Un « pasteur évangélique » de la région parisienne condamné à 3 ans de prison

Ce triste fait divers n’a de place sur un site d’édification chrétienne que pour les enseignements que nous pouvons en tirer, et ils sont importants. Il est l’illustration du résultat de fausses croyances et doctrines, et du culte de la personnalité de responsables peu scrupuleux, qui abusent de la faiblesse de chrétiens crédules, pensant faire acte de foi en les suivant. 

Les guillemets s’imposaient pour ce titre, afin de ne pas confondre un pasteur et un « pasteur »… Ce n’est pas la même chose.

Les faits

Le 18 janvier dernier, le tribunal de Créteil a condamné le « pasteur évangélique » d’origine congolaise Charles Bameko, de l’Eglise de « la Bonne Semence Transmise » de Pantin (Seine-Saint-Denis) à trois ans de prison avec sursis. Sa femme a écopé d’une peine d’un an et demi avec sursis. Le couple a détourné plus de deux millions d’euros, des dons des fidèles qui n’auraient pas été utilisés pour faire l’œuvre de Dieu « mais pour assouvir le train de vie du couple et sa cupidité » selon le réquisitoire du tribunal — appuyé par la découverte de cent-quarante paires de chaussures et produits de luxe à leur domicile.

Le « pasteur », dont la chaine Youtube Bostra TV compte plus de 192 000 abonnés, et qui fait le plein de son église le dimanche, à Pantin, a donc été condamné pour abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment de fraude fiscale, pour des faits qui se sont produits entre 2019 et 2022. Les sommes astronomiques sont constituées par des milliers de dons de fidèles perçus dans le cadre de ses activités religieuses, y compris en ligne. Ces virements étaient ventilés sur plusieurs comptes (personnels, professionnels et associatif au nom de l’église) et avaient fait l’objet d’un signalement de Tracfin.

Commentaire du Sarment

Les pasteurs et les anciens sont appelés à être les modèles et les protecteurs du troupeau. De telles condamnations vont apporter de l’eau au moulin des détracteurs de la foi, et des églises évangéliques , comme le déplorait déjà l’apôtre Paul à son époque : « Toi qui te fais une gloire de la loi (de la Parole de Dieu), tu déshonores Dieu par la transgression de la loi (de la Parole de Dieu)! Car le nom de Dieu est à cause de vous blasphémé parmi les païens, comme cela est écrit » (Romains 2/23, 24). 

La Bible dit que ceux qui enseignent seront jugés plus sévèrement que les autres : mais que se passera-t-il pour les escrocs qui abusent de la crédulité des enfants de Dieu « au nom de Jésus » ?… Ils devraient trembler, s’ils savaient ce qu’ils font. Pour le « pasteur » en question, la justice ne lui a pas interdit d’exercer : il a donc repris tranquillement ses activités.

Les églises ethniques

Ce cas pose une fois de plus la question sensible des églises ethniques, qui vivent l’évangile à la sauce culturelle, avec le risque du repli identitaire. Les églises ethniques sont des communautés bienvenues, principalement composées de migrants de première ou deuxième génération qui célèbrent un culte dans leur langue maternelle, et qui devraient être transitoires, le temps de l’adaptation. Pour le site Le bon combat, le modèle biblique est plutôt une assemblée locale pluriethnique, et multiculturelle. 

L’église ethnique (et particulièrement africaine) est un espace chrétien parcouru de résurgences culturelles qui ne survivraient pas dans un modèle pluriethnique : polygamie, pratiques ancestrales comme le culte des ancêtres, ou encore certains éléments de superstition populaire (démonologie exacerbée, astrologie, etc.), bien plus répandues qu’on ne le pense, ou encore la poursuite de la prospérité, qui est probablement un rouage du cas présent. On y chasse beaucoup l’esprit de pauvreté, et on revendique à grand renfort de prières, la prospérité et la domination qui revient, dit-on, aux enfants de Dieu. Le modèle de Jésus, qui n’avait pas un endroit où reposer sa tête, est probablement passé sous le radar de ces prédicateurs.

Capture écran du compte Facebook de l’église « La bonne semence transmise »

Nous encourageons ces croyants à rejoindre autant que possible des églises multiculturelles, et de ne pas accorder foi à l’évangile de poursuite de la prospérité, qui n’est pas biblique. Bien que leur culture les y incite parfois, ils doivent se défier du culte des personnalités, des pasteurs tout-puissants, des appels à l’argent incessants, et de la prière de délivrance, qui sert souvent à les maintenir liés à de fausses croyances, et dans la dépendance du groupe. Et ce n’est pas parce qu’on ne crie pas dans une église multiculturelle que Dieu y est moins présent. Jésus a chassé beaucoup de démons sans vociférer, au contraire : dans l’Évangile, ce sont les démons qui crient.

Que le Seigneur guide chacun dans la glorieuse liberté des enfants de Dieu.

JérômePrekel2024©www.lesarment.com

1 comments On Un « pasteur évangélique » de la région parisienne condamné à 3 ans de prison

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