Restons lucides avec les cultes en ligne

Par Jean-Louis Bulté

Vous l’aurez peut-être remarqué : les cultes en ligne se multiplient et vous pouvez donc choisir le « programme » qui vous convient tout en étant confortablement installé dans votre salon. N’est-ce pas formidable ! Notre technologie nous offre de pouvoir disposer d’un culte à domicile, louange et prédication servies sur un plateau. On s’occupe de tout, vous n’avez qu’à vous laisser porter par les chants et nourrir par le message.

Mais cela interroge quelque part. Outre le fait que cette solution de facilité convient très bien à notre nature tendance paresseuse, le fait d’être un spectateur complètement passif (ou presque) est-il vraiment en phase avec l’attente de Dieu lorsque nous prétendons vouloir lui rendre un culte ?

Rendre un culte à Dieu réclame de façon logique notre contribution : je loue, je célèbre, j’adore moi-même le Père et le Fils par le Saint-Esprit qui demeure en moi. Écouter la louange des autres ne saurait remplacer ma propre louange, c’est une évidence.

Cela me semble d’autant plus contrariant que le but des ministères est de viser le « perfectionnement des saints en vue du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » Ephésiens 4:12,13

Le Seigneur n’a pas établi des ministères pour rendre ses brebis dépendantes de certains hommes élevés par une fonction particulière. Faire en sorte que les chrétiens soient constamment dans l’attente d’être pris en charge ne saurait les stimuler à se prendre en mains et à grandir. Tant que vous promenerez votre enfant en poussette en lui épargnant le moindre effort, vous ne l’aiderez pas à marcher de lui-même. J’ai peur que certains responsables d’églises soient tombés aujourd’hui dans ce piège d’imaginer qu’il n’existe pas d’autre formule et de se croire absolument indispensable.

En fait, le rôle premier des conducteurs devrait être de stimuler les enfants du Seigneur à le chercher directement dans la prière ; de s’approcher du trône de la grâce en le célébrant de tout leur cœur ; de méditer les Écritures et de chercher la pensée de Dieu ; de célébrer la Sainte-Cène entre conjoints ou en famille, en l’absence de tout frère ou sœur (surtout dans cette période de confinement).

Le discours des conducteurs devrait donc être : « frères et sœurs, nous allons vous aider pratiquement à rendre un culte au Seigneur le dimanche » quitte à faire le point en semaine avec une exhortation et des conseils pratiques. Il faut participer activement à la croissance des uns et des autres et non entretenir une mentalité d’assistés spirituels qui maintient aujourd’hui une multitude des chrétiens dans l’immaturité. Comment obtenir dans ces conditions les pères et les mères dont l’Église a tant besoin pour justement assister les nouveau-nés au-delà de l’apport des simples ministères ? Il est certain que de se sentir indispensable est très gratifiant mais tellement éloigné du dessein de Dieu .

« C’est Christ que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ »  Col.1:28

Redisons-le avec force : le but de tout ministre de Christ est de stimuler et de favoriser la croissance afin d’amener les chrétiens à une pleine maturité, à la stature de Christ (à condition bien sûr que le ministère dépasse le cadre de la fonction et du titre et corresponde à une vrai stature en Christ).

Comme je l’ai écrit quelque part : il y a beaucoup de personnes qui donnent des conseils mais bien peu sont encapacité de les donner car l’enseignement ne concerne pas seulement les connaissances de l’orateur mais la qualité de sa marche avec Dieu au quotidien. N’oublions pas que ceux qui font paître le troupeau de Dieu doivent d’abord être des modèles en toutes choses (1 Tim. 4:12 ; 1 Pierre 5:3). Marcher dans la vérité réclame une telle exigence, rien de moins.

Ainsi donc, aucun culte en ligne ne saurait remplacer notre propre culte ; et assister passivement à un culte à distance ne nous fera guère grandir spirituellement, quand bien même les chants et le message seraient excellents.

Dans cette période toute particulière de confinement, où chacun doit demeurer sagement chez lui, il est évident qu’il y a une occasion exceptionnelle de faire des progrès dans sa façon de rendre un culte à Dieu. Encore faut-il arrêter de se laisser bercer, se faire un peu violence et prendre de fermes résolutions. Assurément, le Seigneur en sera plus que réjoui car c’est l’attente et le désir de son cœur.

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