Faut-il utiliser l’Intelligence Artificielle dans nos ministères ? demande HelloBible.
HelloBible se définit comme « votre assistant biblique 24/24 » pour vous aider à « explorer la Bible en profondeur ». J’en ai parlé ici, et si j’en reparle aujourd’hui, c’est parce que j’ai été associé à son développement, d’une certaine manière : moi aussi j’ai testé l’appli, et j’ai tenté, comme on me le proposait, « d’engager des conversations profondes avec la Parole de Dieu, personnalisées grâce à l’IA ». Mon adresse mail est donc entrée dans la (grande) base de données du groupe; et depuis, je suis régulièrement contacté puisque le fondateur, Eric Célerié himself, m’envoie des mails personnels pour me tenir au courant du projet, et m’expliquer ce qu’il faut penser de tout ça, l’intelligence artificielle, etc. Et aujourd’hui, l’envie me prend de lui répondre, façon dialogue : ci-joint l’un de ses derniers courriels, et ma réponse en forme de lettre ouverte, pour alimenter le débat :
« Bonjour Jerome,
Faut-il utiliser l’Intelligence Artificielle dans nos ministères ?
C’est une question que j’ai abordée lors de mon intervention dans un atelier du Congrès de Lausanne pour l’évangélisation du monde.
Sous l’étiquette “IA”, se cachent en réalité plusieurs concepts très différents. L’IA générative, celle dont je parle, n’a en soi aucune véritable intelligence. Elle reste un outil, un algorithme. Mais comme tout outil entre nos mains, elle peut devenir extraordinairement puissante lorsqu’elle est utilisée sous l’inspiration du Saint-Esprit.
Le saviez-vous ? Le mot “artificiel” vient du latin “artificialis, signifiant “fait avec art”. Par nature, ce qui est artificiel se distingue de ce qui est créé directement par Dieu – les arbres, les montagnes, la mer. Pourtant, tout ce que l’homme crée – une maison, une voiture, un livre, un smartphone – entre dans cette catégorie de l’artificiel. Ce que nous fabriquons peut, certes, être marqué d’un certain art humain, mais que se passe-t-il quand l’Esprit Saint y ajoute Son souffle créatif ?
C’est ainsi que des inventions comme la presse à imprimer ou les applications bibliques sur smartphone ont transformé la diffusion de la Parole de Dieu. Nous pourrions même imaginer un nouveau terme : “spiriticiel”, une technologie façonnée par l’homme mais animée par l’Esprit de Dieu.
Je prie que HelloBible devienne un véritable outil spiriticiel, une rencontre entre la théologie et la technologie, capable de conduire des millions de personnes dans l’univers inspiré et vivifiant de la Parole vivante du Dieu vivant. N’ayons pas peur de la technologie, quand elle est utilisée pour le bien, pour la gloire de Dieu et l’avancement de Son Royaume.
Comme il est dit dans la Parole : “Car ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées.” (Zacharie 4:6) Par Son Esprit… Que cette vérité nous guide alors que nous cherchons à combiner sagesse spirituelle et innovation technologique pour un impact global. Que le Seigneur vous bénisse toujours plus,
Éric Célérier, Fondateur, HelloBible »
Réponse du Sarment :
Faut-il utiliser l’IA dans nos ministères ? La réponse à la question est certainement multiple, parce qu’il y a du bon et du moins bon, raison pour laquelle on ne devrait applaudir que d’une main : parce qu’il y a quand même quelques réticences à émettre, au milieu d’une belle exaltation. Et ceux qui s’inscrivent dans la contradiction ne sont pas forcément opposés à la technologie, ou figés par la peur du modernisme.
Une considération d’ordre général et une objection éthique
Un peu partout, la révolution de l’intelligence artificielle fait bouger les lignes et entraîne de grands progrès, mais également la disparition d’emplois, voire parfois de secteurs entiers. On pense aux traducteurs, aux rédacteurs, aux graphistes, aux créateurs (pour ne parler que de ce qui m’est familier). Mais aussi à toutes sortes de conseillers — dont le pasteur fait partie. Je trouve qu’on passe un peu vite sur la commotion socio-culturelle, avec ses drames plus ou moins silencieux. Vu de ma fenêtre, l’ia chrétienne, en offrant au plus grand nombre un contact spirituel personnalisé, pourrait bien favoriser une sorte d’usurpation d’une fonction (le conseil pastoral) dont la qualification première est d’être appelé, formé par l’expérience, et oint : pour moi ça reste le bon cadre de définition d’un conseiller spirituel, qui exerce au nom de Jésus. Ce qui ne sera jamais le cas avec une redistribution mécanique d’informations bibliques, théologiques et de la régurgitation de conseils pastoraux, à partir de grilles pré-établies.
Mais reconnaissons que le défi spirituel et éthique est difficile et qu’il est probablement impossible d’y voir clair, comme face à toutes les révolutions modernes ; on se souvient de l’apparition de l’automobile : on était tellement emballés par les perspectives, que si un visionnaire avait prédit que la pollution de l’air induite entraînerait la mort prématurée de 8,1 millions de personnes par an dans le monde (chiffres 2021, dont 90% sont dues aux particules fines), on lui aurait expliqué que oui, bon, mais qu’on allait gagner beaucoup de temps, et que cette invention allait révolutionner notre manière de vivre. Et sauver des vies, ce qui était également vrai.
L’impact sur l’exercice du service : une objection religieuse
L’intelligence artificielle (avec ses potentialités) ressemble à une comète qui apparait soudainement dans le ciel du monde, et maintenant dans celui de l’Église. Et il n’est pas difficile d’imaginer qu’elle va entraîner la disparition d’une espèce déjà bien menacée, celle du pasteur « à l’ancienne » qui construisait ses messages à genoux (ça peut être une image), dans la prière (là par contre ce n’est pas une image), en se tenant devant Dieu et en creusant dans la Parole pour recevoir ce qu’avait préparé (caché) l’Esprit de révélation et de vérité. Un serviteur de Dieu soumis au temps de Dieu, acceptant que le Seigneur est un Dieu qui se cache (Essaie 45). Pas vraiment la tasse de thé de la génération Z.
Tandis qu’un pasteur alternatif va émerger, affranchi des lois de l’inertie, grâce à des prompts bien préparés (je ne parle pas que de HelloBible, mais de toute l’offre extraordinaire globale de l’ia). C’est presque de la magie (j’en ai parlé ici), et l’assistant conversationnel est comme le génie de la lampe d’Aladin : il suffit de demander. On peut raisonnablement appeler ça un prodige. C’est un peu comme avec Dieu, mais sans l’attente et sans le désert : « construis-moi un message d’édification chrétien, d’un volume de 2 pages, sur le thème des critères spirituels du disciples de Jésus, avec 2 ou 3 témoignages ». Et hop, c’est fait en 15 secondes.
Objection spirituelle
Venons-en à la proposition du néologisme « spirititiel », (association de l’artificiel et du spirituel), qui est pour le moins surprenante, venant d’un pasteur. Personnellement, j’aurais tendance à continuer de différencier — de maintenir une séparation — entre le spirituel et l’artificiel, question de formatage sans doute. Rappelons les bases : pour le commun des mortels, ce qui est artificiel relève de l’artifice ; lorsque par exemple la Bible parle de l’existence de « paroles artificieuses » (2 Pierre 2/3), elle évoque moins l’art nécessaire à leur réalisation que la fausseté de leur message. Pour vous rejoindre : je suppose que des serviteurs de Dieu feront un bon usage, mais ce sera l’arbre qui cachera la forêt. Rebaptiser l’intelligence artificielle en « spirititielle » ne me paraît donc pas une bonne idée, et je pense même que cette proposition est de nature à inquiéter encore davantage ceux que vous essayez de convaincre.
Conclusion
Il serait évidemment utopique d’imaginer contenir le phénomène de l’ia, y compris dans l’Église. Nous y allons, nous y sommes, et nous devrons composer avec. On peut y voir un progrès, ce qui est un fait partiel, et en même temps aussi une contribution à l’affaiblissement d’un état général fragilisé : le phénomène de destruction de la lecture en général, et de la lecture de la Bible en particulier, est avéré, c’est une donnée objective de la société actuelle. Sociologues et enseignants constatent un appauvrissement de la réflexion (inversion de l’effet Flynn), et donc de l’intelligence, à cause de l’irruption, du développement et de la conquête de l’image : cette réalité qui s’inscrit en filigrane de l’émergence de l’ia nous suggère que cette révolution pourrait contribuer autant à la régression qu’aux progrès de l’esprit : prendre l’habitude d’appuyer sur des boutons pour obtenir ce qu’il fallait du temps (et de la sueur) pour l’acquérir a quelque chose de pavlovien (ou Skinnerien) et nous éloigne encore davantage du jardin spirituel qu’il fallait cultiver et garder.
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JérômePrekel2024©www.lesarment.com
9 comments On La comète de l’intelligence artificielle
Définition Larousse du mot « artifice » :
1. Moyen habile visant à cacher la vérité, à tromper sur la réalité
2. Littéraire. Moyen ingénieux d’agir, de sortir de difficulté
Définition Larousse du mot « artificiel » :
1. Produit par le travail de l’homme et non par la nature
2. Qui résulte de la vie en société et n’est pas essentiel
3. Qui n’est pas conforme à la réalité
4. Qui est affecté, manque de naturel
A la vue de ces définitions, ce n’est pas l’honnêteté intellectuelle qui dirige les personnes cherchant à imposer l’IA dans le monde chrétien. Ce n’est pas l’Évangile qu’ils promeuvent, mais l’adoption de leurs nouveaux jouets par les masses.
Les choses de l’Esprit passent par la parole. Il suffit de regarder la liste des dons spirituels pour s’en rendre compte : parole de connaissance, de sagesse, prophétie, langues, interprétation des langues. Lorsque Paul nous dit d’être remplis de l’Esprit (Éph. 5:18-19), il nous invite à nous « entretenir » (en grec « laléo » qui signifie « émettre des sons ») par des cantiques, etc., donc à parler.
L’homme a été fait à l’image de Dieu, c’est-à-dire qu’il parle, contrairement aux animaux.
Depuis peu, l’homme a inventé une machine qui parle… donc qui peut imiter les choses de l’esprit. Les chrétiens qui veulent nous faire utiliser l’IA ne cessent de nous expliquer que ce n’est qu’une simple évolution technologique, comme il y en a toujours eu. C’est faux. Ce n’est pas une évolution, c’est une rupture.
Dieu nous a donné son Esprit Saint pour que nous connaissions les choses qui sont en lui : « Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce » (1 Cor. 2:11-12).
Désormais, ce n’est pas l’Esprit de Dieu qui va nous enseigner (1 Jean 2:27), mais une machine qui l’imite… car il ne s’agit pas d’un simple outil qui nous aide à trouver des versets, il s’agit d’une machine qui entend nous communiquer la pensée de Dieu (même si ce n’est pas présenté comme tel). Cette technologie entend remplacer le Saint-Esprit, ni plus ni moins. Ses promoteurs s’en défendent, mais leur argumentation se résume à un maigre : « Non, ce n’est pas notre intention… »
Lorsque M. Célérier parle d’une « technologie façonnée par l’homme mais animée par l’Esprit de Dieu », peut-il nous expliquer en quoi l’Esprit de Dieu intervient dans son application ? C’est le Saint-Esprit qui a programmé l’algorithme, c’est ça ? Il nous suffit de faire une petite prière avant d’utiliser l’appli, et on est sûr que les réponses viendront ensuite du Saint-Esprit ?
L’Écriture n’est pas la Parole de Dieu (le Diable lui-même l’utilise) : la Parole de Dieu, c’est le Saint-Esprit qui utilise l’Écriture pour la vivifier dans le cœur du croyant. Et cela d’autant mieux que Dieu sonde et connaît nos cœurs. C’est pourquoi le Saint-Esprit ne se borne pas à nous « encourager », mais parfois nous châtie et nous reprend (Apoc. 3:19). Il nous convainc de péché, de justice et de jugement (Jn 16:8), au point de nous plonger parfois dans une tristesse selon Dieu qui produit une repentance salutaire (2 Cor. 7:10). Dieu a une relation vivante avec l’homme, dont il connaît les motivations, les désirs cachés et chacune des moindres parcelles des ténèbres de son cœur. Et l’Éternel veut habiter dans les ténèbres (1 Rois 8:12) pour mieux y faire briller la lumière de Christ. Une IA ne sera jamais capable d’une telle chose.
Enfin, comme vous le dites, Jérôme, le conseil pastoral et, par extension, les partages fraternels autour de la Parole de Dieu vont directement faire les frais de cette technologie, puisqu’il n’y aura plus besoin de conseil, plus besoin de prière pour chercher une direction divine… Pour paraphraser l’Écriture dans Eccl. 10:19, je dirais : « On fait des concerts chrétiens pour se divertir, les plaisirs du monde rendent la vie joyeuse, et l’IA répond à tout. » Pauvre église 3.0…
Les partisans de l’IA « chrétienne » sont égarés, et ils vont égarer les autres.
Merci Bruno pour le partage de cette réflexion. Je suppose que dans la pensée des créateurs d’HelloBible (comme de toutes les autres initiatives semblables), il s’agit d’améliorer et d’élargir le contact du grand public avec les Écritures, en proposant une approche moderne, plus ludique et dépouillée du cadre religieux qui est souvent un repoussoir, pour nos contemporains. C’est une sorte de nouvelle forme d’évangélisation, en jetant des filets beaucoup plus étendus, en escomptant ramener des poissons et ainsi être les pécheurs d’hommes du 21è siècle.
Y aura-t-il du fruit ? On peut raisonnablement penser que des hommes seront touchés. Sommes-nous dans la vision de faire des disciples, comme développé dans cet autre article ? Non parce que l’intelligence artificielle ne peut pas faire des disciples, mais oui, parce qu’elle peut faire contacter des gens avec la vérité, et s’ils font une démarche personnelle profonde et authentique, ils peuvent être sauvés et recevoir pourquoi pas le Saint-Esprit. Ils peuvent aussi rejoindre des communautés. Donc dans une perspective d’évangélisation 2.0 ou 3.0, les assistants conversationnels peuvent jouer un rôle de poteaux indicateurs de la bonne direction, au même titre qu’un traité distribué dans la rue.
Tout ce que je viens d’écrire ne dissipe pas le malaise de confier un tel rôle à une entité qui se fait passer pour Dieu, et c’est là un point d’éthique spirituelle qui à mon avis a été sous-traité. Et certains de vos arguments (comme la vision partagée par Brice) renforcent le faisceau des objections.
Dans mon article, j’ai davantage mis l’accent sur la pertinence de l’outil pour les chrétiens, et particulièrement pour les serviteurs de Dieu. Je ne veux pas me répéter, mais c’est une problématique qui est vieille comme le monde : lorsqu’une partie du projet est bon, et que l’autre ne l’est pas, tout va résider dans l’évaluation du rapport risque/bénéfice. Mais nous sommes sur le terrain de l’Esprit, et lorsque nous sommes là, il faut savoir retirer les chaussures de nos pieds. À cet endroit, il n’y a normalement pas de place pour les calculs. Dieu ne joue pas aux dés. Ça me rappelle que dans les ascensions en haute montagne, il y a une chose qui est plus importante que la maîtrise des techniques, les capacités physiques, la force du mental, la résistance, c’est la capacité de renoncer, si les conditions de sécurité l’exigent, et même si on est proches du sommet. La plupart des accidents mortels se décident dans ce choix-là. Et tout ce que nous avons investi en terme d’efforts financiers, de préparation physique, des sacrifices consentis, d’engagement auprès des tiers (et de soi-même), vont nous empêcher de prendre la bonne décision.
Bonjour Bruno, entièrement d’accord avec vous.
« une technologie façonnée par l’homme mais animée par l’Esprit de Dieu. »
Est ce que ce pasteur a réfléchi sérieusement à ce qu’il dit ?
Est ce que Dieu envoie son Esprit sur « une technologie façonnée par l’homme » ?
Je crois que le seul passage dans la bible qui parle de cela est : Apo 13v14-15, ou les habitants de la terre font une image (celui dans lequel chacun est vu) de la bête, encouragé par la bête qui monte de la terre et elle même va animer cette image et le mot animer est pneuma, cet esprit on sait d’où il vient.
NB : Je précise que mon commentaire ne vise pas spécifiquement la personne de Mr Célérier auquel ne n’impute pas de mauvaises intentions.
Je précise également que je ne suis pas une personne faisant de la résistance au changement et que j’utilise quotidiennement l’IA dans un cadre professionnel, reconnaissant pleinement les prodiges de cette technologie. Mais je refuse d’y soumettre ma vie spirituelle.
Bonjour,
En parlant de voiture dans l’article, ça m’a fait penser à l’invention du char à roues qui a dû être très utile pour transporter des charges telles que l’arche de l’alliance (plus rapide, moins fatiguant, sur de plus grandes distances tellement la roue est une invention et une avancée technologique formidable) , sauf que là, malgré que l’homme puisse penser à un progrès, les Israëlites ont dû se rendre compte (et David surtout), lors de l’épisode de Uzza, qu’il y a des « progrès humains » dont il vaut mieux s’abstenir dans certains domaines (surtout ceux qui touchent aux choses de Dieu).
C’est aux Lévites de porter l’arche du témoignage sur leurs épaules personnelles, la technologie n’avait pas son mot à dire face à la façon dont Dieu voulait que ce soit fait ( même si à vue humaine ça semblait moins pratique).
Si on fait un tout petit rapprochement, on comprendra qu’on ne se moque pas de Dieu si on connaît la Bible en dehors de ce qu’une ia pourrait nous « enseigner » (est-ce qu’une ia va nous dire qu’elle ne devrait pas prendre la place des épaules des Lévites)?
Que ceux qui veulent transporter ainsi le témoignage arrêtent de faire ceux qui ne voient pas combien c’est aller contre la crainte de Dieu que de vouloir utiliser un « char à roues » aussi pratique que l’ia, pour transporter le témoignage dont l’arche devait reposer seulement sur les épaules des Lévites !
C’est étrange comment Eric Célérier parle de la technologie au service de la diffusion de l’évangile : Il la qualifie d’outil façonné par l’homme et animé par l’Esprit Saint, d’outil devenant puissant du moment qu’il est utilisé sous l’inspiration du Saint Esprit. Un outil est de la matière morte, et le Saint Esprit n’anime jamais de la matière morte pour l’utiliser de manière puissante. La technologie permet juste de transmettre la Parole de Dieu à un plus grand nombre de personnes et plus rapidement et jusqu’aux extrémités de la terre, et l’Esprit Saint vivifie cette Parole qui devient alors agissante dans le cœur de ceux qui l’écoutent.
L’IA peut être intéressante dans la mesure où l’on a rapidement, sans être obligé de chercher dans des livres, sur des sites chrétiens ou sur un moteur de recherche, des réponses à des questions sur la foi ou une vue plus exhaustive sur un thème donné. Par contre cette nouvelle mode de faire parler directement Jésus comme l’avait déjà mentionnée Bruno dans un post précédent est à proscrire par souci du respect de l’amour de la vérité et par crainte du Dieu Tout Puissant. Mais cette mode n’est pas si nouvelle puisqu’elle est courante dans les milieux charismatiques où ceux qui ont des paroles de connaissance venant soi-disant du Saint Esprit se permettent aussi de parler à la première personne du singulier comme si le Seigneur parlait directement par leur bouche ! Pour en revenir à l’IA, il est évident qu’une machine morte ne pourra jamais donner de conseil personnalisé à quelqu’un et de surcroit en le présentant comme venant de la part de Dieu ! L’IA peut seulement proposer un éventail plausible de conseils qui pourraient coller à la situation de la personne.
Ensuite, l’IA ne régurgite que ce que l’on lui a donné à mastiquer, certes en l’ayant découpé, dispatché, reclassifié, intégré, reconstitué mais si au départ on l’alimente avec tous les foisonnements de doctrines et d’expériences diverses débordant dans tous les sens, ce qui en ressortira devra être appréhendé avec prudence et passé au crible du discernement spirituel. En tout cas, le Seigneur veillera à ce qu’une personne en recherche de vérité par les nouvelles technologies d’internet et qu’Il attire à Lui rencontre dans le monde réel un vrai disciple.
Bonjour à tous,
Pour prolonger la remarque de Michael, je ferai remarquer que les versets d’Apo 13:14-15 nous disent justement que cette image de la bête se met à “parler”…
Mais je pense surtout que Brice tape dans le mille avec son analogie de l’arche sur le char de David. Vous dites, Jérôme, que les promoteurs des IA bibliques ne manqueront pas de nous vanter leur utilité pour accomplir l’œuvre de Dieu.
À n’en pas douter, on entendra très vite des témoignages de conversion grâce à l’IA. On a d’ailleurs plein d’avis d’utilisateurs “bénis” sur le site d’HelloBible. Le but est de dire aux détracteurs : “vous voyez, Dieu bénit, donc Dieu approuve” … et donc, in fine, s’opposer à l’IA serait s’opposer à Dieu.
Outre le fait qu’on a là une technique marketing appelée “preuve sociale” (ce qui devrait déjà nous interroger), la véritable question que le corps de Christ devrait se poser avant n’importe quelle initiative est celle-ci : est-ce le modèle que le Seigneur nous a donné ?
Car l’exemple de Brice y répond parfaitement : Dieu ne veut pas des moyens efficaces ou grandioses, qui impressionnent les sens. Il veut des hommes. Il veut des vases de terre (2 Cor 4:7). Il veut des faibles (2 Cor 11). Il veut les choses folles de ce monde (1 Cor 1:27-29) pour accomplir son œuvre. C’est le moyen qu’il choisit pour faire éclater sa gloire. Les outils de puissance de ce monde ne servent pas sa gloire.
Pour appuyer cette pensée, on peut également prendre de nombreux passages de l’AT où le peuple et les rois d’Israël ont fait l’erreur d’aller chercher appui sur des ressources étrangères et où cela s’est systématiquement mal terminé. Ou encore Abraham, qui a accompli la promesse de Dieu par les techniques du monde (via la servante Agar) ; mais l’enfant ainsi né, bien que béni terrestrement, n’a pas eu d’héritage dans le plan de Dieu.
Le théâtre et la musique existaient du temps des apôtres, mais le Saint-Esprit ne leur a jamais indiqué ces choses comme moyen d’évangélisation (cf. ce qu’on fait aujourd’hui avec les arts dans les milieux chrétiens).
Nous devons nous rappeler que Jésus ne faisait rien de lui-même, mais qu’il s’est toujours borné à ne faire que ce que le Père lui montrait (Jn 5:19). Il a traversé un lac juste pour une seule âme (le Gadarénien) ; ça n’avait rien d’efficace… mais c’était la volonté du Père !
Et si nous nous bornions à suivre le modèle ? Car après tout, il y a 200 ans, un seul John Wesley rempli de l’Esprit faisait bien plus pour son pays que toutes nos techniques modernes. Prions que le Seigneur envoie des ouvriers dans sa moisson et élevons une prière pour ceux qui soupirent et qui gémissent (Ez 9:4).
Bonjour Bruno
Vous avez tout dit.
La vérité c’est que nous ( moi le premier ) sommes dans une génération où les écrans supplantent la Parole. Quoi de mieux que de poser des questions à un algorithme ou une application plutôt que de courber le genou dans l’écoute et la lecture de la Parole telle qu’elle est. Nous trouvons tant de moyens pour améliorer notre relation avec Dieu nous aider dans nos études et peut-être que cela nous éloigne de la « simplicité » de la relation personnelle et intime avec Christ.
Bonjour à tous,
Bruno, c’est vrai que c’est cela le problème :
« On a d’ailleurs plein d’avis d’utilisateurs “bénis” sur le site d’HelloBible. Le but est de dire aux détracteurs : “vous voyez, Dieu bénit, donc Dieu approuve” … et donc, in fine, s’opposer à l’IA serait s’opposer à Dieu. »
On se base sur le côté « bénédiction par Dieu » via un moyen ponctuel et on en fait alors une partie intégrante de l’oeuvre de Dieu pour nous.
C’est comme le serpent d’airain de Moïse. Dieu avait utilisé le serpent d’airain pour effectivement sauver son peuple des morsures de serpents, lorsqu’ils se sont rebellés une fois dans le désert, mais ensuite, le peuple fera usage de ce serpent d’airain comme un objet de culte (et donc comme une idolâtrie puisque Dieu n’avait jamais dit que le serpent d’airain deviendrait alors un moyen par lequel il passerait dorénavant).
II R 18:4 [Ezéchias] fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles, et mit en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fait, car les enfants d’Israël avaient jusqu’alors brûlé des parfums devant lui : on l’appelait Nehuschtan.
Alors c’est sûr qu’on peut peut-être tiré des infos sur le lexique hébreu, sur le contexte historique et sociétal à l’époque de certains faits, etc… grâce à l’IA (puisqu’on y aura mis cela dans sa mémoire et l’IA aura certainement plus de stocks d’informations que nous individuellement), mais c’est effectivement le problème d’ « oindre maintenant l’IA » comme un moyen envoyé par Dieu pour supplanter ce qui vient directement du Saint-Esprit et seulement vers ceux qui plient le genoux pour venir à Dieu, qui est une offense et une idolâtrie manifeste .
Il ne reste plus qu’à donner à l’IA un corps de robot ou juste une forme visuelle informatique pour voir alors complètement se dessiner une idole à l’état pur et une idole qu’on fait passer pour Dieu ou pour Jésus, en plus, pas une idole qui a un autre nom : c’est encore le veau d’or que le peuple voulait pour ne pas avoir à venir à Dieu mais pour avoir son « Dieu » qui soit rapidement accessible à tous, par les moyens humains directement « à portée de main humaine »).
Or ce veau d’or a été fabriqué par Aaron, pour le peuple idolâtre, afin que le peuple ait un pseudo-accés à Dieu plus direct (car Aaron a dit qu’il s’agissait de Dieu).
Mais l’embêtant dans tout ça, c’est qu’Aaron a couru un grave danger à faire cela :
Dt 9:20-21 L’Eternel était aussi très irrité contre Aaron, qu’il voulait faire périr, et pour qui j’intercédai encore dans ce temps-là. Je pris le veau que vous aviez fait, ce produit de votre péché, je le brûlai au feu, je le broyai jusqu’à ce qu’il fût réduit en poudre, et je jetai cette poudre dans le torrent qui descend de la montagne.
On n’emmène pas le peuple à Dieu par des moyens issus de l’humain, même si c’est un Aaron qui produit ce moyen et qui essaie de le faire encore coller à une certaine idée de Dieu. Tant que les Aarons n’auront pas compris cela, ils égareront le peuple, même avec des « bonnes intentions » de départ mais charnelles. Et ils risqueront alors de soumettre le peuple à ce qui est arrivé à Uzza de par la faute de David qui ne respecta pas ce que Dieu avait donné comme son moyen pour porter l’arche du témoignage. (= que le peuple se mette alors à toucher les choses saintes parce qu’il s’en croit permis). = Quand la tête du peuple viole les directives de Dieu, alors le peuple croira aussi qu’on peut tout se permettre avec les choses de Dieu….