Arracher, abattre, ruiner, détruire, pour bâtir et planter

“Regarde, je t’établis aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu abattes, pour que tu ruines et que tu détruises, pour que tu bâtisses et que tu plantes” (Jérémie 1/10).

C’est par ces paroles que la trajectoire du ministère de Jérémie fut dessinée. L’action prophétique de ce ministère s’inscrirait donc majoritairement dans une démarche premièrement négative, répréhensive, répressive (arracher, abattre, ruiner, détruire) et contiendrait également une dimension consolatrice et de promesse de reconstruction (bâtir, planter). Cette tâche était balisée de deux recommandations : au verset 8 “Ne les crains point” et au verset 12 “Je veille sur ma parole, pour l’exécuter”.

 

L’ensemble de l’action prophétique de Jérémie était constitué du partage d’une vision négative et positive, et cette proportion est à considérer attentivement. Elle nous inspire dans la construction de notre discernement : en effet, lorsque nous rencontrons des messages systématiquement positifs (chez certains) ou systématiquement négatifs (chez d’autres) nous sommes fondés à nous interroger. Ceux qui font profession de n’annoncer QUE des choses négatives et une vision répressive, sans qu’on trouve jamais dans leur message de trace de l’amour de Dieu, de sa compassion et de ses promesses, démontrent qu’ils sont au mieux dans l’erreur, au pire dans la faute. Il peut arriver, hélas, que des hommes de Dieu qui ont accumulé un grand ressentiment contre le monde ou contre les hommes (voire contre les femmes),  projettent leurs contentieux dans le ministère, ce qui pollue leur message. Ils pensent être du côté de Dieu lorsqu’ils sont contre les hommes : c’est le syndrome du prophète persécuté. Et plus on les critique, et plus ils se sentent justifiés par l’adversité. Ce qui conduit inévitablement à une grave erreur.

À l’inverse, tout ce qui relève de la prophétie et qui ne contient, d’une manière systématique, que des paroles positives, encourageantes, constructives, prometteuses, rassurantes, est à ranger également dans la catégorie des fausses prophéties, et des faux prophètes. Car le faux prophète cherche à se faire l’ami du peuple, tandis que Jérémie savait dès le premier instant qu’il serait leur ennemi, en leur disant la vérité, c’est-à-dire en transmettant le cœur de Dieu. Les faux prophètes ne dénoncent jamais le péché du peuple, jamais.

Ils trouvent toujours matière à prophétiser dans des domaines spirituels consensuels, mais ne touchent jamais au cœur de la question. C’est parce que le faux prophète appartient au système et que ce système est inféodé au monde, et à l’Homme, donc hors du contrôle de l’Esprit de Christ. Le monde et l’Homme appartiennent en effet à un royaume qui n’est pas celui de Christ. C’est pourquoi l’Esprit de Christ n’aura de cesse de faire sortir des élus en les appelant (en grand nombre) en dehors (c’est le sens du mot ekklesia) pour constituer un corps qui LUI appartienne, sur lequel Il puisse exercer son autorité, et en disposer selon sa volonté : ce sont les élus (qui seront un petit nombre[1]).

Dans toute sphère qui n’appartient pas à Dieu, sur laquelle Christ n’est pas Seigneur, c’est un autre qui y est seigneur (« ces royaumes sont à moi », dit-il à Jésus, sans être contredit par ce dernier[2]). Partout où domine l’argent, le pouvoir, l’égo, l’Homme, nous sommes encore dans le royaume du prince de la puissance de l’air.

 

®Le Sarment/Jérôme Prékel

www.lesarment.com

 

 



[1] Matthieu 22/14 : “Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus”. 

[2] Luc 4/6 : “et [le diable] lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux”. 

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