Agrippa répondit à Paul : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien » (Actes 26/28).
Devenir chrétien, ce n’est pas devenir religieux, ni adopter une nouvelle religion.
Lorsque, dans les pays non-chrétiens, les hommes se convertissent à Christ, on dira facilement qu’ils ont « accepté le christianisme » ; et dans les pays appelés chrétiens, on dit souvent de ceux qui ont fait l’expérience de la conversion, qu’ils « sont devenus religieux ». De telles expressions, avec l’idée qu’elles renferment, sont fondamentalement fausses et absolument inadéquates. Il n’y avait pas sur la terre en son temps d’homme plus religieux que Saul de Tarse. Relisons ce qu’il dit de lui-même dans les chapitres 22 et 26 du livre des Actes, comme au chapitre 3 de l’épître aux Philippiens. Nous trouvons là un homme brûlant de passion et de zèle religieux. Nous n’avons besoin d’aucun argument, puisque nous avons devant nous l’histoire, pour prouver combien la religion peut s’éloigner de son but ; et cela est vrai du « christianisme », lorsqu’il reste simplement une religion.
. Cette attitude peut être poussée très loin et accompagnée de beaucoup de bonnes oeuvres, mais ceux qui s’en contentent ne seront jamais de vrais chrétiens du Nouveau Testament. Le danger de vouloir prétendre à l’approbation de Dieu peut conduire à cette désillusion amère annoncée par notre Seigneur Lui-même dans ces paroles saisissantes :
« Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur … n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi » (Matthieu 7/22).
Non, la religion ne signifie pas christianisme. Aussi, lorsque nous désirons que les hommes deviennent chrétiens, ne leur demandons pas de changer de religion, ni de devenir religieux. La religion en elle-même n’a jamais rendu ce monde ni meilleur, ni plus heureux.
Devenir chrétien, ce n’est pas se rattacher à une institution appelée « l’église ».
Si seulement on comprenait que l’on ne peut pas se joindre de l’extérieur à l’église chrétienne. Nous ne faisons jamais rien, ni en paroles ni en actes, pour que nos membres fassent partie de notre corps. Il n’y a aucune distinction entre nos membres et notre corps ; nos membres sont une partie de notre corps ; ils le sont, non par le moyen d’un système, d’une organisation, d’une invitation, d’un examen, d’un interrogatoire, d’un catéchisme, etc., mais par la vie. Si cette relation vivante entre les membres n’existe pas, aucune organisation ne peut constituer l’église du Christ.
Répétons-le encore : lorsque nous engageons quelqu’un à devenir chrétien, nous ne l’invitons pas à se « rattacher à l’église ». Et il faut comprendre que le christianisme n’est pas une institution nouvelle, ni une société nouvelle. On peut aller dans beaucoup de lieux appelés « églises », sans jamais y rencontrer Christ, et sans y trouver sa satisfaction.
Devenir chrétien, ce n’est pas faire partie d’un nouveau mouvement.
Il est vrai que, en un sens, le christianisme est un mouvement ; c’est un mouvement divin. Mais beaucoup de personnes conçoivent le christianisme comme une vaste entreprise destinée à l’amélioration, ou même à l’évangélisation du monde. On fait souvent un appel, invitant les gens à venir s’associer à cette grande « oeuvre ». Il y a chez la plupart des hommes quelque chose qui répond à un appel comme celui-là, et qui les incite à s’engager dans un grand mouvement. Mais raisonner de cette manière, c’est aller au-devant de difficultés, pour se trouver tôt ou tard dans une position fausse. Moïse avait eu l’idée d’un « mouvement », lorsqu’il était en Égypte, mais il connût quarante ans d’inaction dans le désert. C’est de Dieu que doit venir le mouvement, et non de nous-mêmes. CE QUI DONNE AU MOUVEMENT SA PLUS GRANDE VALEUR, LORSQUE L’HEURE DE DIEU EST VENUE, C’EST LE FAIT QUE NOUS AVONS APPRIS A NE PAS MARCHER SANS LUI.
Nous ne vous invitons pas à vous rattacher à un mouvement. Nous ne nous adressons pas à la jeunesse pour lui dire : « Il y a ici quelque chose où vous pouvez employer toutes vos forces naturelles et votre jeune enthousiasme ! ». Nous dirons simplement : « Dieu a un dessein ; Il s’intéresse à vous pour l’accomplissement de Son plan. Vous aurez besoin, pour cela, d’une puissance infiniment plus grande que vos forces naturelles ou votre jeune enthousiasme ; mais vous ne pourrez jamais connaître ce dessein, ni entrer dans ce plan, avant qu’une oeuvre ne soit accomplie en vous, qui ait fait de vous une nouvelle créature. »
CE QU’EST UN CHRÉTIEN
Pour montrer ce qu’est réellement un chrétien, nous ne pouvons faire mieux que rappeler celui qui, non seulement fut lui-même un grand exemple, mais dont l’expérience a été celle de tout chrétien véritable après lui. Nous parlons de celui à qui un « roi » romain adressa les paroles qui sont en tête de cette méditation, c’est-à-dire de l’apôtre Paul. Bien que la forme de sa conversion ne soit ni habituelle, ni générale, les principes restent toujours les mêmes. Voici donc les trois premiers principes d’une vie chrétienne véritable.
La révélation intérieure que Jésus est, et non seulement était, une personne vivante.
Les toutes premières paroles que dit Paul, lorsqu’il fut arrêté par Christ sur le chemin de Damas furent : « Qui es-tu ? ». La réponse à cette question fut nette et saisissante : « Je suis Jésus ! ». C’était pour Paul une découverte saisissante, et il aurait bien pu s’écrier : « Comment ! Jésus est vivant ! », car Jésus avait été mis à mort et crucifié. Il ne restait plus qu’à effacer sa mémoire, son souvenir, et détruire ce qui Le représentait. C’était à cette oeuvre que Paul s’était consacré. Il nous est donc facile d’imaginer quel choc ce fut pour lui d’être mis, personnellement, en présence du fait que Jésus n’était pas mort, mais qu’Il était vivant, et dans la gloire. Non seulement il fut mis en présence du fait, mais de la personne elle-même. Tout ce que cela impliquait et signifiait a constitué dès lors l’enseignement chrétien de tous les siècles.
Mais pour ceux à qui sont adressées ces lignes, nous pouvons résumer cela très simplement : nous commençons notre vie chrétienne par une expérience de cette réalité vivante. Non pas un Jésus historique, mais un Jésus connu par une expérience personnelle. « Il est réellement vivant ! » – c’est ce que nous devons savoir par expérience, et c’est la question la plus sérieuse en ce qui concerne notre destinée éternelle. Il nous faut abandonner nos traditions, nos préjugés, nos doutes nos questions, nos problèmes intellectuels et nous agenouiller tranquillement pour Lui parler, à Lui bien qu’invisible, comme à une personne que nous voyons – Lui dire, dans la sincérité de notre coeur, ce que nous Lui dirions si nous Le voyions face à face.
Le premier pas à faire, c’est de Lui parler vraiment comme à une personne. C’est entrer dans une voie de découverte. Il nous est dit, dans le Nouveau Testament, que l’Esprit de Dieu est à l’oeuvre dans le monde pour amener les hommes à faire cette découverte, et à leur faire comprendre que Jésus vit pour sauver et pour être notre vie même. Tout découle de cette merveilleuse révélation que Jésus est vivant, accordée au coeur qui croit, et qui met honnêtement ce fait à l’épreuve.
La seconde étape, pour Paul comme pour toute vie chrétienne véritable, est résumée par une phrase : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » (Actes 9/6).
Cette attitude représente une nouvelle position et une nouvelle relation. Combien différentes de celles du vieux Saul ! Il avait eu jusqu’alors une vie et une activité dont la source était lui-même. Il faisait ce qu’il pensait, ce qu’il projetait, décidait, voulait, déterminait et désirait lui-même. L’autonomie avait caractérisé sa vie, bien qu’il ait pu dire qu’il agissait pour une bonne cause, pour Dieu même ! Quel exemple nous donne Paul, d’un homme profondément aveuglé ! Il ne voit pas que ses intentions les meilleures, et sa consécration à ce qu’il croit être les intérêts de Dieu, font le plus grand tort à Dieu même.
Il nous est montré ici, avec évidence, que l’élément essentiel dans une vie vraiment acceptable pour Dieu, c’est la souveraineté absolue de Jésus-Christ. Paul emploie pour la première fois, lors de sa conversion, ce mot « Seigneur », qui sort spontanément de son coeur dès qu’il réalise que Jésus est vivant. Et à partir de ce moment, Jésus est son Seigneur, son Maître. Nous savons, par toute sa vie, combien absolus ont été cet abandon et ce changement de gouvernement. Tout désormais sera vécu sur la base de : « Que veux-tu ? ».
C’est la marque d’une vraie vie chrétienne, lorsque, à la suite de la même révélation intérieure et du même abandon de nous-mêmes, nous disons à notre tour à Jésus « Seigneur », et que notre vie toute entière est gouvernée par Lui, et qu’Il en est le Maître.
Il y a une autre caractéristique de la vie chrétienne que nous soulignerons encore. Elle nous est indiquée par les paroles adressées à Paul par Ananias : « Le Seigneur Jésus … m’a envoyé, afin que tu … sois rempli du Saint-Esprit » (Actes 9/17)
L’aboutissement de cette oeuvre fondamentale par laquelle nous devenons chrétiens dans le vrai sens du mot, c’est que tout ce qui est vrai de Christ devient pour nous une réalité intérieure. Nous ne pouvons pas rencontrer toutes les puissances du mal qui s’opposeront à nous, nous ne vivrons jamais une vie triomphante, n’accomplirons jamais un service efficace, et ne pourrons jamais satisfaire réellement Dieu, par nos propres forces. Seul Christ peut vraiment satisfaire Dieu ; seul Christ peut accomplir la volonté de Dieu et l’oeuvre de Dieu. Seul Christ peut vaincre les forces spirituelles du malin. Oui, seul Christ peut réellement vivre la vie chrétienne. C’est pourquoi la réalité suprême et glorieuse d’un chrétien, c’est Christ Lui-même en NOUS ! Paul a exprimé plus tard cette vérité en ces termes : « Christ en nous, l’espérance de la gloire » (Colossiens 1/27).
Il n’y a jamais rien eu de semblable à cela avant que Christ fût mort, ressuscité et glorifié.
Ainsi, notre question « Qu’est-ce qu’un chrétien ? » trouve sa réponse en trois principes de base :
1) Réaliser que Jésus est vivant.
2) Le mettre sur le Trône comme Seigneur absolu de nos vies.
3) Le posséder, Lui, comme une présence et une puissance intérieure, par le Saint-Esprit.
T.Austin Sparks
Transcrit par Le Sarment d’une brochure épuisée éditée par J.C. Lienhard, avec autorisation
www.lesarment.com