Au milieu du 19e siècle, Charles Chiniquy (1809-1899) est un prêtre catholique canadien qui se fait remarquer par un message mobilisateur contre l’alcoolisme (années 40). C’est un prédicateur doué, qui sait enflammer ses auditoires. Ses capacités et sa piété lui valent la mission de confiance d’installer toute une colonie de Canadiens Français dans l’État américain de l’Illinois. Son travail inlassable le font reconnaître comme « l’apôtre de la tempérance » (la sobriété). Selon l’historienne Catherine Ferland, c’est sur les bases du mouvement anti-alcoolique qu’il a galvanisé, que la lutte contre ce psychotrope consommé dans de grandes quantité continuera, jusqu’à la prohibition (1920-1933), promulguée plus tard par le gouvernement fédéral américain. Vers la fin de sa vie, il fut l’ami d’Abraham Lincoln qui le défendit dans un de ses procès.
Prêtre durant 25 ans, il quitte l’Église Catholique (excommunié en 1858) et se joint en 1860 à l’Église presbytérienne de Chicago. Dès lors, il devient un critique virulent de l’Église catholique romaine et de sa théologie. Son zèle de nouveau converti et la virulence de ses propos et de ses dénonciations de son ancienne église sont tels qu’il déclenche généralement des violences là où il passe. Durant le reste de sa carrière il sera un prédicateur anticatholique acharné, gagnant sa vie grâce à des ouvrages anticatholiques et des discours contre l’Église catholique romaine. Ses deux principaux livres sont « Cinquante ans dans l’Église de Rome » et « Le Prêtre, la femme et le confessionnal ». Parfois surnommé « le Luther du Canada », il a été invité par les protestants évangéliques à participer à des tournées de conférences partout au Québec et ailleurs, en Amérique du Nord, ainsi qu’en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Durant la première moitié du xxe siècle, au Québec, le mot « chiniquy » était employé péjorativement dans les milieux catholiques comme nom commun pour désigner un mécréant, une personne anticléricale. Tandis que dans les milieux protestants (et non-croyants), on emploie volontiers comme jurons des termes extraits de la liturgie catholique («hostie, tabernacle, calice»).
Sa conversion, son amour des Écritures, et les persécutions qu’il a subies sont décrites dans le livre «Chiniquy».
Extraits
Conversion
Quelques années après ma naissance, nous vivions dans une localité où il n’y avait pas d’école. Ma mère fut, de ce fait, ma première institutrice, et le livre dans lequel elle m’apprit à lire était la Bible. A l’âge de 8 ou 9 ans, je lisais le livre divin avec un incroyable plaisir et mon coeur était transporté par la beauté de la Parole de Dieu. Ma mère choisissait elle-même les chapitres qu’elle désirait que je lise, et ma lecture me passionnait au point que, bien des fois, je refusais d’aller jouer dehors avec les autres petits gars plutôt que d’interrompre cette lecture du saint livre. Il y avait des chapitres que j’aimais tellement que je les apprenais par coeur.
Mais après la mort de ma mère, la Bible disparut de la maison, probablement par les bons soins du curé, lequel avait déjà auparavant essayé d’obtenir qu’elle lui fût remise.
Or cette Bible est la racine de toute cette histoire. Ce fut la lumière qui fut versée dans mon âme d’enfant et qui, grâces en soient rendues à Dieu, ne s’est jamais éteinte. Elle demeure là. Et, par la miséricorde de Dieu, c’est à cette chère Bible que je dois aujourd’hui l’indicible joie que j’éprouve à me trouver parmi les rachetés, parmi ceux qui ont reçu la lumière et qui boivent continuellement à la source pure de la Vérité.
Peut-être quelques-uns sont-ils en train de se demander si les prêtres catholiques permettent aux gens de lire la Bible. Oui, et de cela je remercie Dieu ! C’est un fait qu’aujourd’hui presque dans le monde entier, l’Église Romaine accorde la permission de lire la Bible, et vous pouvez la trouver dans certains foyers catholiques.
Lorsque je fus ordonné prêtre, je fis le serment de ne jamais interpréter l’Écriture autrement que selon ce qu’on appelle « le consentement unanime des saints pères ».
Mais, ceci reconnu et admis, il faut dire la vérité tout entière. Lorsque le prêtre autorise un laïc à lire la Bible, et lorsque le prêtre lui-même reçoit cette Bible de l’Église, il y a une condition. La condition est que, quoique ce prêtre et ce laïc puissent lire la Bible, ils ne doivent jamais, en aucune circonstance, en comprendre un seul mot selon leur propre conscience, intelligence ou conception.
Lorsque je fus ordonné prêtre, je fis le serment de ne jamais interpréter l’Écriture autrement que selon ce qu’on appelle « le consentement unanime des saints pères ».
La lecture de la Bible
Amis, allez donc questionner un Catholique aujourd’hui et demandez-lui s’il a le droit de lire la Bible ! Il vous répondra… oui ! Mais demandez-lui : « Avez-vous le droit de l’interpréter c’est-à-dire de la comprendre vous-même ? » Il vous répondra non. Les prêtres disent positivement au peuple, et l’Église dit positivement aux prêtres, qu’ils n’ont pas le droit de comprendre un seul mot de la Bible selon leur propre intelligence ou leur propre conscience et que c’est un péché grave que de se permettre de le faire. Les prêtres disent au peuple : « Si vous essayez de comprendre la Bible avec votre propre intelligence, vous êtes perdu. C’est un livre très dangereux. Vous pouvez la lire, mais il serait mieux de ne pas la lire puisque vous ne pouvez pas la comprendre ! »
Quel est le résultat d’un tel enseignement ? Le résultat est que, malgré le fait que les prêtres et certaines personnes aient la Bible entre les mains, ils ne la lisent pratiquement pas. Liriez-vous un livre si vous étiez persuadé que vous ne pouvez pas en comprendre une ligne par vous-même ?
Voilà donc la vérité, mes amis, concernant l’attitude de l’Église Romaine. Ils ont la Bible, vous la trouverez sur la table des prêtres et de certains catholiques, mais il n’y a pas deux prêtres sur 10 000 qui lisent la Bible du commencement à la fin et y prêtent attention. Ils lisent quelques pages par ci par là et c’est tout.
Dans l’Église Romaine, la Bible est un livre scellé. Mais elle ne l’est pas pour moi ! Je la trouvais précieuse pour mon coeur lorsque je n’étais encore qu’un petit gars, et lorsque je devins prêtre de Rome, je la lus pour devenir un homme fort et pour être capable de discuter et défendre « mon » Église.
Mon grand objectif était de confondre les pasteurs protestants d’Amérique. Je me procurai un ouvrage sur les Pères et je l’étudiai jour et nuit avec les Saintes Écritures, afin de me préparer pour la grande bataille que je me proposais d’engager contre les Protestants. Je fis cette étude en vue de donner de solides fondements à ma propre foi en l’Église Catholique Romaine.
La voix mystérieuse
Mais Dieu soit béni, à chaque fois que je lisais la Bible, il y avait une voix mystérieuse qui disait en moi: « Ne vois-tu pas que, dans l’Église Romaine, vous ne suivez pas les enseignements de la Parole de Dieu, mais seulement la tradition des hommes? «
Dans les heures silencieuses de la nuit, lorsque j’entendais cette voix, je pleurais et criais, mais alors la voix devenait comme un éclat de tonnerre. Comme je voulais vivre et mourir dans la « sainte Église Catholique Romaine », je priais Dieu d’étouffer cette voix, mais je ne l’entendais que plus forte. Ainsi pendant que je lisais Sa Parole, Dieu essayait de briser mes fers, mais je ne voulais pas que ces fers-là soient brisés. Il venait à moi avec Sa lumière salvatrice, mais je ne voulais pas la recevoir !
Je n’ai pas de mauvais sentiments à l’égard des prêtres romains. Certains d’entre vous s’imaginent que, peut-être, j’en ai : ils se trompent. Parfois je pleure à cause d’eux car je sais que, les pauvres gens, ils font juste comme moi, ils luttent contre le Seigneur comme je le faisais, et ils sont alors aussi misérables que je l’étais moi-même. Si je vous raconte l’une de ces luttes dont je vous parle, alors vous comprendrez ce que c’est que d’être un prêtre catholique, et peut-être prierez-vous pour eux.
A Montréal il y a une magnifique cathédrale capable de contenir 15 000 personnes. J’y prêchais souvent. Un jour, l’évêque me demanda d’y prêcher sur la vierge Marie et je le fis avec satisfaction. Je prêchai donc aux gens en cette nouvelle occasion ce que je croyais être vrai, et que les prêtres croient et prêchent partout. Voici les grandes lignes de mon sermon :
Un sermon décisif
« Mes chers amis, lorsqu’un homme s’est révolté contre son roi, vient-il lui-même après cela se présenter devant lui ? Et s’il a une faveur à demander à son roi, osera-t-il, dans de telle circonstances, apparaître lui-même en sa présence ? Non ! Le roi le châtierait. Que fait-il donc ? Au lieu de se présenter lui-même, il charge quelque personne amie du roi, l’un de ses officier, sa soeur peut-être, voire sa mère, de présenter sa pétition. Cette personne parle au roi en faveur du coupable, demande pardon pour lui, apaise la colère royale et souvent il arrive que le roi accordera à cette personne la grâce qu’il eût refusée au coupable lui-même. »
Eh bien, continuai-je, nous sommes tous pécheurs, nous avons tous offensé le grand et puissant roi, le Roi des rois. Nous avons fomenté de la rébellion contre Lui. Nous avons piétiné Ses lois, et certainement provoqué Sa colère contre nous. Que pouvons-nous faire maintenant ? Irons-nous nous présenter à Lui les mains pleines d’iniquités ? Non ! Mais, Dieu merci, nous avons Marie, la mère de Jésus notre roi, qui se tient à Sa droite et comme un bon fils ne refuse jamais une faveur à une mère tendrement aimée, de même Jésus ne refusera jamais rien à Marie. Il n’a jamais repoussé aucune demande de sa part lorsqu’Il était sur terre. Jamais, Il ne l’a rebutée en quoi que ce soit. Mais quel est le fils qui voudrait faire de la peine à une mère aimante lorsqu’il peut la réjouir en lui accordant ce qu’elle demande ? Eh bien, je le dis, Jésus, le Roi des rois, n’est pas seulement le Fils de Dieu ; Il est aussi le Fils de Marie, et Il aime Sa Mère ! Et de même qu’Il ne lui a jamais refusé aucune faveur lorsqu’Il était sur la terre. Il ne Lui en refusera aucune encore aujourd’hui. »
« Que devons-nous donc faire ? Certes pas nous présenter nous-mêmes devant le grand Roi, tout couverts d’iniquités comme nous le sommes ! Adressons-nous donc à Sa Sainte Mère ! elle ira elle-même aux pieds de Jésus son Dieu et son Fils et elle recevra certainement tout ce qu’elle demandera. Elle demandera notre pardon et elle l’obtiendra. Il vous accordera n’importe quoi du moment que c’est Sa Mère qui le lui demande ! »
Mes auditeurs étaient si heureux à l’idée d’avoir une telle avocate intercédant pour eux jour et nuit aux pieds de Jésus, qu’ils pleuraient tous et étaient transportés de joie de ce que Marie allait demander et obtenir leur pardon. A cette époque je pensais que c’était non seulement la religion du Christ, mais le bon sens même, et qu’on ne pouvait rien trouver à redire !
Après le sermon, l’évêque vint, me donna sa bénédiction et me remercia, disant que ce sermon ferait beaucoup de bien dans la ville de Montréal !
Une voix plus terrible que le tonnerre
Ce soir-là, lorsque je m’agenouillai et pris ma Bible, mon coeur était rempli de joie à cause du bon sermon que j’avais fait le matin. J’ouvris et le passage de l’Évangile selon Matthieu chapitre 12, verset 46 se trouva devant mes yeux.
« Comme Il parlait encore au peuple, sa mère et ses frères étaient dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit: Voici, votre mère et vos frères qui sont là dehors, et ils cherchent à vous parler. Jésus répondit à l’homme qui lui disait cela : Qui est ma mère, et qui sont mes frères? et étendant la main vers ses disciples, il dit: Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère. » (Traduction catholique du Chanoine Crampon). Lorsque j’eus lu ces lignes, une voix me parla plus terrible que le tonnerre et me dit : « Chiniquy, tu as prêché un mensonge ce matin lorsque tu as dit que Marie avait toujours obtenu de Jésus ce qu’elle lui demandait. Ne vois-tu pas ici que Marie vient demander une faveur, celle de voir son fils? «
Marie, en effet, venait demander la faveur de voir son fils mais, lorsqu’elle arrive à l’endroit où il se trouvait, il y avait tellement de monde qu’elle ne peut entrer. Que fait-elle donc ? Elle fait ce que ferait toute mère en cette circonstance : elle élève la voix et le prie de venir lui parler. Mais lorsque Jésus entend la voix de Sa mère, et que Son regard divin la discerne que fait-Il ? Lui accorde-t-il ce qu’elle demande ? Hé bien non ! Il ferme Ses oreilles à sa voix, et ferme Son coeur à sa prière. C’est une rebuffade publique et qu’elle peut ressentir cruellement. Les gens sont surpris, même déconcertés, voire scandalisés ! Ils se tournent vers le Christ et lui font remarquer que ce sont Sa mère et Ses frères qui Le demandent. Que répond Jésus ? Rien d’autre que cette extraordinaire réponse : Étendant la main vers Ses disciples Il dit: « Voici ma mère et mes frères, car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère. » Ainsi Marie se trouve-t-elle publiquement repoussée et rebutée.
La voix me parla à nouveau avec la force du tonnerre me disant de lire le même récit dans l’Évangile de Marc chapitre 3, verset 31-35 et dans celui de Luc, chapitre 8 verset 19-20. Ainsi, loin d’accorder à Sa mère ce qu’elle Lui demandait, Jésus avait répondu par une rebuffade publique ! Alors la voix me parla de nouveau avec une terrible puissance me disant que Jésus, tant qu’Il était un petit enfant, obéissait à Joseph et à Sa mère, mais dès qu’Il se manifesta Lui-même devant le monde comme le Fils de Dieu Sauveur du monde, la grande Lumière de l’humanité, alors Marie devait disparaître. Car c’est vers Jésus Seul que le monde doit tourner ses regards pour recevoir Lumière et Vie !
« Chiniquy, Chiniquy, tu as prêché un mensonge ce matin, et tu as raconté une quantité de fables et de niaiseries. Tu enseignes contre les Écritures ».
Je vous le dis, mes amis, la voix me parla toute la nuit ! « Chiniquy, Chiniquy, tu as prêché un mensonge ce matin, et tu as raconté une quantité de fables et de niaiseries. Tu enseignes contre les Écritures ». Je priai et pleurai et ce fut pour moi une nuit blanche.
Le lendemain matin, je me rendis pour le déjeuner, à la table de l’évêque coadjuteur, lequel m’avait invité. Il me dit : M. Chiniquy, vous m’avez tout l’air d’un homme qui a passé la nuit à pleurer! Que se passe-t-il ? Je lui dis : Monseigneur, vous ne vous trompez pas. Je suis dans une tristesse qui dépasse toute mesure ! De quoi s’agit-il donc ? demanda-t-il. Oh, Je ne puis vous le dire ici, répondis-je, mais si vous voulez bien m’accorder une heure d’entretien seul à seul, je vous montrerai quelque chose qui vous rendra perplexe.
Une erreur tragique, un mensonge diabolique
Après le repas nous nous retirâmes dans son cabinet et je lui dis :
– Monseigneur, hier vous m’avez fait de grands compliments sur mon sermon dans lequel j’avais affirmé que Jésus avait toujours répondu favorablement à Sa mère. Mais, Monseigneur, cette nuit, j’ai entendu une toute autre voix, plus puissante que la vôtre, et ce qui me trouble c’est de croire que cette voix est celle de Dieu ! Cette voix m’a dit que nous, prêtres et évêques catholiques, nous prêchons ce qui est faux chaque fois que nous disons au peuple que Marie a toujours le pouvoir de recevoir de Jésus-Christ les faveurs qu’elle Lui demande. Ceci est un mensonge, Monseigneur et, j’en ai bien peur, un mensonge diabolique et une erreur tragique.
– Qu’est-ce que cela veut dire, M. Chiniquy, dit l’évêque, êtes-vous protestant ?
– Non, dis-je, je ne suis pas protestant ! – souvent j’avais été appelé protestant à cause de mon attachement bien connu à la Bible – mais je vous le dis les yeux dans les yeux, j’ai bien peur d’avoir prêché hier un mensonge, et que vous-même, Monseigneur, n’en prêchiez un la prochaine fois que vous direz qu’il faut invoquer Marie sous le prétexte que Jésus n’a jamais rien refusé à Sa mère ! Ceci est faux.
– Vous allez trop loin, M. Chiniquy, dit l’évêque.
– Non, Monseigneur, répliquai-je et d’ailleurs cela ne sert à rien de discuter : voici l’Évangile, lisez-le!
Je mis l’Évangile entre les mains de l’évêque et il lut de ses propres yeux ce que j’ai déjà cité. Mon impression fut que c’était comme s’il lisait cela pour la première fois. Le pauvre homme était si surpris qu’il demeurait muet et tremblant. A la fin, il murmura :
– Qu’est-ce que cela veut dire ?
– Eh bien, répondis-je, ceci est l’Évangile et vous y voyez que Marie est venue demander quelque chose à Jésus et que non seulement Il a publiquement refusé de la recevoir, mais Il a même refusé de la considérer comme Sa Mère. Il a fait cela publiquement afin que nous sachions bien que Marie est la mère de Jésus comme homme mais non comme Dieu.
L’évêque était hors de lui, et ne savait quoi me répondre. Je demandai alors la permission de lui poser quelques questions, et lui dis :
– Monseigneur, qui nous a sauvés vous et moi en mourant sur la croix ?
– Jésus-Christ, répondit-il.
– Et qui a payé vos dettes et les miennes en versant Son sang : Marie ou bien Jésus?
– Jésus-Christ.
– Eh bien donc, Monseigneur, lorsque Jésus et Marie se trouvaient sur la terre, qui aimait le plus les pécheurs, Marie ou bien Jésus ?
Il répondit de nouveau que c’était Jésus.
– Dites-moi, demandai-je, a-t-on jamais vu un pécheur venir à Marie, sur la terre, pour être sauvé ?
– Non.
– Avez-vous mémoire que des pécheurs soient venus à Jésus pour être sauvés ?
– Oui, beaucoup.
– Les a-t-Il repoussés ?
– Jamais.
– Jésus a-t-Il quelquefois dit aux pécheurs d’aller à Marie ?
– Non.
– Ne vous souvient-il pas que Jésus, par contre, a dit aux pauvres pécheurs : « Venez à Moi » ?
– Oui, Il l’a dit.
– A-t-Il depuis rétracté ces paroles ?
– Non.
– Qui donc avait alors le pouvoir de sauver les pécheurs ? demandai-je.
– Oh, c’était Jésus !
– Fort bien, Monseigneur et maintenant que Jésus et Marie sont au ciel, pouvez-vous me prouver que Jésus a perdu quoi que ce soit de Son désir et de Son pouvoir de sauver les pécheurs, ou bien qu’Il a délégué ce pouvoir à Marie ?
– Non, dit l’évêque.
– Alors, Monseigneur, demandai-je, pourquoi n’allons-nous pas à Jésus et à Lui Seul ? Pourquoi enseignons-nous aux malheureux pécheurs qu’ils doivent aller à Marie, alors que, vous-même venez de le confesser, elle n’est rien comparée à Jésus, ni en puissance, ni en miséricorde, ni en amour, ni en compassion pour les pécheurs ?
Le pauvre évêque ressemblait à un condamné à mort. Il tremblait devant moi, et il invoqua une affaire urgente devant moi, pour me laisser. L’affaire en question était qu’il ne savait pas me répondre.
…
Persécutions
Page 398
Dans le neuvième volume des œuvres théologiques de St Thomas, il est écrit que les catholiques romains ont tout autant le droit de tuer un hérétique que de tuer un loup qui traverserait leur champ pour dévorer leurs brebis. Dans le « Jure Canonico », l’Église de Rome enseigne que ce n’est ni un meurtre ni un péché d’enlever la vie d’un hérétique. Bien plus, c’était une action si sainte que les péchés seraient pardonnés au catholique romain qui tenterait seulement de supprimer un hérétique.
« Quoique les hérétiques n’aient aucun droit d’être tolérés, nous devons cependant les avertir deux fois de leurs erreurs. Mais si après une seconde admonition, ils persistent dans ces erreurs, et qu’ils refusent de se soumettre à l’autorité de l’Église, nous devons non seulement les excommunier, mais nous devons les livrer au pouvoir séculier, pour qu’ils soient exterminés » (Thomas d’Aquin, Vol. IV, p. 50).
C’est en conséquence de cette loi, qui est aujourd’hui la règle de l’Église romaine, comme elle l’était au jour où elle fut promulguée, que plus de trente fois depuis ma conversion, j’ai été sur le point de tomber sous les coups d’assassins catholiques. J’ai été lapidé plus de vingt fois. C’est dans les principales villes du Canada que les pierres m’ont été lancées avec le plus de violence.
Le 19 juillet 1873 à Antigonish, le pasteur, Monsieur Goodfellow, m’accompagnait à la sortie de l’église où j’avais prêché, lorsqu’il fut atteint par plusieurs pierres qui m’étaient destinées, et il fut frappé si violemment à la tête qu’il tomba à terre, baignant dans son sang. J’ai cru qu’il allait expirer sous le coup ; je le pris dans mes bras, quoi que je fusse moi-même gravement blessé et couvert de sang. Nous aurions assurément été tués là, si un généreux Écossais, nommé Cameron, ne nous eut pas ouvert la porte de sa maison, risquant ainsi sa propre vie et celle de sa famille. Les assassins, furieux de ce que j’allais leur échapper, brisèrent les vitres et menacèrent de mettre le feu, si on ne me livrait pas entre leurs mains, pour me pendre. Ils n’en furent empêchés que par la crainte de l’autorité. Mais ils me tinrent assiégé depuis 22h jusqu’à 3h du matin. Pendant la nuit, ils dressèrent plusieurs fois de longues échelles le long des murs, dans l’espoir de pénétrer jusqu’aux chambres du premier étage où ils me pensaient retiré.
À Montréal, un soir d’hiver que j’avais prêché, je revenais chez moi avec le Dr Vicar, principal du collège presbytérien. Nous tombâmes dans une embuscade et reçûmes une grêle de pierres. Mon vénérable ami aurait été sérieusement blessé sans les fourrures dont il était couvert à cause du froid.
Peu de temps après mon arrivée en Australie, j’avais prononcé un discours à Parametta, près de Sydney. En attendant le train du soir pour retourner dans cette ville, je fus attaqué à coups de pierres ; l’une de ses pierres me frappa avec tant de violence à la jambe gauche que j’ai cru l’os cassé, et j’eus peine à marcher pendant plusieurs jours. Dans un autre village, je suis frappé avec tant de violence, que j’en ai longtemps gardé les marques sur mes épaules.
À Harsham, gros village de l’État de Victoria, des catholiques romains envahirent l’église pendant que je parlais le soir, et s’élancèrent sur moi avec leurs poignards et leurs bâtons en vociférant : Tuez-le ! Tuez-le ! Pendant le tumulte, j’échappai par une porte secrète, mais il me fallut me traîner un assez long bout de chemin sur les mains et les genoux pour n’être pas vu des assassins qui me cherchaient de tout côté. La maison d’un de mes amis fut attaquée à coups de pierres, les meubles brisés, et je n’échappai des mains des meurtriers que par une intervention providentielle de Dieu.
Dans la même province de Victoria, à Ballarat, trois des maisons où je m’étais réfugié, furent attaquées est en partie démolies à coups de pierres. Mr le révérend Quick qui m’avait donné l’hospitalité après que j’eus été attaqué dans la rue par plusieurs centaines de personnes, ne fut pas épargné, ses fenêtres furent brisées et sa femme n’échappa que par miracle à la mort.
Mr le Révérend Inglis, l’un des prédicateurs les plus éloquents de cette ville, fut blessé le jour suivant, par les pierres que l’on me lançait de tous côtés, pendant qu’il me ramenait chez lui. À mon départ de là, pendant que j’attendais le train, une dame très bien mise, s’approcha de moi, et me cracha au visage en me couvrant d’une matière sale dont elle s’était rempli la bouche, puis s’enfuit à toute vitesse, en me maudissant. Mon secrétaire, ayant appelé un policeman, courut après elle, la saisit et la ramena vers moi. Je finissais à peine de me débarrasser de l’ordure dont j’étais couvert ; mes amis auraient voulu que je porte plainte, mais je n’en voulu rien faire. « Laissez-la aller tranquillement chez elle. Elle a cru bien faire en m’outrageant, sans doute pour obéir à ses prêtres. Notre Seigneur n’a jamais fait punir ceux qui lui crachaient au visage et nous devons l’imiter ». La femme fut remise en liberté au grand chagrin de la foule qui m’entourait et voulait la châtier.
Tentatives d’assassinat
Au moment où, par une nuit obscure, me rendant d’Ottawa à Montréal, je descendais du petit vapeur pour prendre le train, deux coups de pistolet furent tirés sur moi, presque à bout portant ; les balles ne passèrent qu’à quelques centimètres de mes oreilles.
Plusieurs fois, à Montréal et à Halifax, les temples où je parlais furent attaqués, et les vitres brisées. Bien souvent, les amis qui avait le courage de me défendre furent blessés et c’est à ces blessures qu’il faut attribuer la mort de deux d’entre eux.
Lorsque le pouvoir religieux vit qu’il ne pouvait pas m’ôter la vie avec les armes dont il se servait, il chercha à me paralyser par les calomnies souvent soutenues par serment. J’ai été gardé prisonnier par eux ou mis en liberté sous caution pour un temps équivalent à 18 années. Mon nom a été joint 32 fois à celui des plus grands criminels. J’ai été publiquement accusé par le grand vicaire Mailloux d’avoir tué un homme et d’avoir jeté son corps dans la rivière, pour cacher mon crime.
J’ai souvent pu dire avec Saint-Paul : « nous sommes pressés de toutes sortes d’affections, mais nous ne sommes pas accablés, nous nous trouvons dans les difficultés insurmontables, mais nous n’y succombons pas. Nous sommes persécutés, mais non pas abandonnés ; abattus, mais non pas entièrement perdus, portant toujours dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus paraisse aussi en notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes à toute heure livrés à la mort pour Jésus, afin que la vie de Jésus paraisse aussi dans notre corps » (2 Corinthiens 4).
Ces persécutions n’ont jamais arrêté les progrès de l’Évangile, au contraire, elles leur ont donné comme une nouvelle force et une nouvelle vie. J’ai toujours remarqué que le lendemain du jour où j’avais été blessé et où mon sang avait coulé, les conversions étaient plus nombreuses. Jamais je n’oublierai la terrible nuit ou plus de 1000 catholiques vinrent pour me tuer au sortir d’une église de Montréal. Cette nuit-là, j’avais été sérieusement blessé, et j’avais perdu beaucoup de sang. Mais je fus bien dédommagé de mes souffrances, lorsque le lendemain j’ai eu le bonheur de recevoir l’abjuration de plus de 100 catholiques qui renoncèrent à leurs erreurs, pour ne plus suivre que l’Évangile.
Oh ! Puisse-t-il bientôt luire, le beau jour où mes chers compatriotes entendront tous la voix de l’Agneau et viendront tous laver leurs âmes dans son sang ! La verrai-je cette heure bénie où le Canada tout entier, sortant des profondes ténèbres où Rome le tient depuis des siècles, acceptera la lumière que le Christ a apporté aux hommes pour leur montrer le chemin du ciel ?
En attendant, je ne puis que bénir le Seigneur de ce qu’il a fait pour mes chers compatriotes et pour moi. Depuis ma plus tendre enfance il m’a pris par la main et m’a conduit dans des voies que je ne connaissais pas, mais qui devaient me mener des régions de la nuit et de la mort à celles de la lumière et de la vie.
Le Dieu Tout-Puissant
C’est ce Dieu Tout-Puissant qui m’a accordé de lire la Sainte Bible, lorsque j’étais encore sur les genoux de ma mère, c’est lui qui m’a donné la connaissance du grand mystère de son amour, et m’a montré le salut et la vie éternelle comme un don gratuit offert à tous, comme on peut le voir dans le récit de ma vie que j’ai fait pour rendre témoignage de ce que je dois au seigneur ; il n’a jamais laissé passer un jour sans me faire entendre sa voix miséricordieuse.
Je le confesse à ma honte, je n’ai pas toujours été fidèle à cette voix pleine d’amour et de vérité ; bien des fois même, j’ai cherché à lui imposer le silence, je l’ai combattue. Mais mon Dieu ne s’est jamais lassé de me porter avec tendresse, m’avertissant que je marchais dans la voie de la perdition. Il savait à quel point j’étais aveuglé par les faux raisonnements de l’église romaine.
Heureux, dans la pleine possession du Don ineffable que j’ai reçu, et pressant ma chère Bible sur mon cœur comme le plus précieux des trésors, je m’avance avec joie vers la Terre Promise. Car j’entends les pas du messager qui vient me dire : « hâte-toi de venir, le Maître t’appelle ! »
Viens ! Seigneur Jésus, viens ! Amen
autres extraits ici
2 comments On Chiniquy, persécuté par l’Église pour sa foi
Bonjour Jérôme,
Merci pour cet excellent partage.
Sur la toute 1ère ligne, je pense que tu voulais écrire : « message mobilisateur contre *l’alcoolisme » (et pas « contre l’anti-alcoolisme »… 😉 )
Merci Nicolas ! Pauvre Chiniquy : se retrouver à prêcher contre l’anti-alcoolisme, il a dû se retourner …
sur son nuage.:)