Article paru sur le site chrétien www.beleifnet.com.
« Il n’y a pas une seule personne au monde qui n’ait pas entendu l’histoire d’Adam et Eve : Dieu dit aux premiers hommes et femmes de la planète qu’ils peuvent manger de n’importe quel arbre dans le monde nouvellement créé, à l’exception de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le serpent maléfique arrive et réussit à convaincre Ève de prendre une bouchée du fruit défendu et voilà, le monde est plongé dans un état de chaos, de mort et de destruction dont il ne s’est toujours pas remis. C’est l’histoire de base – mais comme nos sources juives les plus profondes nous l’apprennent, il se passe ici bien plus de choses qu’il n’y paraît. Le rabbin juif mystique Shimon Bar Yochai a écrit un livre entier sur les 70 significations cachées que contient le mot « Bereishit » (littéralement : au début), le premier mot de la Torah, à lui seul. Quelle est donc la véritable histoire d’Adam et Eve, et quelles leçons pouvons-nous en tirer aujourd’hui ?»
Le Sarment : avec une telle introduction, on s’attend vraiment à apprendre des choses : c’est plein de promesses, bien présenté, bien vendu. Ok, j’ai hâte de lire la suite !
Le péché d’Adam
« Première surprise : nous sommes tous responsables du péché d’Adam. Des sources juives expliquent qu’Adam, le premier homme, contenait les âmes de tous les hommes, femmes et enfants qui lui ont succédé – actuellement sept milliards de personnes. Or, voilà le problème : avant de manger le fruit défendu, Adam a tenu un débat interne avec toutes les âmes qu’il contenait pour savoir si elles voulaient qu’il le mange ou non ».
Pour un chrétien attaché aux Écritures, ce genre de récit alternatif doit être pris avec des pincettes, le temps d’une (courte) vérification scripturaire pour tenter de confirmer. Si pas possible, il suffira de glisser la chose dans la corbeille, ce qui est chose faite, pour ce qui me concerne. C’est typique d’une compréhension charnelle du récit de la chute qui suppose que, vraisemblablement, on n’aurait pas fait mieux qu’Adam. Mais personne ne s’arrête sur la perfection extraordinaire du premier homme, sa plénitude, sa pureté (il est sans péché), l’intensité de sa communion, et sa force spirituelle dont il va conserver traces longtemps après avoir été déchu et banni du jardin (en vivant presque mille ans). Non, ce que l’humanité est devenue après (et aujourd’hui) n’a pas grand-chose à voir avec cet homme-là. Et elle n’est pas capable de comprendre de quelle hauteur spirituelle il est tombé.
Le fruit interdit
« La deuxième surprise : Adam pensait rendre Dieu heureux en mangeant le fruit défendu. C’est difficile à croire, mais la principale raison pour laquelle Adam et Ève ont voulu manger ce fruit est précisément parce qu’ils savaient que cela rendrait le monde beaucoup plus difficile à vivre pour l’humanité. Certes, ils vivaient dans le jardin d’Éden, sans guerre, sans maladie, avec une nourriture abondante, la paix, le bonheur – en bref, le paradis sur terre – mais Adam avait l’impression que la vie était un peu trop facile. Où était le défi spirituel, alors que Dieu lui donnait littéralement tout dans une assiette ? Adam a décidé qu’il voulait montrer à Dieu qu’il était un sérieux chercheur spirituel, prêt à servir Dieu même dans les circonstances les plus difficiles et les plus sombres. Bizarrement, il pensait que cela rendrait Dieu vraiment heureux, mais comme il l’a découvert par la suite, il a complètement mal calculé. »
Là, nous sommes vraiment dans une version parallèle du récit biblique, déconnectés de la recherche de conformité avec le reste de la Révélation. On s’affranchit de toute barrière, comme celle d’aller au-delà de ce qui est écrit, ce qui permet de donner libre cours à son imagination. Ça rappelle un peu nos jeux d’enfants : allez, on dirait que Adam n’a pas désobéi à Dieu, mais qu’il a voulu bien faire … Je trouve que le commentaire « chrétien » de ce genre de fadaise est vraiment léger.
Le serpent original
« La troisième surprise : Le serpent original avait des pattes et pouvait parler. Dieu a dépouillé le serpent de ses jambes pour le punir d’avoir attiré Eve au péché, mais ce premier serpent n’avait rien à voir avec les dragons rampants que nous avons de nos jours. Tout d’abord, il pouvait parler. Deuxièmement, il marchait debout et ressemblait beaucoup plus à un être humain qu’à un reptile. Et enfin, il était l’incarnation du mal dans le monde. Tenir tête à quelque chose d’aussi rusé, d’aussi intelligent et d’aussi calculateur n’était pas chose facile. Son principal atout était que si Adam et Eve mangeaient de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ils cesseraient d’être des innocents sans rien, et ils seraient comme Dieu. L’ego humain étant ce qu’il est, cet argument s’est avéré irrésistible, et vous connaissez la suite de l’histoire.»
Le texte original ne dit pas que le serpent avait des pattes, mais il nous dit qu’il les a perdues, ce qui peut permettre de déduire qu’il en avait … cqfd. Ressemblait-il à un être humain ? Rien ne permet de l’affirmer, mais on peut l’imaginer, pourquoi pas. Dans la langue originelle, c’est le mot נָחָשׁ « nachash » qui est utilisé et qui fait bien référence au reptile que nous connaissons (28 occurrences dans l’AT). Le mot que la Bible emploie pour « rusé » (עָר֔וּם / ʿaroum) est très proche de l’adjectif « nu » (עֵירֹ֖ם / ʿeyrom) : « le serpent était le plus rusé de tous les animaux …» (Gen. 3/1). Dans l’Antiquité, les anciens associaient le serpent à la sagesse et à la ruse. Le livre de l’Apocalypse (ch. 20) établit sans contestation possible que le diable a incarné/possédé le serpent ancien : « Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans ».
Les retombées du péché originel
« La quatrième surprise : Nous essayons toujours de réparer les conséquences du péché originel, même aujourd’hui. Encore une fois, nous devons aller un peu plus loin pour comprendre ce que l’humanité doit encore réparer exactement, mais en un mot, vous pouvez le résumer ainsi : l’arrogance humaine, et le fait de penser que nous savons mieux que Dieu. Dieu n’a pas voulu créer un monde où les gens souffrent, et où notre essence spirituelle et notre lien avec le Divin seraient recouverts de tant de couches de matérialisme que des millions de personnes oublieraient qu’elles ont même une âme en premier lieu. Dieu a créé le monde, et les gens, pour leur donner un bien illimité. Il n’avait qu’une seule règle pour le premier couple : ne pas manger de cet arbre ! Et ils (nous…) l’ont fait sauter. Ils (nous…) pensaient que nous savions mieux que Dieu, et que nous étions intellectuellement au même niveau que notre Créateur. Alors comment pouvons-nous réparer tout cela ? Dans son livre « Le jardin de la connaissance », qui examine en profondeur ce qui s’est réellement passé dans le jardin d’Eden, Rabbi Shalom Arush s’exprime ainsi : « La correction du monde dépend de l’humilité…puisque le respect mutuel, la paix et l’harmonie découlent tous de l’humilité. » En d’autres termes, chaque fois que nous acceptons nos propres limites et que nous essayons de mettre Dieu davantage en avant, nous faisons un grand pas vers la réparation du péché originel.»
Ici, manque cruellement la référence (indispensable) à l’œuvre de Rédemption accomplie par le Père, en Jésus-Christ : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même ». L’humanité n’a rien à réparer, mais à reconnaître, c’est-à-dire la seigneurie de Christ.
On peut facilement imaginer que le livre du Rabbi Shalom Arush ne parlera pas du Messie, et que le postulat de l’auteur consiste à laisser l’imagination se prêter au jeu de l’interprétation mystique. Je trouve que le titre de l’article de briefnet.com est trompeur ! Mais je comprends que la vérité aurait été moins vendeuse : « 4 choses pas du tout sûres que vous ne savez pas sur Adam et Eve» était beaucoup moins racolleur. Quelle tristesse d’assister en direct au naufrage du discernement et de l’esprit critique, à cause d’un tel besoin de communiquer sans cesse quelque chose, n’importe quoi, pourvu que le compteur des lectures continue de tourner.
Illustration tête d’article ©Adam et Ève par Rubens
2 comments On 4 choses que vous ne saviez pas à propos d’Adam et Ève
Dieu ne tente personne, Eve a été tentée par sa propre convoitise.
Adam et Eve ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, mais leur perfection allait dépendre de leur obéissance à son commandement : tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras tu mourras.
Cette obéissance ne peut venir que d’une confiance absolue en sa parole et d’un amour inconditionnel. Ils ont tous les deux échoués à l’épreuve et la conséquence a été leur chute et celle de toute l’humanité, passant de la vie à la mort comme Dieu l’avait dit.
Cette mort n’a pas été foudroyante car Dieu dans sa sagesse insondable leur a laissé dans la mort à eux et à chacun d’entre nous, du temps pour nous faire connaître sa nature car sa miséricorde ne pouvait pas être révélée avant que l’homme ait besoin de son pardon.
Dieu est amour et tous les rachetés, d’Adam jusqu’au dernier témoigneront de sa grâce éternelle.
La désobéissance a fait passer Adam et Eve ainsi que toute la création de la vie à la mort, de la lumière aux ténèbres, de la vérité aux mensonges, mais l’obéissance au second commandement, par le moyen de la foi en la parole de Jésus, nous fait passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, des mensonges à la vérité.
Ce qu’Adam et Eve n’ont pas fait dans le jardin nous pouvons le faire individuellement à l’exemple de Jésus, notre sainte foi en sa parole nous faisant obéir à l’Evangile de la croix.
Ce qu’ils ne pouvaient pas connaître de Lui dans le jardin, aujourd’hui nous pouvons le connaître en Christ.
Amitiés RG.
Bonjour
Il y a pas mal de serviteur de Dieu qui font référence à des interprétations rabbiniques de la torah, or il y a une apparence de sagesse mais bien souvent ces rabbins n’ont pas encore reconnue leur messi.
C’est l’Esprit de Christ qui révélait aux hommes et femmes de Dieu de l’ancienne alliance, les écritures, car celui-ci reposait sur eux.
C’est l’agneau immolé qui ouvre le livre…personne d’autre ne peut le faire.
C quand les coeurs se convertissent au Seigneur Jésus que le voile est ôté et que la gloire de Jésus et la parole de Dieu deviennent accessibles a notre coeurs pour une transformation à son image.