Note du Sarment : Ceci n’est pas un article anti-charismatique. Mais l’approche spirituelle-émotionnelle est si bien implantée aujourd’hui dans le monde chrétien qu’un tel enseignement ne peut être que décrié et taxé de fondamentalisme. Ou assurément d’exagération. Et pourtant il est essentiel. Que Dieu en bénisse la lecture. Extrait de « l’homme spirituel » de Watchman Nee (Editions Monnier).
Ceux qui font (sans s’en rendre compte) de leurs sensations le principe de leur vie s’exposent à de nombreux dangers. Le développement de la sensibilité spirituelle est gêné par la substitution d’une sensation à l’intuition de l’esprit. L’intuition ne peut être active que si l’émotivité est tranquille … A ses heures d’extase, l’enfant de Dieu sent non seulement l’amour du Seigneur, mais il a intensément conscience de son propre amour pour Lui.
Dès lors, la question qui se pose est la suivante : ce croyant aime-t-il vraiment le Seigneur quand il éprouve ce sentiment d’exultation ? Ou bien est-ce ce débordement de joie qu’il aime ? C’est Dieu, bien sûr, qui donne cette joie ; mais n’est-ce pas aussi Lui qui l’enlève ? Si notre amour pour Lui est sain, nous devons en manifester la ferveur dans quelque circonstance qu’il nous place. Si notre amour n’existe que lorsqu’il est assorti d’une sensation, peut-être qu’alors ce n’est pas Dieu que nous aimons, mais la sensation.
En outre on peut se méprendre sur la nature de cette sensation, en la prenant pour Dieu Lui-même, alors qu’il y a une grande différence entre Dieu et la joie de Dieu. Quand ses sensations se sont tues, c’est alors seulement que le chrétien se rendra compte – le Saint-Esprit le lui fera voir – que ce qu’il recherchait si sérieusement, ce n’était pas Dieu, mais la joie de Dieu. Il n’aimait pas réellement Dieu ; ce qu’il aimait, c’était la sensation que lui apportait la joie. La manifestation sensible, c’est vrai, donne le sentiment de l’amour et de la présence de Dieu, mais ce n’est pas Lui seul qu’on aime, on L’aime plutôt parce qu’on se sent rafraîchi, heureux et léger. C’est pour cela qu’on cherche à nouveau la sensation quand elle s’est retirée. Si on aime vraiment Dieu, on touche du doigt cette vérité : « Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, et les fleuves ne le submergeraient pas » (Cant. 8/7).
C’est là naturellement une des leçons les plus difficiles à apprendre. Si c’est selon Sa volonté que nous jouissons de Sa félicité, ce bienfait nous sera profitable. Mais nous ne ferons pas de grands progrès spirituels si nous trouvons notre satisfaction dans la joie que Dieu donne, plutôt qu’en Dieu, notre joie. Car ce serait témoigner plus d’estime au don qu’au donateur. Ce serait au surplus une preuve que nous continuons à vivre de notre vie psychique et n’avons pas encore saisi ce qu’est une vraie vie spirituelle. Dieu cherche à détruire toutes les idoles que nous adorons à côté de Lui. Il tient à écarter tout ce qui fait obstacle à notre marche spirituelle. Il entend nous voir vivre en Lui et non pas dans nos sensations.
Un autre danger peut se présenter pour ceux qui vivent par leurs sentiments plutôt que par leur esprit – avec le concours de la volonté. Ils peuvent être séduits par satan. Il y a là quelque chose qu’il faut absolument savoir. Satan est habile à contrefaire les sensations qui viennent de Dieu. S’il cherche à créer de la confusion dans la vie de ceux qui marchent vraiment par l’esprit, à combien plus forte raison cherchera-t-il à jouer des tours à ceux qui obéissent à leurs sentiments ! En recherchant les émotions, ils tombent directement sous l’empire de satan, qui sera ravi de leur procurer des sensations de tous genre, qu’ils prendront toutes comme venant de Dieu.
Les phénomènes sensoriels que nous avons décrits font aujourd’hui un mal considérable à la vie spirituelle du peuple de Dieu. Des chrétiens sans nombre sont tombés dans le fossé qui bordait leur chemin. Ils ont totalement ignoré que c’est dans leur esprit que le Saint-Esprit déploie son activité. Ce qui produit une sensation dans le corps vient du mauvais esprit neuf fois sur dix. Pourquoi ce piège cause-t-il tant de dommages dans l’Église ? Parce qu’au lieu de vivre dans l’esprit, on aime vivre dans les sentiments. Il faut résister à toutes les sensations corporelles, et n’ajouter foi à aucune impression d’ordre physique.
La seule direction sûre nous vient de l’intuition, dans les profondeurs de notre être.
Une observation attentive de la vie sensitive du chrétien peut mettre à nu son principe sous-jacent. Il n’est autre que « la satisfaction du moi ». Pourquoi le sentiment de joie est-il si recherché ? Pour satisfaire le moi. Pourquoi la stérilité est-elle si abhorrée ? Parce qu’il faut sauver le moi. Pourquoi recherche-t-on des sensations physiques ? Pour le moi. Pourquoi soupire-t-on après des manifestations surnaturelles ? Pour la satisfaction du moi.
Oh ! Que le Saint-Esprit nous ouvre les yeux sur ce qu’il y a de vie propre (vie naturelle) dans cette vie sensitive prétendue « spirituelle » ! Que le Seigneur nous montre, quand notre vie déborde de joyeuse émotion, que c’est encore le moi qui est au centre ! c’est l’amour du plaisir, pas autre chose ! Le caractère réel ou illusoire de la vie spirituelle peut être jugé par la manière dont nous traitons le moi …
4 comments On Les sensations spirituelles sont-elles toutes saintes ?
C’est l’invocation de l’esprit de Kundalini (le serpent ancien) passant par les sensations/ émotions (l’ouverture des chacras), ayant pour effets des mouvements incontrôlés, des rires et des tremblements du corps…. On retrouve cela dans la ‘Nouvelle Réforme Apostolique’ le Faux Saint esprit. Un mélange de Christianisme, de yoga, chamanisme et occultisme.
Voici un lien en anglais pour compléter :
https://www.renewamerica.com/columns/kimball/140223
Merci pour cet article.
Il y a effectivement des rapprochements qui sont faits avec le kundalini par certains.
https://zwiedzeni.pl/en/energia-kundalini/
Je suis d’accord avec cet article…Mais alors comment comprendre où plutôt comment expérimenter et vivre la « Paix de Dieu » qui elle aussi est un sentiment
Bonjour Armand
Dans le prolongement de la pensée de l’auteur de l’article, la paix de Dieu est un état, un repos en fait, une tranquille assurance, qui se trouve au-delà de la sphère des sentiments. Elle va bien sûr influer sur les sentiments, ce qui pourrait nous conduire à conclure qu’elle est un sentiment, mais elle est au-delà et au-dessus des sentiments.
C’est ce que signifie cette parole : «… la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence (compréhension) gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ » (Philippiens 4/7).
Pour moi, la paix est un repos, et le repos — dans le sens spirituel du terme — est toujours le résultat d’un combat de foi. C’est pourquoi Paul dit « ne vous inquiétez de rien … ET la paix de Dieu gardera vos cœurs… ».
Tout sentiment de paix, même solide, est susceptible d’être troublé et déstabilisé par les circonstances négatives, comme l’exemple de Job le montre bien. La paix de Dieu, dans mon référentiel personnel, c’est autre chose.