Conversations avec Dieu, de Neale Donald Walsch

Auréolé de ses 7 millions de ventes en 27 langues, la trilogie “Conversations avec Dieu” est un best seller mondial qui continue d’interpeller un public toujours présent, depuis 1995, date de l’édition du premier tome. Neale Donald Walsch, l’auteur, a sa page Wikipedia. Le titre est alléchant, et le lectorat est probablement constitué de curieux, mais aussi de personnes sincères en recherche, et d’un bon nombre de chrétiens évoluant à la marge du christianisme, dans cette zone où on trouve la grande foule des croyants non pratiquants, des chrétiens culturels, héréditaires, attirés par la promesse d’entendre Dieu à l’écart des sentiers trop balisés de la religion établie. On les comprend.

On m’a récemment proposé de lire ce livre dans le cadre d’un groupe de discussion chrétien, pour commentaires. J’ai pensé que je pouvais partager plus largement le résultat de mes réflexions, en les adaptant à la forme d’un article sur le site du Sarment. Ce n’est pas une critique de l’ouvrage, puisque je ne l’ai pas encore terminé. Plutôt une mutualisation de ressources:).

P. 14 / c’est Neale Donald Walsch qui parle :
À ma grande surprise, pendant que je griffonnais la dernière de mes questions amères et insoluble, et que je m’apprêtais à poser la plume, ma main est restée suspendue au-dessus du papier, comme retenue par une force invisible. Soudain, la plume s’est mise à bouger d’elle-même (italique dans l’original). Je n’avais aucune idée de ce que j’étais sur le point d’écrire, mais comme une idée semblait émerger, j’ai décidé de la laisser se dérouler. Et c’était … «Veux-tu vraiment une réponse à toutes ces questions ou es-tu simplement en train de te défouler ?»

Commentaire 1: le processus décrit ici est identifié comme celui de «l’écriture automatique» qui est un mode de retranscription dans lequel n’interviennent ni la conscience ni la volonté. Ce processus a au moins cinq champs d’application différents : littérature, psychologie, peinture, parapsychologie ou autohypnose.
Extrait de la définition donnée par Wikipedia : « en tant que phénomène spirite, l’écriture automatique est appelée psychographie. L’écriture automatique était une pratique spirite déjà rapportée par Hippolyte Taine dans la préface de la troisième édition de son ouvrage De l’intelligence paru en 1878 : « Il y a une personne qui, en causant, en chantant, écrit sans regarder son papier des phrases suivies et même des pages entières, sans avoir conscience de ce qu’elle écrit. À mes yeux, sa sincérité est parfaite ; or, elle déclare qu’au bout de sa page, elle n’a aucune idée de ce qu’elle a tracé sur le papier. Quand elle le lit, elle en est étonnée, parfois alarmée… Certainement on constate ici un dédoublement du moi, la présence simultanée de deux séries d’idées parallèles et indépendantes, de deux centres d’actions, ou, si l’on veut, de deux personnes morales juxtaposées dans le même cerveau ; chacune a une œuvre, et une œuvre différente, l’une sur la scène et l’autre dans la coulisse ». Le dédoublement de personnalité est considéré différemment selon les écoles psychanalytiques ; dans le spirituel il entre parfois dans le champ des possessions.

Suite page 14 / c’est Neale Donald Walsch qui parle :
sans m’en rendre compte, je venais d’amorcer une conversation … et je n’écrivais pas vraiment : je prenais une dictée (en italique dans l’original). Cette dictée s’est poursuivie pendant trois ans.

Commentaire 2 : l’auteur confirme bien le processus de transmission, sans interférence de l’instrument (lui-même). Ce qui fera dire à NDW qu’il n’est pas l’auteur du livre, mais le médium.

Page 15 / c’est Neale Donald Walsch qui parle :
Au moment où j’écris ces lignes, ces conversations se poursuivent encore. Et on en trouve une grande partie dans les pages qui suivent … des pages qui contiennent un ahurissant dialogue, qui, au départ, m’a laissé incrédule, puis qui m’a semblé n’avoir qu’une valeur personnelle, mais qui, je le comprends maintenant, n’était pas destiné qu’à moi. Il vous était destiné, à vous et à tous ceux qui sont entrés en contact avec ce livre.

Commentaire 3: l’auteur comprend qu’il est l’instrument d’un message universel — et les résultats des ventes démontrent combien les gens y ont été sensibles. Si le message est bon, c’est une formidable diffusion. S’il est mauvais, ce sera une catastrophe.

Face à cet ouvrage, trois choix sont possibles au lecteur. Le premier consiste à accepter de croire que c’est Dieu qui parle au travers de l’intermédiaire de l’auteur, ce qui impliquera que TOUT est absolument vrai, puisque c’est Dieu qui parle. Ce qui va donner à ce livre un statut quasi biblique, qui va requérir toute notre attention … Et qui va inhiber plus ou moins inconsciemment notre esprit critique : car qui sommes-nous, après tout, pour contredire Dieu ? Surtout si “Dieu” emploie des phrases tarabiscotées qu’il faut lire plusieurs fois avant de piger l’idée.

Mais s’il se trouve de l’erreur dans le discours, des erreurs plus ou moins importantes et plus ou moins nombreuses, alors c’est l’ensemble qui devra être remis en question, parce que Dieu, par définition et par essence, ne peut PAS commettre d’erreur. Dans ce cas donc, le lecteur devra rejetter l’intégralité : c’est le second choix.

Quant à la troisième possibilité, celle qui consiste à prendre ce qui est bon et à rejeter le reste, elle ne pourrait se justifier que sur la base de la défaillance de l’auteur  (l’erreur est humaine) et qui aurait mal fait son travail d’écoute-retranscription. Mais cet argument, qui est normalement recevable, ne peut pas être invoqué ici, à cause du procédé de transmission qu’est l’écriture automatique, dans lequel le conscient humain n’entre pas en jeu (commentaires 1 et 2). En effet, NDW clame partout qu’il n’est pas l’auteur, et qu’il s’est contenté de laisser sa main écrire, sans la contrôler. Cette fausse troisième option tombe donc, et il ne reste plus que deux possibilités : tout prendre, ou tout laisser.

Page 15 / c’est «Dieu» qui parle :
«Je parle à chacun. Tout le temps. La question n’est pas : à qui je parle, mais : qui écoute ?»
Intrigué j’ai demandé à Dieu de développer ce sujet. Voici ce que Dieu a dit :
«Tout d’abord, remplaçons le mot “parler” par “communiquer”. C’est un bien meilleur terme, plus riche, plus précis. Lorsque nous essayons de nous parler, (Moi à toi, toi à moi), nous sommes immédiatement contraints par l’incroyable limite des mots. Voilà pourquoi je ne communique pas seulement en paroles. En réalité, je le fais rarement. Je communique plus souvent par le sentiment. »

Commentaire 4 : Pour quelqu’un qui se sert rarement des mots, le dieu de Neale est ici plutôt prolixe. Il va faire donc avec NDW une sévère entorse à ses habitudes, en entraînant l’auteur dans la rédaction de pas moins de 3 tomes (+ tous les textes qui font partie de la collection, voir le site commercial — pardon : internet de l’auteur). “Dieu” devait être frustré après tous ces siècles de silence, alors il est venu papauter avec Neale (erreur orthographique volontaire).

Suite page 15 / c’est «Dieu» qui parle :
«Le sentiment est le langage de l’âme. Si tu veux savoir ce qui est vrai pour toi en ce qui concerne une chose précise, observe comment tu te sens par rapport à celle-ci. Page 16 : Les sentiments sont parfois difficiles à découvrir (et souvent même plus difficiles à reconnaître). Mais ta vérité suprême se trouve tapie dans tes sentiments les plus profonds. Il s’agit d’arriver à ces sentiments. Je te montrerai comment. À nouveau. Si tu le souhaites.»
J’ai alors dit à Dieu que je le souhaitais vraiment mais, qu’à présent, je souhaitais encore davantage recevoir une réponse — complète à mes questions. Voici ce que Dieu me dit :
«Je communique aussi par la pensée. La pensée et les sentiments ne sont pas la même chose, même s’ils se produisent parfois en même temps. En communiquant par la pensée, j’utilise souvent des images. C’est pourquoi les pensées sont plus efficaces que les seules paroles, en tant qu’outil de communication. En plus des sentiments et des pensées, j’utilise également le véhicule de l’expérience pour communiquer intensément.»

Commentaire 5 : étrange que le dieu de Neale ne parle pas ici d’un des moyens extraordinaires et privilégiés dont Dieu se sert depuis la nuit des temps pour communiquer avec l’homme : la création. De tout temps, les hommes ont vu dans la nature “le livre de la gloire de Dieu” qui tour à tour nous interpelle par les merveilleuses perfections des équilibres et par les similitudes existant entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Qui nous attire au bord de l’éternité et qui nous en fait simplement ressentir le vertige, sans rien en voir jamais. Et qui nourrit notre soif de transcendance.
Étrange que ce discours “divin” élève au rang de vérité ce que les hommes considèrent comme la plus grande forteresse de la subjectivité : le sentiment.
Vérité et subjectivité ne peuvent pas faire bon ménage, et cette association bizarre résiste mal à l’aphorisme populaire : le senti … ment ! Parce que la sphère du sentiment est trompeuse, comme chacun sait. Elle aura besoin d’un arbitrage extérieur, et pas forcément celui du visible. Le sentiment est probablement à l’origine de la Chute, alors même qu’il était pur.

C’est «Dieu» qui parle :
«Finalement, lorsque les sentiments, les pensées et l’expérience échouent, j’utilise des paroles. En vérité, les paroles sont l’outil de communication le moins efficace. C’est l’outil le plus souvent ouverts à l’interprétation, le plus souvent mal compris. Pourquoi donc ? À cause de la nature des paroles. Les paroles ne sont que des émissions de sons : des bruits qui représentent les sentiments, les pensées, les expériences. Ce sont des symboles. Des signes. Des insignes. Elle ne sont pas la vérité. Elles ne sont pas ce qu’elles représentent. Les paroles peuvent t’aider à comprendre quelque chose. L’expérience te permet de connaître. Cependant il y a des choses dont tu ne peux faire l’expérience. Je t’ai donc donné d’autres outils de connaissance. On les appelle les sentiments. Et les pensées.
L’ironie suprême, c’est que tu aies accordé autant d’importance à la parole de Dieu, et si peu à l’expérience. En fait, tu accordes si peu de valeur à l’expérience que, lorsque ton expérience de Dieu diffère de ce que tu as entendu dire de Dieu, tu écarte automatiquement l’expérience et tu acceptes les paroles, tandis que ce devrait être exactement le contraire.»

Commentaire 6 : la mise en asymétrie de la Parole de Dieu (on parle ici de la Bible) et de l’expérience personnelle de la vérité, basée sur les sentiments humains, est un morceau d’anthologie. Une sorte de signature, un sceau qui est placé là, dès le début de ces “communications avec Dieu,” et qui atteste que ce dieu n’a pas grand chose à voir avec celui de la Bible. Certes il sait construire son discours et émailler son propos de quelques vérités intéressantes (on n’attire pas les mouches avec du vinaigre) mais pour ce qui est de la cohérence avec des révélations qui ont fait leurs preuves, il faudra repasser.

L’expérience de Dieu est évidemment importante et même indispensable à la relation avec Dieu. On peut même aller jusqu’à concéder qu’un attachement “fermé” ou absolutiste à la Parole de Dieu peut devenir toxique, comme l’ont bien démontré les pharisiens qui ont comploté, avec l’occupant romain, pour faire crucifier le fils de Dieu. Mais on ne peut pas et on ne doit pas se servir des ces réalités pour réduire l’importance de la Parole de Dieu, qui demeure le vecteur principal de la connaissance de Dieu, le lien qui unit les hommes au créateur, s’ils ne s’en saisissent ni comme un livre, ni comme une idole. Mais comme l’écrin de la sagesse qui y est cachée.
Contrairement à ce que dit le dieu de NDW, on n’accorde jamais trop d’importance à la Parole de Dieu. C’est justement parce que les gens n’entrent pas en relation personnelle avec la Parole de Dieu qu’ils ne connaissent pas Dieu. Elle reste alors un livre fermé. Jésus-Christ est appelé «la Parole faite chair» (Jean 1/14), que le même apôtre appelle également «Dieu manifesté en chair» : « Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élévé dans la gloire» (1 Timothée 3/16). La Parole de Dieu (la Bible) EST importante.

Citation du livre de NDW : «Ton expérience et tes sentiments à propos de quelque chose représente ce que tu en sais de manière factuelle et intuitive. Les paroles ne peuvent servir qu’à symboliser ce que tu sais, elles peuvent souvent embrouiller ce que tu sais.»

Commentaire 7 : le dieu de Neale ignore sans doute le proverbe qui dit “ce qui se conçoit bien s’énonce clairement”. Non, le langage n’embrouille pas, mais il clarifie. Comment le Dieu qui a créé l’homme à son image, c’est-à-dire notamment en le dotant d’un langage avec lequel il dominait sur la création, ayant été fait “de peu inférieur aux anges” (Hébreux 2/6), comment ce Dieu peut-il dénigrer la parole ? Les rabbins disent que Dieu, justement, est une parole, une parole vivante (le davahr, la Chose Réelle) comment ce Dieu-parole pourrait-il dénigrer la parole ? La Genèse dépeint un monde intégralement créé par la Parole de Dieu : pourquoi ce Dieu jetterait-il la moindre ombre sur la parole ? Tout cela pour lui substituer le sentiment subjectif et l’expérience personnelle qui ne l’est pas moins ?


Citation du livre de NDW : «La difficulté, c’est de connaître la différence entre les messages de Dieu et les données provenant d’autres sources. Cette distinction devient simple lorsqu’on applique une règle de base : Ta Pensée la Plus Élevée, ta Parole la Plus Claire, ton Sentiment le Plus Magnifique viennent toujours de Moi. Tout le reste provient d’une autre source.»

Commentaire 8 : les majuscules sont dans l’original, comme pour sacraliser les bonnes pensées, les bonnes paroles et les bons sentiments. En gros, le dieu de NDW dit ici que le meilleur de l’homme, vient de Lui. On ne sait pas si ça concerne tous les hommes, ou seulement les croyants.

Le Dieu de la Bible communique les choses différemment : il dit que tous les hommes ont péché et qu’ils sont tous perdus, c’est-à-dire séparés, privés de la gloire de Dieu (et donc que Dieu ou le divin n’est PAS dans l’homme, dans son état naturel). Seule, la reconnaissance de l’œuvre et de la personne de Jésus-Christ peut restaurer la relation avec Dieu. La Bible parle alors de “régénération”, de “nouvelle naissance”, de “résurrection”, d’homme nouveau (ou de nouvel homme). Et c’est alors seulement qu’une communion est possible. Nul ne peut voir le royaume de Dieu (ou l’entendre) s’il ne naît de nouveau (Jean 3/3). Jésus parlait aux foules en paraboles, et en mystères, ajoutant souvant : «que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende». Parce que l’homme naturel n’entend pas Dieu (dans le sens de le comprendre). Et ne le comprenant pas, il ne peut pas le connaître.

Page 20 / dialogue entre l’auteur et «Dieu»
Neale Donald Walsch :
Pourquoi certaines personnes, comme le Christ, par exemple, semble-t-elle entendre un plus grand nombre de tes messages que d’autres ?
«Parce que certaines personnes veulent écouter. Elles veulent écouter et veulent demeurer ouvertes à la communication même lorsqu’elle paraît effrayante, tordue, ou tout à fait erronée.»

Neale Donald Walsch :
Nous devons donc écouter Dieu, même lorsque ce qui est dit semble faux ? «Surtout lorsque ça semble faux. Si tu crois avoir raison à propos de tout, pourquoi parler à Dieu ? Vas-y, conforme-toi à ce que tu sais que tu as fait cela depuis le début des temps. Et vois dans quel état se trouve le monde. Il est évident que quelque chose t’a échappé. De toute évidence, il y a quelque chose que tu ne comprends pas. Ce que tu comprends vraiment doit te sembler vrai car vrai est un terme que tu utilises pour désigner une chose que tu acceptes. Par conséquent, ce que tu n’as pas saisi apparaîtra, au départ, faux.»

Commentaire 9 : Compliqué ! mais au milieu de ces explications fumeuses, une phrase se détache nettement : nous devons écouter « Dieu » même – et surtout – lorsque ce qu’il dit nous semble faux. Un dieu qui nous vend “l’effrayant, le tordu ou le complètement erroné” pour de la vérité : il fallait oser. Phrase collector ! Comme disait Joseph Goebbels : « Plus le mensonge est gros, plus il passe … ».

Page 21 / c’est «Dieu» qui parle :
«Tu ne pourras connaître Dieu que lorsque tu cesseras de te dire que tu connais déjà Dieu. Tu ne pourras entendre Dieu que lorsque tu cesseras de croire que tu as déjà entendu Dieu. Je ne pourrais te dire Ma Vérité que lorsque tu cessera de me dire la tienne.»
Neale Donald Walsch : Mais ma vérité à propos de Dieu vient de toi.

«Qui a dit cela?»

Neale Donald Walsch :

D’autres.

«Quelles autres ?»

Neale Donald Walsch :
Des leaders. Des pasteurs. Des rabbins. Des prêtres. Des livres. La Bible, pour l’amour du ciel !

«Ce ne sont pas des sources autorisées.»

Neale Donald Walsch :
Ah non?
«Non.»
Neale Donald Walsch :
Alors quelles sont ces sources ?

«Écoutes tes sentiments. Écoute tes pensées les plus élevés. Écoute ton expérience. Chaque fois que l’un ou l’autre diffère de ce que tu as appris de tes enseignants, ou lu dans tes livres, oublie les paroles. Les paroles sont les moins fiables de toutes les sources de vérité.»

Commentaire 10 : Avec cette déclaration hallucinante, le dieu de Neale prend position contre la Bible, disant qu’elle n’est pas une source autorisée. Je pense que le lecteur chrétien (et quel qu’il soit d’ailleurs) pourra refermer ce livre à cette page 21. Sans regrets. Pour les autres, qui chercheraient une autre voie, et un autre Dieu, cet ouvrage va sans doute tenir ses promesses.

Page 23 / c’est «Dieu» qui parle :
«Les gens s’imaginent que Je suis ce qu’ils voient de Moi, plutôt que ce qu’ils ne voient pas. Mais je suis le Grand Invisible, et non la forme que je revêts un moment donné. En un sens c’est du ne-suis-pas que je viens et auquel je retourne toujours».

Commentaire 11 : encore une phrase collector. Si le Grand Invisible vient du “ne-suis-pas”, alors cela signifie … qu’il n’est pas ! Tandis que le Dieu de la Bible dit exactement le contraire : « Je suis celui qui suis (qui est de toute éternité). Et il ajouta: C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël: Celui qui s’appelle « je suis » m’a envoyé vers vous.» (Exode 3/14). Difficile de trouver plus évidente contradiction entre le Dieu révélé dans la Bible et le dieu de Neale !

Page 24 / c’est «Dieu» qui parle (à propos de la prière):
«Tu ne recevras pas ce que tu demandes et tu n’auras rien de ce que tu veux parce que ta demande est l’affirmation d’un manque … La prière adéquate n’est jamais une prière de supplication, mais une prière de gratitude. Lorsque tu remercies Dieu à l’avance pour une expérience que tu choisis de faire dans ta réalité, en fait tu reconnais qu’elle s’y trouve … en réalité.»

Commentaire 12 : Jamais de prière de supplication : le contentieux avec la Bible s’épaissit, car les Écritures disent exactement le contraire. Les auteurs néotestamentaires ne réduisent pas la prière à des supplications, bien sûr, mais la supplication en est une des composantes. Même Jésus a prié, et il n’a pas donné l’exemple de prières exclusivement centrées sur la gratitude (lire Luc 22/41 à 44).

Matthieu 7/7 : «Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. 8Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe.»

Matthieu 18/19 : «Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux.»

Matthieu 21/22 : «Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez.»

Marc 11/24 : «C’est pourquoi je vous dis: Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir.»

Philippiens 4/5 : «Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. 6Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.»

Éphésiens 6/18 : «Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints.»

1 Timothée 2/1 : «J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes»

Page 26 / c’est «Dieu» qui parle (à propos de lui-même):
«Si tu crois que Dieu est un être tout-puissant qui entend toutes les prières, dit “oui” à certaines et “non” à d’autres et “peut-être, mais pas maintenant” au reste, tu te trompes. … Si tu crois que Dieu est le créateur et le décideur de toutes choses dans ta vie, tu te trompes.»

Commentaire 13 : Encore une mise en opposition dangereuse et fausse. Oui, Dieu est tout-puissant et entend les prières. Et ceux qui, en sont nom, disent le contraire portent la marque de la malédiction. Oui, Dieu exauce ou n’exauce pas, selon des critères qui sont assez clairs à ceux qui marchent avec Lui et qui connaissent les Écritures.

En revanche, il est exact que l’être humain récolte ce qu’il sème et que bien des choses se produisent dans une existence à cause de bons ou de mauvais choix. est le responsable de ses actes et de ses choix. Ce n’est pas Dieu qui écrit les pages de notre livre, mais c’est nous-mêmes.

Page 27 / c’est «Dieu» qui parle :
«Dieu t’a donné le libre choix de faire ce que tu veux de ta vie. En ce sens, ta volonté en ce qui te concerne est la volonté de Dieu en ce qui te concerne. C’est la grande illusion dans laquelle tu t’es engagé : que Dieu se soucie, d’une façon ou d’une autre, de ce que tu fais.»

Commentaire 14 : Ici encore le mélange de l’erreur et de la vérité (si on considère que la Bible contient la vérité, c’est-à-dire une somme de révélations divines confiées aux hommes sur plusieurs siècles et rassemblées dans un livre).
La vérité : “Dieu t’a donné le libre choix de faire ce que tu veux de ta vie”, car nous sommes responsable de nos choix et de nos actes.
L’erreur : “ta volonté en ce qui te concerne est la volonté de Dieu en ce qui te concerne”. En d’autres termes : ta volonté, c’est la volonté de Dieu !

Cette phrase trahit la source de celui qui la prononce, et qui murmure à l’oreille de l’être humain depuis les origines : vous serez comme des dieux, si vous écoutez ma voix (Genèse 3/5).

Oui, le chemin de la spiritualité du dieu de Neale Walsch est celui-ci, en disant à l’homme : ta volonté est divine. Il s’agit d’un chemin qui commence comme une divergence d’avec le Créateur, dont la volonté pour l’homme est différente de la volonté qui se trouve en lui-même : « Je dis donc: Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez» (Galates 5/16, 17) et aussi « Je trouve donc en moi cette loi: quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres» (Romains 7/21 à 23).

La divergence fondamentale de vision (ou de chemin, pour garder cette image) démontre que le dieu de Neale Walsch n’est pas le Dieu de la Bible, et qu’il faut donc prendre ces conversations avec la plus grande prudence. Sans un arrière-plan biblique solide et une expérience réelle et vivante avec le Dieu vivant, il est même recommandé de refermer le livre et de le confier au pilon.
La troisième phrase citée est un nouveau mensonge spirituel : “C’est la grande illusion dans laquelle tu t’es engagé : que Dieu se soucie, d’une façon ou d’une autre, de ce que tu fais”. Voilà ce que répond la révélation biblique du Dieu qui nous aime : «Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable; et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous.» (1 Pierre 5/6). Ainsi, le dieu de Neale Wasch prend ici une position ANTICHRIST (ou anti-Dieu de la Bible) en qualifiant “d’illusion” la foi que Dieu cherche à susciter dans les cœurs des croyants qui ont choisi la voie de Jésus et ses enseignements (et ceux des disciples auxquels il a confié Son Esprit.
Graduellement, les “conversations avec Dieu” passent d’échanges innocents à propos d’une sorte d’alternative de la foi, à une remise en question objective des révélations millénaires bibliques contenues dans le judaïsme et le christianisme originel.

La vitrine est prometteuse, mais l’arrière-boutique est pleine de produits avariés.

Page 28 / c’est «Dieu» qui parle :
«Telle est la seconde grande illusion de l’homme : que le résultat de la vie soit douteux. C’est ce doute quant au résultat ultime qui a créé ton plus grand ennemi : la peur. Car si tu doutes du résultat, alors tu dois douter du Créateur : tu dois douter de Dieu. Et si tu doutes de Dieu, tu dois passer toute ta vie dans la peur et la culpabilité. Si tu doutes des intentions de Dieu (et de la capacité de Dieu de produire ce résultat ultime) alors comment pourras-tu jamais te détendre ? Comment pourras-tu jamais véritablement trouver la paix ? Mais Dieu a le pouvoir absolu de faire concorder les intentions avec les résultats. Comme tu ne peux le croire et que tu ne le croiras pas (même si tu prétends que Dieu est tout-puissant), tu es obligé de créer en imagination une force égale à Dieu pour faire en sorte que la volonté de Dieu soit contredite. Ainsi, tu as créé dans ta mythologie, l’être que tu appelles «diable».»

Commentaire 15 : L’opération de révisionnisme chrétien continue avec ce paragraphe qui tente de déconstruire le modèle révélé dans la Bible, et d’escamotter en passant l’existence du diable. C’est le moment sans doute de citer Charles Baudelaire : « Mes chers frères, n’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! ».

Deux axes de compréhension peuvent être dégagés :

1) Si le dieu de Neale s’adresse à l’ensemble des croyants, nous sommes dans une entreprise de déconstruction de la foi traditionnelle, sous les apparences “lumineuses” d’une nouvelle révélation du tout. Une sorte de transformation de la perception et de la compréhension du christianisme , en une ou deux éditions. Du point de vue chrétien, cette entreprise de déconstruction est à classer clairement dans les hérésies. Voici ce qu’on en dit dans la Bible :

« Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine» (2 Pierre 2/1).

2) Si le dieu de Neale parle à l’ensemble des hommes, croyants ou pas, la démarche n’est pas moins grave, car ses nouvelles conceptions sur la vie, le bonheur — et donc le salut — effacent la nécessité de reconnaître Christ, sa vie et sa mort rédemptrice. En cela le dieu de Neale confirme l’aspect antichrist de son message. Cette porte étant clairement ouverte, ces livres font partie d’une volonté spirituelle que la Bible qualifie de ténébreuse, car elle ferme le vraie chemin du Salut. « Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair. Celui qui est tel, c’est le séducteur et l’antéchrist» (2 Jean 1/7).

Le dieu de Neale dit ici : «Telle est la seconde grande illusion de l’homme : que le résultat de la vie soit douteux». Cette phrase annule la vérité biblique qui dit que l’homme est pécheur par nature, c’est-à-dire séparé de Dieu (raison pour laquelle il ne le voit pas et ne l’entend pas, et donc ne le comprend pas) : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3/23). Cette affirmation est la continuité de ce que le serpent a dit à Eve dans le jardin d’Eden : tout va bien se passer, il n’y a pas de risque, vous ne mourrez pas, la fin ne peut pas être douteuse ou négative, au contraire !
Et c’est justement en doutant du risque, en doutant de l’avertissement divin qui projetait des perspectives négatives, et en écoutant la voix de l’illusion du serpent ancien, que la peur et la honte sont entrées dans l’humanité : « Il répondit: J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché » (Genèse 3/10).

En affirmant que le diable n’existe pas, mais qu’il est le produit de l’imagination humaine, le dieu de Neale relègue la Bible au rang des mythologies, ce qui équivaut pour lui à se positionner au-dessus du Dieu des Écritures, et d’inviter ses lecteurs à faire de même. C’est cela, le fond de la pensée antichrist : « Que personne ne vous séduise d’aucune manière; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu » (2 Thessaloniciens 2/3, 4).

Conclusion temporaire : Au bout d’une trentaine de pages, la lecture devient pénible pour le chrétien habitué à l’univers biblique. L’intention très claire  qu’on découvre dès les toutes premières pages, de réduire ou de combattre frontalement les fondamentaux bibliques porte une signature ancienne, comme expliqué dans les divers commentaires. Il peut s’appeler « dieu » puisque la Bible le nomme «le dieu de ce siècle» (2 Corinthiens 4/4).

On pourra sans doute me reprocher de prendre une position publique sans avoir lu l’intégralité de l’œuvre, et ce ne sera pas complètement infondé. Disons qu’il me semble inutile d’aller plus loin, et de m’infliger davantage de contrariétés : les 30 premières pages suffisent largement pour rejeter la totalité, l’intégralité des enseignements et témoignages contenus. Oui, sans avoir tout lu. Parce que je n’ai pas besoin de lire « Mein Kampf » pour conseiller de ne pas le faire.

Un livre de sagesse de l’ancien Testament dit que l’oreille éprouve les discours comme le palais goûte les aliments (Job 34): c’est vrai. C’est ce qui permet de dire aujourd’hui  que cette nourriture est mauvaise, qu’elle n’apportera aucune santé spirituelle et que les bienfaits qu’elle procurerait éventuellement ne compenserons pas le niveau d’empoisonnement spirituel.

4 comments On Conversations avec Dieu, de Neale Donald Walsch

  • J’ai trouvé ton analyse de CAD très intéressante, et plutôt juste.
    Et dire que j’ai pourtant globalement aimé la lecture de cette trilogie…

    • Merci Valentin pour la réaction. Effectivement, je connais moi aussi des chrétiens qui ont aimé. Mais pour ces qui connaissent les Écritures, il y aura forcément des choses qui ne passeront pas. Et si Jésus dit des choses qui ne collent pas … avec les paroles de Jésus : cherchez l’intrus !
      Fraternellement/JP

  • Merci, mille fois merci pour ce texte. J’ai retrouvé notre Seigneur et Sauveur après une longue station dans le mode de pensée et la vision du monde et de « dieu » énoncés dans le livre de NdW (New démonic Word/World ?). Après avoir retrouvé Jésus, j’avais besoin de me documenter sur les origines de cette pensée qui s’infiltre dans le monde, et même jusque dans les églises. J’avais en outre besoin de trouver refuge dans les Ecritures, mais je ne savais pas bien où chercher…
    Votre texte m’apporte les éclairages dont j’avais besoin. Assurément, je n’ai pas fini de vous lire.
    Bien à vous,
    Nathalie

    • Merci Nathalie pour ce commentaire. Sur la toile, la recherche « conversations avec Dieu » voit l’article du Sarment en première page : espérons que ça puisse servir ! Que Dieu bénisse encore les avertissements (celui-ci et d’autres) fondés sur les Écritures, et que les nourritures empoisonnées soient partout dénoncées ! Bénédictions. JPrekel

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