Prodiges mensongers, de Evan Roberts

E. Roberts et J. Penn-Lewis, extrait du livre épuisé « la Guerre aux saints ».
Il n’y aurait à priori aucun intérêt à publier dans des colonnes chrétiennes des paroles qui prônent le mensonge, ou, comme dans les lignes qui suivent ici, de pseudo-déclarations divines.
Nous dérogerons néanmoins à cette règle afin de mieux dénoncer certains mensonges qui ont cours aujourd’hui dans certains milieux chrétiens. Les lignes qui suivent démontrent assez bien jusqu’où les influences médiumniques exercent leur action, et combien le coeur religieux est séductible devant des faits surnaturels inexplicables, sans origine biblique, et combien l’homme est enclin à attribuer au Saint-Esprit toute activité surnaturelle, pourvu que cela soit dans un cadre religieux. C’est hélàs mal connaître qu’une des sphères d’activité de l’ennemi est justement le religieux et le surnaturel.
Faute d’admettre cette évidence, les chrétiens répugneront à exercer leur jugement dans ces circonstances, et seront abusés par celui «qui sait se déguiser en ange de lumière» (2 Cor. 11/14).

Voici l’extrait de déclarations attribuées au Seigneur Jésus Lui-Même et rapportées dans un livre publié en 1912 :
«Certaines manifestations de l’Esprit peuvent sembler fort étranges. Parfois l’Esprit imprime des torsions au corps dans un sens et dans l’autre, et cela peut vous paraître très obscur. Je veux que vous sachiez quelque chose de l’action de l’Esprit sous ce rapport. Je désire que vous voyiez que cette action n’est pas inutile …
L’Esprit élève vos mains, agit sur vos doigts de diverses manières. Il ouvre et ferme vos yeux d’une façon que vous ne connaissiez pas autrefois. Votre tête même est secouée par l’Esprit, et vous ne savez pas pourquoi il agit ainsi. Parfois vous avez pensé que c’était pour révéler sa présence, et c’est bien cela.
Certaines de ces choses vous sont particulières à vous-mêmes, et vous vous demandez pourquoi il en est ainsi. Ne trouvez pas étrange que l’Esprit agisse en vous de plusieurs manières. Son action n’est pas double, elle est multiple. Ceci rend plusieurs âmes perplexes. Elles voient l’esprit trembler; elles l’entendent chanter; elles le sentent rire et parfois elles sont mises à l’épreuve par des secousses et des torsions diverses qui, leur semble-t-il, va les mettre en pièces.
Parfois il semble que l’Esprit imite des animaux par des sons et des actions diverses. Et ceci est également un mystère pour les saints. Je l’ai dit: son oeuvre est multiple. Il cherche à démontrer à quelques-uns qu’ils ne sont qu’un, les uns avec les autres, dans la création…
Si, en faisant un bruit rappelant le cri de quelque animal sauvage, il veut vous montrer que vous êtes ainsi, vous ne devez pas mépriser son oeuvre, car le Saint-Esprit sait pourquoi il fait cela. Il produit ces sons dans les animaux, ne peut-il les produire en vous ?»

E. Roberts et J. Penn-Lewis sont les auteurs du livre «La guerre aux saints», dans lequel ils rapportent quelques excès constatés lors du réveil de Pentecôte, au début du siècle. Il ne fait pas de doute pour ces observateurs attentifs que le terrain le plus favorable à l’ennemi pour développer ses séductions est l’état médiumique, c’est-à-dire un abandon par l’individu du contrôle de son intelligence et de sa volonté, une démission de son jugement, un abandon subtil – et volontaire – de son libre-arbitre.
Une action démoniaque se prépare toujours par l’établissement de la passivité. Si nous devions entendre, dans des réunions de prière ou d’édification, des encouragements à démissionner de notre pouvoir de décision, de notre devoir de discernement, il faudrait alors nous défier de ces exhortations, car elles creusent le lit de la contrefaçon du divin. Nous pouvons certes avoir le désir louable d’être conduits par Dieu, guidés par Son Esprit, voire de sentir notre âme (si encline à pécher) contrôlée par la sainteté divine … mais ces choses ne s’acquièrent pas dans des réunions d’exaltation en levant simplement nos mains, et en psalmodiant le même cantique ou la même phrase plusieurs dizaines de fois de suite, mais plutôt en acceptant de vivre chaque jour les enseignements (peu exaltants) de la croix.
Le chrétien d’aujourd’hui cherche le raccourci de l’onction qui permettra d’éviter ce modèle si triste de vie chrétienne démodée : sentir sa misère et reconnaître son état de péché.

Durant des siècles, les philosophies et le matérialisme ont raidi l’esprit de l’homme et ont endurci son coeur, c’est pourquoi il a besoin de lutter contre son incrédulité et doit apprendre à s’abandonner avec confiance entre les mains de Dieu; mais en tout état de cause, nous ne lisons jamais dans les Ecritures d’encouragements à faire le vide dans son esprit, et d’accepter de faire n’importe quoi, comme cela est parfois demandé dans certaines réunions chrétiennes d’aujourd’hui. De dangereuses dérives s’opèrent sous nos yeux, et nous entendons parfois des prédicateurs bien intentionnés demander à leurs auditoires de «se laisser aller», de laisser «l’Esprit agir à son gré» en eux, et de «ne pas résister» – surtout pas – même aux choses les plus folles, car la visitation de l’Esprit et la délivrance se mesureront soi-disant au degré de soumission et de «confiance» des canaux que nous sommes.
Mais où donc est notre modèle scripturaire ? Si notre Bible ne suffit plus pour expliquer les expériences spirituelles, que nous reste-t-il pour être gardés ? L’Homme et ses expériences ? Que Dieu nous en préserve.

Aujourd’hui plus encore que par le passé, l’espérance du surnaturel est très vive; les hommes ont malheureusement oublié que les manifestations spirituelles sont le fruit de vies consacrées, dans les Ecritures.
La fin des temps a engendré des chrétiens pressés d’arriver, lents à écouter mais rapides pour parler. L’impatience (qui caractérise même certains serviteurs de Dieu) n’est pas un bon signe pour la préparation de la génération qui vient. Cette impatience, source de tant de déboires pour les hébreux, explique que certaines séductions «surnaturelles» fonctionnent si bien au milieu du peuple de Dieu.

Soyons réalistes : Satan ne trompera personne avec du faux; il regarde l’attente des hommes, voit qu’ils sont rétifs au chemin de la croix, assoiffés de sensations divines, et il déguise son action afin qu’elle soit interprétée comme venant de la lumière. Il s’agit donc de quelque chose de difficile à discerner, où le vrai et le faux sont étroitement mêlés. Peut-être même que la plupart n’y verront que du vrai – si les Ecritures ne sont pas sondées avec soin dans la prière et l’humilité, et une grande rigueur d’esprit.

Jérôme Prekel/©le Sarment

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