Pourquoi jeûner pendant 40 jours ?

Dans une de ses dernières newsletters, le pasteur Eric Célérier assure la promo de son application HelloBible, qui commence toujours avec cette accroche : « Bonjour pourquoi jeûner pendant 40 jours ? » avec, à la suite, un texte qui encourage les destinataires dans la foi en Dieu — et aussi dans l’utilisation de l’application HelloBible. Tout cela sans lien apparent avec le jeûne. On ne sait pas à quoi sert cette accroche « Pourquoi jeûner pendant 40 jours » … peut-être en a-t-il été parlé une fois, et la phrase est restée coincée là, oubliée dans un champ de la page de l’e-mailing.

Il se trouve que par un hasard du calendrier, je viens justement de terminer un jeûne de 40 jours, raison pour laquelle je rebondis sur le sujet : dans mon cas, il s’agissait d’un jeûne numérique (à vie moderne, jeûne moderne !) c’est-à-dire une abstinence des réseaux sociaux vecteurs de distractions et d’infos (instagram, x/twitter, facebook, telegram). Pourquoi ? Parce que mon temps d’écran journalier moyen de ces applis et de leurs contenus (aucun que la morale réprouve) était devenu élevé, proche des 2,5 h. Faites le calcul : 2,5 h x 7 jours x 4 semaines = 70 h, soit 6 journées par mois, le nez collé à son écran. Et si on veut se donner un peu le vertige, on multiple par 12 mois et on obtient 72 journées d’attention captée, ou phagocytée, c’est comme on veut. Il était temps de faire quelque chose, et je suis certainement loin d’être le seul concerné (j’attends les témoignages en fin d’article ;). C’est l’occasion de partager ici la réflexion qui a participé à mon mécanisme de décision.

Les choses vides

Au siècle dernier, le prix Nobel de littérature Alexandre Soljenistsyne disait « qu’on asservit plus facilement les masses avec de la pornographie qu’avec des miradors ». Ce que cette réflexion avait de visionnaire n’était pas tant d’annoncer un accès démultiplié à la pornographie (l’âge moyen du premier contact est désormais de 11 ans[1]), mais d’anticiper l’immense mouvement d’asservissement par la distraction et les plaisirs, qui se lancerait à l’assaut du Monde — et des élus pour tenter de les séduire. Personne n’échappe à son exposition. 

Une exhortation de Paul parle justement de ce sujet : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » (1 Corinthiens 6/12). Se laisser asservir ou ne pas se laisser asservir : voilà l’alternative, pas question de s’y soustraire. Dans le cadre d’une séduction de cette ampleur, le fait notable, c’est que les captifs sont tous volontaires — c’est la grande force du concept.

La vérité vous rendra libre

« C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude » (Galates 5/1) : nous savons que le contexte de cette exhortation concernait une opposition avec les chrétiens judaïsants, mais elle résonne dans notre actualité, et son principe s’applique à tout ce qui cherche à nous détourner pour voiler, dévitaliser et finalement éteindre notre communion avec Dieu, et donc l’expression de notre foi. Question : Est-ce le Seigneur qui nous gardera, ou le fait que nous demeurions fermes ? La fermeté est un commandement spirituel. 

Le chemin de la délivrance, consistera-t-il à se libérer ou à être libéré ? Trop de chrétiens piégés gémissent, prient supplient que Dieu agisse, et attendent qu’Il règle le problème.  Mais la vérité ne pourra pas nous rendre libre si nous ne faisons pas, nous-mêmes, les choix qui nous libèrent, quel qu’en soit le prix. Dans certaines circonstances, ce sont ces œuvres-là qui prouvent que notre foi n’est pas morte.

« Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot, que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel » (Matthieu 18/8). Dieu ne le fera pas à notre place, il ne le fera jamais.

Paul insiste et donne la véritable perspective spirituelle : « Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres » (Galates 5/13). C’est en vivant pour soi-même qu’on rencontre le plus grand nombre de pièges, c’est le chemin large. L’évangile consumériste est le pire piège du chrétien et c’est en vivant pour soi-même qu’on y tombe. L’évangile ancien est imprégné du modèle du sacrifice, et de l’encouragement à son imitation : Présentez/offrez vos corps en sacrifice vivant … ce qui sera votre culte agréable (Romains 12).

Prenez l’armure complète de Dieu 

Une chose aurait mérité d’être citée dans la description de l’armure de Dieu, et cette arme, c’est le jeûne, sous toutes ses formes :

« Voici le jeûne auquel je prends plaisir : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug » (Esaïe 58/6). Ce passage ne parle pas seulement des chaînes du prochain (l’autre) qu’il faut briser, mais des nôtres aussi. Il faut beaucoup d’autorité pour détacher des chaînes, dénouer des liens, rompre des jougs… Chacun de nous, pour soi-même, avons besoin de revenir sans cesse au centre (ça fait partie de la victoire), pour que l’autorité ne soit pas dans la chair, mais dans l’Esprit.

Le jeûne est toujours difficile, quel qu’il soit. Il nous rapproche de l’expérience spirituelle du désert. C’est un dépouillement volontaire, une recherche aride de la volonté de Dieu, et de la force pour l’accomplir. Le jeûne est un appel, parfois un cri, que le Seigneur entend toujours. Et c’est une bonne nouvelle pour chacun de nous, que cette armure complète de Dieu existe, et soit à notre portée : « PRENEZ l’armure complète de Dieu »… Car un ennemi mène une guerre constante, et profitera de tout recul de notre vigilance. C’est la nuit que l’ivraie est semée dans notre champ[2].

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Aggée 1/5 : « Ainsi parle maintenant l’Eternel des armées: Considérez attentivement vos voies! 6Vous semez beaucoup, et vous recueillez peu, vous mangez, et vous n’êtes pas rassasiés, Vous buvez, et vous n’êtes pas désaltérés, vous êtes vêtus, et vous n’avez pas chaud; le salaire de celui qui est à gages tombe dans un sac percé. 7Ainsi parle l’Eternel des armées: considérez attentivement vos voies!… 8Montez sur la montagne, apportez du bois, et bâtissez la maison: j’en aurai de la joie, et je serai glorifié, dit l’Eternel.…»

JeromePrekel2025©www.lesarment.com


[1] Statistiques du Ministère de l’Éducation Nationale, extrait de « Questions à propos de l’EVARS » 10/2025

[2] Matthieu 13/24

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