Les augures des temps de la fin

Les augures étaient les interprètes des signes des dieux, dans l’Antiquité.

Il n’a échappé à personne que nous sommes entrés dans une crise mondiale, qui a commencé à se révéler en 2008. Les systèmes bancaires se sont lézardés (1) soudainement (pour le grand public), et se seraient effondrés si les gouvernements ne les avaient protégés et renfloués, comme chacun sait. Les rouages du mécanisme qui opère sont probablement les mêmes – mais à l’échelle mondiale – que ceux que l’Amérique a connus en 1929.
En toute logique, les effets sont différents car le traitement est également différent. Mais les répliques du séisme se feront sentir durablement, notamment parmi les plus pauvres et les plus démunis.

Mais ce n’est pas encore la fin, n’en déplaise à la plupart des pronostiqueurs chrétiens actuels. C’est de leur influence et de leur action dont je veux parler ici, et non de la crise, qui passera (2). Pour cela il est nécessaire de rappeler les différences entre les prophéties et les pronostics. Les prophéties annoncent les événements avant qu’ils se produisent, et leur caractère anticipateur porte la signature de Dieu. Les pronostics se contentent de surfer sur l’actualité des événements, se bornant à prolonger leurs effets au travers d’analyses à la forme prophétique – mais au contenu vide de toute substance réelle, simplement constitué de peurs et d’inquiétudes ambiantes.

Qui sont les pronostiqueurs (3)? Dans certaines versions, la Bible emploie le nom d’astrologues (Segond), mais ce mot est beaucoup trop connoté dans nos cultures : on préférera les choix de traductions telles que Darby, Martin, Chouraqui ou Ostervald : « pronostiqueurs ». Ces augures modernes prétendent tout simplement lire l’avenir. Et puisqu’ils devinent, on serait presque tentés de les appeler : devins (4). N’ayons pas peur d’appeler les choses par leur nom.

De tout temps, les rois et les puissants avaient dans leur entourage des gens qui passaient pour être capables de prévoir l’avenir – par un moyen ou par un autre – de lire et d’interpréter les événements contemporains pour permettre à leurs maîtres d’anticiper des stratégies adaptées. On voit dans le livre de Daniel que le roi Nebucadnetsar s’appuie sur ces gens pour les questions difficiles : « Alors vinrent les devins, les enchanteurs, les Chaldéens, et les augures; et je dis le songe devant eux, mais ils ne m’en firent pas connaître l’interprétation » (Daniel 4/7).

La différence entre une prophétie et une prédiction est très importante. La démangeaison de la prédiction est très répandue – surtout en temps de crise – et beaucoup de commentaires ne servent que de prétexte aux pronostiqueurs spirituels pour faire connaître ce qu’ils sentent.
Le discernement entre un augure et un prophète devient plus difficile, à une heure de l’Histoire où les ombres s’allongent et où la Lumière baisse. Mais si la distinction n’est pas maintenue nettement, c’est la conception même de la prophétie, son essence et la compréhension de l’esprit de prophétie qui en sera altérée, avec les conséquences qu’on imagine. Aujourd’hui, il semblerait qu’on ne s’autorise plus seulement de prise de parole sur la base d’une inspiration céleste… mais d’une inspiration tout court. Comme si les enseignements délivrés par les « prophètes » à l’esprit corrompu avaient fini par porter leurs fruits mélangés (5).

Les augures chrétiens deviennent fatiguants. En ce moment, il ne se passe pas un jour sans qu’apparaisse une de leurs prédictions « prophétiques », qui ne sont la plupart du temps que des airains qui résonnent, des cymbales qui retentissent. Les devins du peuple de Dieu « lisent dans les entrailles » (ou l’âme, c’est pareil) des dirigeants (ou dans leur propre âme), superposant les catastrophes, comptabilisant les risques, calculant et recalculant le nombre de la bête, consultant les numérologues chrétiens (oui, il y en a)… Ils construisent des théories apocalyptiques, se laissant même entraîner parfois -comble de l’orgueil et de l’aveuglement – à nous dater la fin du monde (6). On ne citera pas de nom.
Les pronostiqueurs imaginent être des sentinelles et pensent par leurs messages incliner le peuple de Dieu à davantage de préparation, mais ils se trompent. Car à force d’annoncer des choses que Dieu ne leur demande pas d’annoncer, ils pourraient bien contribuer à endormir la conscience du peuple et à banaliser les aspects saillants des véritables prophéties bibliques en relation avec la fin.
Le peuple de Dieu a-t-il besoin de prophètes pour lui dire que la fin est proche ? A cause du fait que les enfants de Dieu ont la Parole, il semblerait que les ministères prophétiques soient davantage pour le monde que pour l’Église (comme Jonas), pour lui annoncer que la fin de toutes choses s’approche.

Pourquoi écrire un article sur ce sujet ? Parce que la fin des temps est prévue pour être le théâtre d’événements forts, de bouleversements aux impacts internationaux, de signes célestes envoyés aux hommes, et que nous ne devons pas lire ces choses avec la chair, mais avec l’esprit. Non pas en basculant dans le catastrophisme, nourrissant à notre insu un courant de paranoïa, mais en saisissant l’occasion pour exprimer notre assurance éternelle, dans nos familles et dans nos entourages sociaux. Parce que les enfants de Dieu sont avertis des choses de la fin, et que leur attention n’est pas fixée sur les circonstances, mais sur la réalité spirituelle qu’elles expriment et qui annonce l’approche du règne de Christ.

Nous n’avons pas à prédire l’avenir (7), car c’est un exercice beaucoup plus dangereux qu’il n’y paraît. Comme expliqué précédemment, nous possédons déjà l’information principale : ce monde passe (8) et la fin de toutes choses s’est approchée (9). Les enfants de Dieu ont été créés pour l’amour, et pour la louange de la gloire de la grâce de Dieu (10). Et Christ est leur Époux céleste. Voilà la réalité dans laquelle ils sont invités à se projeter, et non pas à faire des provisions de bouche (excepté de l’huile (11)!) à enterrer dans leur cave en prévision d’une crise aggravée.
Aussi longtemps donc que dure encore ce temps, c’est à notre ré-union avec Lui que nous devons nous préparer. C’est le temps de l’exhortation à ne pas nous laisser envahir par les inquiétudes du monde, ou la curiosité des détails du plan de l’antichrist – ce qui pourrait bien être, pour beaucoup, une manière d’être distraits du But.

Les yeux des enfants de Dieu sont sur Christ (12), et non pas sur l’antichrist -son origine, sa nationalité, son nom ou sa religion. Ils sont sur les choses qui descendent du ciel et non sur les choses qui sont en train de passer. Ils ne sont pas sur le royaume du monde, mais sur le royaume de Dieu (13). Ils ne sont pas fascinés par les plans des ténèbres, mais les plans de la lumière : il faut rompre avec cette forme d’hypnose du serpent.

Aujourd’hui, à l’invitation de diverses influences qui s’exercent sur l’Église, à la fois du dehors et, hélas également du dedans, les chrétiens s’alimentent de plus en plus à des sources corrompues (politiques, économiques, alter-mondialistes, conspirationnistes, new age, etc,qui partagent toutes le même esprit antichrist) et ré-injectent ce poison dans l’Église.
Et cela contamine un grand nombre d’enfants de Dieu, qui, de ce fait, confondent encore davantage prophéties et prédictions, rumeurs et informations, déductions et inspirations.

En relation avec la Fin, l’apôtre Paul nous a annoncé les choses à l’avance : lorsque les hommes diront « Paix et sûreté », alors la destruction arrivera (15). Le Seigneur Jésus, quant à lui, nous explique qu’une insouciance similaire à celle des hommes du temps de Noé régnera à la Fin (16)… et que le Fils de l’homme viendra à l’heure où on le L’attend pas (17).

Même si nous pouvons penser que la venue de l’antichrist s’effectuera à la faveur d’une ou plusieurs crises, nous pouvons penser qu’il réside autant de danger dans une période de paix, que dans les moments d’incertitude et de perplexité.

CONCLUSION
Cet âge de confusions est le théâtre de ruses multiformes de l’ennemi de Dieu, qui n’agit plus aujourd’hui comme jadis, dans un ou deux grands courants de séductions : mais c’est une multitude de fausses pensées, de faux raisonnements, un foisonnements d’idées spirituelles mélangées qui sont semées, répercutées, partagées, transportées, transplantées, et qui circulent de plus en plus rapidement. Parce qu’il sait qu’il a peu de temps. Nos coeurs et nos pensées sont les terrains où germent ces semences, ainsi que le coeur des brebis les plus faibles, et également le coeur de nos enfants : ils seront néanmoins gardés par notre prudence à véhiculer des messages suspects, par notre réticence à donner la parole aux rumeurs, par notre répugnance à être les relais de la manipulation ennemie. Nous écrivons les pages de notre vie: ne faisons donc pas preuve de légèreté.

Les temps de crise sont des temps d’appel pour les perdus, de témoignage céleste de la vérité, de la consolation et de la réconciliation divine, car les coeurs des aveugles spirituels sont oppressés. Nous avons donc besoin, nous, les témoins de Christ, DE LA VIE DE DIEU, de la puissance de la force (18) qu’elle contient, et non de posséder les meilleures infos sur le jour et l’heure de la Fin. Car les gens du dehors n’en auront rien à faire. C’est à nous qu’il incombe d’incarner l’amour de Dieu, nous sommes les ambassadeurs de Son Salut.

La crise que nous sommes en train de traverser représente des circonstances analogues au jugement de la nuit qui est tombée sur l’Égypte : les ténèbres épaisses sont tombées sur le pays tout entier, et régnaient partout, mais il y avait la lumière dans les maisons du peuple de Dieu (19) .
Soyons de ce peuple-là, reins ceints (20), lampes allumées, prêts à nous lever pour tout quitter.

Le Sarment/Jérôme Prekel

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NOTES
(1) Hébreux 12/26 : «mais maintenant il a promis, disant: « Encore une fois je secouerai non seulement la terre, mais aussi le ciel ».
(2) 1 Thessaloniciens 5:3 : «Quand ils diront: « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point.».
(3) Deutéronome 18/10 et 14, Juges 9/37, Ésaïe 2:6, Jérémie 27/9, Michée 5:12, Daniel 2/27, 4/7, 5 /7, 5 /11
(4) Jérémie 29/8 « Car ainsi dit l’Eternel des armées, le Dieu d’Israël: Que vos prophètes qui sont au milieu de vous, et vos devins, ne vous séduisent point, et n’écoutez pas vos songes que vous vous plaisez à songer »
(5) … qui prétendent que, puisque nous pouvons tous aspirer à la prophétie (1Corinthiens 14/1 : « Poursuivez l’amour, et désirez avec ardeur les [dons] spirituels, mais surtout de prophétiser »). alors nous pouvons tous nous y exercer. C’est évidemment un dramatique raccourci. Beaucoup de croyants « se lancent » dans l’exercice prophétique, sur la base de sensations, de sentiments, d’intuitions, comme si le don de prophétie pouvait souffrir les altérations de tâtonnements charnels.
(6) Matthieu 24/36 : « Mais, quant à ce jour-là et à l’heure, personne n’en a connaissance, pas même les anges des cieux, si ce n’est mon Père seul ».
(7) Deutéronome 18/14 : « Car ces nations, que tu vas déposséder, écoutent les pronostiqueurs et les devins; mais pour toi, l’Eternel, ton Dieu, ne t’a pas permis d’agir ainsi ».
(8) 1 Corinthiens 7/31
(9) 1 Pierre 4/7 : « Mais la fin de toutes choses s’est approchée; soyez donc sobres et veillez pour prier »
(10) Éphésiens 1/5 : « nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé; »
(11) Matthieu 25, parabole des vierges sages et des vierges folles
(12) Hébreux 12/2 : « fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu ».
(13) Les lignes qui précèdent ne signifient pas que ces sujets soient sans intérêt, mais qu’ils sont employés comme des miroirs aux alouettes.
(14) 2 Thessaloniciens 2/11 : « Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge»
(15) 1 Thessaloniciens 5/3 : « Quand ils diront: « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point ».
(16) Luc 17/26 : « Et comme il arriva aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du fils de l’homme aussi: on mangeait, on buvait, on se mariait, on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche; et le déluge vint, et les fit tous périr ».
(17) Luc 12/40 : « Vous donc aussi soyez prêts; car, à l’heure que vous ne pensez pas, le fils de l’homme vient».
(18) 2 Timothée 3/1 : « Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux; les hommes … auront la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance. Or détourne-toi de telles gens».
(19) Exode 10/23 : « On ne se voyait pas l’un l’autre, et nul ne se leva du lieu où il était pendant trois jours; mais pour tous les fils d’Israël il y eut de la lumière dans leurs habitations. »
(20) Luc 12:35 : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées »

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