ces hommes-là».[10]

Comment les gens qui aiment Dieu peuvent-ils être offensés par le Saint-Esprit ?

  1. Il bouge comme le vent sans que nous puissions le contrôler.[11]
  2. Ses pensées sont très différentes des nôtres. L’Écriture dit que notre logique et la sienne sont tout simplement différentes, et même opposées l’une à l’autre[12]. Soyons honnêtes … elles se situent à des mondes de distance !
  3. Il refuse d’être limité par notre compréhension de sa parole.

Chaque fois que nous suivons la direction du Saint-Esprit, nous jetons un camouflet à l’esprit de l’antichrist. Si la folie de certaines personnes qui prétendent être conduites par l’Esprit a rendu plus difficile cette aventure, nous sommes cependant assurés du succès si cela constitue notre désir et notre passion. Il ne donnera pas une pierre à celui qui lui demande du pain.

Commentaire du Sarment : «L’esprit de l’antichrist a un but pour l’Église : étreindre Jésus en dehors de l’onction» : un peu réducteur, comme définition ! On peut néanmoins admettre que ce soit le cas dans certaines dénominations.

«Ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la puissance. Éloigne-toi de ces hommes-là» : ce verset est mis ici au service de l’apologie de la dimension surnaturelle (signes, manifestations) dans la vie du chrétien. Mais la puissance de la piété ne peut pas se réduire à cette vision, car elle englobe beaucoup plus de choses, parfois moins visibles : la paix surnaturelle du cœur, la joie, l’amour, une relation vivante avec le Seigneur, une prière intense, un service fidèle et loyal, etc.

On peut penser ici que Paul dénonce plutôt un christianisme des apparences, charnel, matérialiste, noyauté par la mentalité du monde.

«Si la folie de certaines personnes qui prétendent être conduites par l’Esprit a rendu plus difficile cette aventure, nous sommes cependant assurés du succès si cela constitue notre désir et notre passion» : Ah enfin ! Une reconnaissance — du bout des lèvres — des excès de certains leaders hypercharismatiques qui entraînent des églises entières dans des formes mystiques plus proches du spiritisme que du christianisme. Il est dommage que Bill Jonhson ne nous aide pas à y voir plus clair sur «la folie» de «certaines personnes» : cela apporterait sans doute davantage de légitimité à sa démarche, tandis que là, nous restons sur notre faim, car les choses sont couvertes par ses euphémismes, ce qui ne sert pas, à mon avis, la VÉRITÉ. Or nous connaissons bien ces apôtres du mouvement de la Nouvelle Réforme Apostolique, hier adoubés en grandes pompes, et aujourd’hui tombés dans l’adultère (Todd Bentley), l’homosexualité (Paul Cain), ou l’oecuménisme (Rick Joyner).

 

Oints pour enseigner

Si le Saint-Esprit est bien la puissance qui se cache derrière le don d’enseignement, à quoi doit-il ressembler ? Quel genre de modèle Jésus a-t-il offert pour ce ministère particulier ? Dans le prochain chapitre, nous examinerons le rôle de l’enseignant, ainsi que son partenariat avec le Saint-Esprit.

 

Je n’ai eu connaissance de l’existence de ce livre qu’en 2015. Je publie mes critiques personnelles en précisant que le ministère de Bill Johnson ne se résume pas aux erreurs relevées et que son service est en bénédiction à beaucoup.

Jérôme Prekel/Janvier 2017©www.lesarment.com

 

 

Notes et références

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[1] Luc 3/21

[2] 1 Jean 2/18

[3] Jean 4/34

[4] Exode 40/15

[5] Matthieu 12/32

[6] Proverbes 13/12

[7] Jean 5/39

[8] Ephésiens 3/19

[9] Jean 14/21

[10] 2 Timothée 3/5

[11] Jean 3/8

[12] Romains 8/7, Esaïe 55/8

3 comments On L’onction et l’esprit de l’antichrist, par Bill Johnson

  • Perso. concernant les larmes au lieu du rire et n’étant jamais allé à Toronto à l’époque, je n’ai pas ramené « ça » chez moi .. et pourtant combien de fois dans mes temps de prière je me suis retrouvée à rire mais RIRE .. un rire de foi, un rire de paix !
    Tu n’es pas très objectif Jérôme .. Puisses tu un jour rire de foi de joie et d’espérance ! Dieu apprécie tout autant les rires que les larmes .. Il se rit de ses ennemis 🙂

    • Merci pour le commentaire Myriam.
      Bill Johnson dit : «Elle (la religion idolâtre) valorise par exemple les larmes et méprise les rires. Cela fait penser à l’idolâtrie, n’est-ce pas ?».
      Ce qui est grave n’est pas seulement qu’il est occupé à faire l’apologie du «rire dans l’Esprit», ce qui est déjà spirituellement répréhensible, mais qu’il nous offre un enterrement de première classe pour «les larmes», ce qui condamne la très grande majorité des conversions des siècles passés, qui reposaient sur la repentance — qui n’a jamais fait rire personne, sauf erreur de ma part !
      À mes yeux, c’est un faux enseignement, au pied de la lettre. Il est là, le manque d’objectivité et d’équilibre. Non seulement on nous vend de la fausse onction spirite, mais on a le culot de nous dire que le modèle biblique, qui a été le courant de conversion et de pratique de foi de 19 siècles de vie de l’Esprit (incluant les deux Pentecôtes) est faux !

      Alors je ne crois pas que le problème soit une question d’objectivité ou de subjectivité, pas plus qu’une question de goût entre ceux qui aiment rire ou pas (je distingue d’ailleurs nettement le rire dans l’Esprit, du rire qui est la traduction de la joie, quand on est heureux). La vraie question est spirituelle : si nous jugeons d’une chose sur la base de ses effets, tandis que les critères bibliques et historiques deviennent secondaires, alors nous sommes de bons clients pour des signes et de prodiges mensongers. Il ne faudra pas longtemps pour qu’un faux prophète trouve pleinement sa place parmi nous.

  • Encore faut-il s’entendre sur la tristesse dont on parle 😉
    En effet, la tristesse selon Dieu produit un changement radical qui mène au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort. Voyez donc ce que cette même tristesse selon Dieu a produit en vous : quel empressement ! Bien plus, quelle défense, quelle indignation, quelle crainte, quelle vive affection, quelle passion jalouse, quelle juste punition ! Vous avez montré à tous égards que vous étiez purs dans cette affaire.
    Seconde aux Corinthiens 7:10-11

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