Pour le nouveau directeur de la CIA de Trump: «Jésus-Christ est la seule solution pour notre monde»

Extraordinaire déclaration de la part d’un des hommes les plus influents du gouvernement Trump. Elle a été relayée par les médias chrétiens américains, mais est passée semble-t-il sous les radars des autres. Cela n’aurait sans doute pas été le cas en France, où l’inquisition laïque instruit un procès médiatique dès qu’un représentant politique ose simplement dire qu’il est chrétien.

À première vue, cette déclaration est de nature à rendre enthousiaste n’importe quel croyant, tout comme celle du Vice-Président des États Unis, Mike Pence, qui s’est défini lors de son investiture officielle le 21 juillet 2016 comme un «chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre»»[1]. Il a ajouté : «Nous n’avons jamais eu autant besoin de Jésus qu’aujourd’hui»[2]. Harmonie des messages. Les prises de positions sociétales de Mike Pence sont scrutées à la loupe par ses adversaires : on dénonce tour à tour son sexisme, son homophobie et son fanatisme religieux. Sexisme, parce qu’il pense que «le bonheur de la femme ne peut concilier maternité et carrière professionnelle car elle induit un retard de croissance et de développement chez l’enfant». Homophobie, parce qu’il considère que «l’homosexualité est responsable de l’effondrement de la société»[3]. Fanatisme religieux car il n’hésite pas à confesser ne pas adhérer à la théorie de l’évolution[4] et viser, avec les conservateurs du pays (entendez : les chrétiens) le renversement de la décision de la Cour suprême dite Roe V. Wade, qui a légalisé l’avortement en 1973.

L’obligation de cohérence liée au témoignage public

Que peut bien signifier exactement que «Jésus-Christ est la seule solution pour notre monde», comme l’exprime le nouveau directeur de la CIA ? Cela fait naître bien sûr de grands espoirs, de voir enfin le pays le plus puissant du monde être dirigé par des chrétiens, avec des principes chrétiens.

On peut naturellement en déduire que ces hommes-là, armés de cette vision-là, sont engagés dans une mission qui dépasse largement le cadre de leur fonction politique, et qu’ils recherchent donc premièrement (pour eux-mêmes et pour leur pays), le royaume de Dieu et sa justice (Mat. 6:33). En toute logique. Et que la seule politique dans laquelle ils croient véritablement — et la seule qu’ils vont pouvoir appliquer — c’est celle que Jésus-Christ inspire, et qui est basée sur l’amour (de Dieu, puis du prochain)[5]. Bien sûr, en exprimant les choses sous cet angle, un doute s’insinue dans notre esprit : n’est-il pas un peu angélique de croire qu’on puisse faire de la politique à un tel niveau avec les principes de Jésus-Christ ? C’est justement le propos.

Ces proclamations totalement inhabituelles à un tel niveau d’exercice du pouvoir devraient nous assurer par exemple que Mike Pompeo fait partie de ces hommes qui ne se contentent pas de prier pour que le règne de Jésus vienne, mais qui y travaillent concrètement, par une recherche constante de la justice[6], en surmontant le mal par le bien[7]. N’est-ce pas ce que le monde attend d’un chrétien ? C’est-à-dire d’incarner un exemple de probité et de sainteté et s’employant à marcher sur un chemin droit … car il y a du monde qui l’attend au tournant.

Cela signifie que cet homme-là (le directeur de la CIA) ne devrait logiquement jamais souscrire à aucune action que réprouveraient les enseignements de Jésus-Christ[8]. Il ne permettrait sans doute pas que les ennemis de son pays soient kidnappés par ses services, ou torturés, voire préventivement éliminés (assassinés) s’ils représentent une menace pour la sécurité. Parce que le Dieu qu’il adore et qu’il porte publiquement si haut, lui a appris non seulement «tu ne tueras point», mais également « aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous persécutent »[9]. Parce que ceux qui se servent de la violence périssent par la violence[10], et que la seule solution pour notre monde (Jésus, donc) est porteur d’un autre message que celui de la recherche de la sécurité par l’élimination de ses adversaires. Tout cela ne relève que de la cohérence basique entre les confessions et les actes, qui conduisent à cette parole célèbre : «on reconnaît l’arbre à son fruit».

Le témoignage public est à double tranchant …

Ces prises de positions publiques extraordinaires pourraient nous porter à croire que les États Unis sont entrés dans une ère de foi, de réforme morale et donc de réveil. Ce sont peut-être les signes attendus par les partisans du dominionisme chrétien : provoquer un changement, une nouvelle perception et une nouvelle expression du christianisme, un rééquilibrage des puissances spirituelles, pour amener la paix dans le monde, grâce au fait que les disciples de Christ accèdent aux plus hautes sphères du pouvoir. C’est une manière de voir les choses qui progresse dans le monde chrétien.

Mais les enjeux d’une influence chrétienne dans le monde ne concernent pas seulement l’état de la société, les nécessaires combats pour résister aux pressions des lobbies qui font l’apologie de l’immoralité, ou contre les forteresses d’injustices. La première raison d’être du christianisme n’est pas d’équilibrer le monde, ou d’apporter la paix au monde. D’après Jésus, c’est même le contraire : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée »[11]. Parce que le message du véritable évangile est totalement clivant avec le monde, sa pensée, sa mentalité profonde, ses aspirations, sa marche et ses objectifs. Dieu, au travers du message de l’évangile ne cherche pas à améliorer le monde, il cherche à faire sortir (c’est le sens du mot grec ekklesia: appeler hors de), pour faire entrer — dans le royaume de Dieu, où Jésus est roi, souverain, maître et Seigneur. Et ces deux sphères sont irréconciliables, elles sont en guerre l’une contre l’autre.

Ce qui est certain, c’est que les témoignages publics sont à double tranchant, comme on l’a vu en France avec la confession du candidat vainqueur des primaires de la Droite et du Centre : le «je suis chrétien» doit impliquer non seulement une irréprochabilité pénale, mais également morale. Et le mot «irréprochabilité» est d’inspiration biblique[12]. Les discordances et les contradictions seront passées au scanner du jugement du monde, qui en évaluera la vérité et la cohérence.

…avec des conséquences spirituelles dramatiques

Les prises de positions publiques induisent beaucoup de choses et nous renseignent sur l’arrière-plan spirituel de ces hommes et de ces femmes, qui parlent comme de véritables disciples de Christ. Leur responsabilité n’en est que plus grande (Rom. 2/21). Car s’il advenait que leur parole de chrétien ne soit qu’une posture religieuse ou politique, et que leur morale sois prise en défaut … alors leur réprobation serait aussi publique et retentissante que leurs déclarations. Elle rejailllirait non seulement sur eux et leurs familles, mais aussi et surtout sur le christianisme et sur le nom de Jésus, qui pourrait par ce moyen être davantage blasphémé[13] qu’il ne l’est déjà. Cela constituerait alors une des pires manières de prendre le nom de Dieu en vain.

 

 


Notes et références bibliques de l’article

[1] https://hellohristian.com/5043-mike-pence-we-need-jesus-more-than-ever-right-now

[2] https://hellohristian.com/5043-mike-pence-we-need-jesus-more-than-ever-right-now

[3] http://www.marianne.net/sexiste-homophobe-si-vice-president-mike-pence-etait-pire-que-trump-100247723.html

[4] http://www.huffingtonpost.com/entry/mike-pence-evolution_us_5787db1ce4b0867123e048f9

[5] Matthieu 22/37 : «Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.»

[6] 2 Pierre 1/4 à 9 : «faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés.»

[7] Romains 12/21 : «Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien», 1 Thessaloniciens 5/15 : «Prenez garde que personne ne rende à autrui le mal pour le mal; mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous, soit envers tous.»

[8] 1 Jean 2/4 «Celui qui dit: Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui».

[9] Matthieu 5/44 et Romains 12/14

[10] Matthieu 26/52

[11] Matthieu 10/34

[12] Philippiens 2/14 : «Faites toutes choses sans murmures ni hésitations, afin que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu d’une génération perverse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde», 2 Pierre 3:14 : «C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix.»

[13]  Romains 2/23 : «Toi qui te fais une gloire de la Loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la Loi ! Car le nom de Dieu est blasphémé parmi les païens, à cause de vous, comme cela est écrit», 1 Pierre 2/12 : «Ayez au milieu des païens une bonne conduite, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes oeuvres, et glorifient Dieu, au jour où il les visitera»,.

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